mercredi 16 février 2011

Le déclenchement

Source : Accoucher autrement

Accoucher autrement 
LE DECLENCHEMENT
 
 
Aujourd'hui en France, un accouchement sur cinq est déclenché, c'est-à-dire qu'il est provoqué artificiellement avant qu'il ne commence spontanément. Le déclenchement peut avoir lieu avant terme pour raisons médicales ou de convenance. Il peut aussi avoir lieu quand le terme est dépassé (car on craint alors des complications pour le foetus).
 
Un déclenchement ne peut théoriquement se faire que sur un col mûr, c'est à dire mou, légèrement effacé ou même ouvert (score de Bishop supérieur à 6). Plus la tête du bébé est déjà engagée, plus on a de chances que l'accouchement se passe bien. Si les conditions sont réunies, on pratique alors un injection d'ocytocine de synthèse : l'ocytocine c'est l'hormone naturellement sécrétée au cours de l'accouchement, celle qui provoque notamment les contractions. A cette méthode peut s'associer également un décollement des membranes (assez douloureux pour la femme enceinte : le praticien introduit son doigt dans l'utérus et effectue un mouvement de rotation pour décoller la poche des eaux de l'utérus ce qui provoque des contractions. NB: certains praticiens pratiquent ce geste sans même en informer les patientes !!!) et la rupture de la poche des eaux pour accélérer le travail.
 
Si le col  n'est pas mûr, il  est possible d'utiliser des prostaglandines (en gel) pour le faire mûrir avant utilisation de l'ocytocine.
 
Une fois le déclenchement entamé, il est difficile de revenir en arrière en cas de problème : tout devra donc être mis en oeuvre pour faire sortir le bébé.
 
L'OMS estime que moins de 10% des accouchements devraient être déclenchés. Or en France, on observe un recours croissant au déclenchement : 8.5% en 1972, 10.4% en 1981, 15.5% en 1991, 20.5% en 1995 et 20.3% en 1998. Il s'agit évidemment d'une moyenne certains établissements suivant les recommandations de l'OMS, d'autres pratiquant jusqu'à 60% de déclenchements - la plupart étant des déclenchements de convenance. Le Sud  de la France et Paris sont les régions où le nombre de déclenchements est le plus important. A Paris, le taux de déclenchements de convenance atteint 29%.
 
Les déclenchements de convenance ne peuvent être pratiqués qu'après 39 SA avec le consentement libre et éclairé de la patiente (ce qui suppose d'informer la patiente de façon, claire, appropriée et loyale des risques et bénéfices éventuels du déclenchement). On peut distinguer entre déclenchements de convenance pour l'hôpital (meilleure répartition du nombre de parturientes au sein de la journée,  d'où une gestion facilité des ressources humaines, pas d'heures de nuits à payer, meilleur taux d'occupation des chambres etc) et déclenchements de convenance pour la parturiente (pour que le papa soit présent, pour que cela tombe pendant que l'aîné est "gardé", avant le 31 décembre pour bénéficier d'une baisse d'impôts sur l'année en cours etc).
 
Quelques chiffres donnés par Blandine Poitel :
- une primipare sur trois est déclenchée
- une secondipare sur deux est déclenchée
- 2 femmes sur 3 sont hostiles au déclenchement en début de grossesse, 2 femmes sur 3 y deviennent favorables au bout du 7è mois, 95% des femmes y sont favorables à l'approche du terme ...
 
Si le déclenchement pour raisons médicales est parfaitement justifié, le déclenchement de convenance augmente inutilement certains risques.
 
Les contractions étant plus intenses que lors d'un accouchement non déclenché, le recours à la péridurale est quasi systématique. Il faut également surveiller fréquemment le bébé par un monitoring (continu ou intermittent). Le travail peut être plus long que s'il avait débuté naturellement et l'ocytocine risque de provoquer une hypertonie utérine elle-même à la source de complications potentielles pour le foetus.  Un déclenchement augmente le recours au forceps, les révisions utérines, les hémorragies de la délivrance,  le nombre d'admissions en service de soins intensifs. On estime qu'un déclenchement fait sur un col mûr augmente de 50% le risque de césarienne pour une primipare.
 
En ce qui concerne le bébé, le déclenchement augmente les souffrances foetales,  les détresses respiratoires foetales après extraction, les ictères néonataux (jaunisse - et donc les traitements par photothérapie du nouveau-né).

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