Quelques trucs en vrac :
- Les coups sont ressentis souvent à l'opposé du dos (si coups à droite, dos à gauche, si coups en haut, dos en bas...)
- Les pieds et les mains font des petites bosses très mobiles, en fin de grossesse on peut même les voir
- La tête est ronde et très dure, quand on appuie dessus en général elle s'enfonce un peu et revient au même endroit
- Le dos est du côté où c'est plein (l'autre est en général plus mou, on arrive à s'enfoncer plus facilement).
- On le sent mieux avec les deux mains...
- Et une fois qu'on pense avoir trouvé son dos on peut demander au papa de coller son oreille, si il a de la chance il peut entendre le coeur !!!
mardi 31 mai 2011
lundi 30 mai 2011
Partage de lait informel
Source : meuh meuh émois
Partage de lait maternel de mère à mère: alors, le problème, où est-il vraiment ?
James Akré, qui a publié aux Éditions du Hêtre Le Problème avec l’allaitement, nous propose ici sa réaction au développement aussi rapide qu’incontrôlable du réseau mondial de partage de lait maternel de mère à mère via l’Internet. Nous sommes heureux de nous faire le relais de cette réflexion.
En mai l’année dernière, j’ai eu le privilège de prononcer la présentation inaugurale de GOLD10, intitulée : Quel est le problème avec l’allaitement ? Je l’ai conclue par dix propositions d’action immédiate, par exemple la nécessité de cesser de faire référence à l’allaitement comme à la « meilleure alimentation » pour le définir plutôt comme « l’alimentation normale », ou encore de cesser de parler des « bénéfices de l’allaitement » pour se focaliser à la place sur les « risques du non-allaitement ».
Mon avant-dernière proposition était double : évaluer « la quantité et la valeur du lait maternel produit et consommé à travers le monde » et faire en sorte que « les lactariums deviennent partout une composante de routine des infrastructures de santé ».
Le modèle que j’avais à l’esprit était celui de la banque du sang classique. Depuis un peu plus d’un siècle que les banques du sang existent, elles sont devenues aussi ordinaires qu’indispensables.
Je ne sais pas comment vous voyez les choses mais, d’un point de vue tant pratique qu’historique, le phénomène qui a commencé à apparaître il y a six mois seulement – le partage de lait maternel de mère à mère, via l’Internet, sans visée commerciale – me frappe par sa similitude avec la chute du Mur de Berlin en 1989 ou le Printemps arabe de 2011.
Si vous trouvez que je donne dans le mélodrame, considérez les conséquences totalement imprévues de l’acte isolé d’une mère qui, en octobre 2010, a cherché en ligne du lait maternel pour son enfant. Et voyez où nous en sommes, six mois plus tard : face à un vaste système de partage du lait en constante extension, déjà présent dans 50 pays à travers le monde.
En dépit de sa popularité – ou plutôt en raison de sa popularité –, cette variante contemporaine d’une pratique aussi vieille que notre espèce est devenue l’objet de critiques sévères et d’avertissements affligeants de la part des autorités de santé publique, notamment de Santé Canada, de la Food and Drug Administration (FDA) américaine et de l’Afssaps française. Que se passe-t-il ici ? Voici comment je décrirais l’état de la situation.
D’un côté, les rapports des médias suggèrent une convergence de femmes bien informées et extrêmement motivées qui étendent leur contrôle sur la disponibilité et l’utilisation du lait maternel. Les personnes en charge de bébés qui ont besoin de lait maternel se mettent en relation avec des mères qui sont en mesure de faire des dons par l’intermédiaire de deux réseaux organisés sur Facebook : Eats On Feets (« Bouffe sur pattes ») et Human Milk 4 Human Babies (HM4HB : « Du lait humain pour les bébés humains »).
Ces réseaux proposent une plateforme qui permet aux femmes de partager leur lait de façon éthique et sûre. L’ensemble repose sur la conviction qu’elles sont capables de choix éclairés et libres de toute coercition, qu’elles prennent en compte l’information sur les risques et les bénéfices et réduisent l’exposition aux pathogènes, y compris par la pasteurisation. Le principe fondamental qui gouverne le système est que chaque personne impliquée prend l’entière responsabilité de ses actes individuels et de leurs conséquences.
D’un autre côté, la position formelle brandie par certaines autorités de santé publique et professionnels de santé tient en deux mots : « Refusez net ! » Pourquoi ce point de vue dogmatique ?
Eh bien, pour commencer, c’est la manière la plus simple de réduire à zéro les risques sanitaires inhérents au partage de lait maternel. Mais cette approche omet de prendre en compte les risques inhérents pour un enfant au fait de ne pas recevoir de lait maternel, risques qui semblent avoir été totalement perdus de vue dans l’affaire. C’est en fait une question de risque relatif, et de façon de le gérer et de minimiser les dégâts potentiels.
Malgré la masse de preuves scientifiques et épidémiologiques de sa valeur, dans de bien trop nombreux environnements, on continue de sous-estimer gravement le lait maternel et l’allaitement maternel, de même qu’on exagère grandement les mérites nutritionnels et la sûreté supposée du lait industriel. Dans ces circonstances, ce dernier est perçu comme la solution de rechange « évidente » au lait maternel. Mais quand on observe l’expansion rapide, culturellement et géographiquement diverse du partage de lait maternel, on voit clairement qu’un nombre croissant de mères contestent radicalement ce statu quo non physiologique.
Faisant la preuve de leur conscience aiguë de la façon dont leurs bébés devraient être nourris, ces mères expriment aussi avec éloquence les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé sur l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants, avec sa hiérarchie nutritionnelle explicite, en place depuis 1986 : le lait au sein la mère, le lait exprimé de sa propre mère, le lait d’une autre mère en bonne santé, le lait maternel venu d’un lactarium et, pour finir, le lait industriel. Ceci n’est que l’une des raisons pour lesquelles je définis toujours le lait industriel non comme la meilleure, mais comme la moins mauvaise des solutions de rechange au lait de la mère.
Il n’est guère surprenant que certains dans l’establishment sanitaire et médical considèrent ce modèle de réseau de partage du lait par Internet interposé comme un défi, voire une menace. Il contient en effet les ingrédients nécessaires pour cela : c’est un système qui fonctionne en dehors de son influence, qui ne peut être régulé, et où les mères seules exercent le contrôle. Mais plutôt que de résister et de le rejeter d’entrée, l’approche constructive consisterait à s’impliquer pour le rendre le plus sûr possible.
Avant de conclure, j’aimerais revenir brièvement à ce que j’ai dit durant la conférence GOLD10 et un peu plus haut, sur la question de faire en sorte que « les lactariums deviennent partout une composante de routine des infrastructures de santé ». À la lumière du modèle de partage de lait maternel de mère à mère décrit plus haut, je veux vous assurer que je ne suis pas moins enthousiaste à ce sujet que je l’étais il y a un an. Je pense en fait que la raison de cette nécessité n’en apparaît que plus clairement à mes yeux aujourd’hui.
Il faut être au mieux naïf et mal informé, et au pire intellectuellement malhonnête et coupable, pour décourager le partage de lait de mère à mère tout en enjoignant aux mères de s’en tenir aux lactariums officiels, qui suivent un protocole complexe conçu pour protéger les bébés. La réalité contredit cette injonction dédaigneuse. Selon les rapports, dans les bons jours, les lactariums parviennent à grand peine à satisfaire la moitié de la demande effective. Ainsi, ils réservent judicieusement le lait disponible aux bébés les plus vulnérables, en particulier les très malades et les prématurés. Mais à 3 à 5 US$ l’once (environ 30 ml), même si davantage de lait était disponible, peu de parents pourraient s’offrir un tel luxe.
Certains observateurs semblent craindre que le réseau de partage de lait de mère à mère menace les rares lactariums existants, déjà sous-approvisionnés. Je ne suis pas en mesure de le prouver, mais j’incline à penser que le partage direct de lait maternel de mère à mère pourrait bien donner un coup de fouet aux lactariums en développant la conscience de l’importance et de la disponibilité du lait de femmes, persuadant davantage de mères de donner, et accroissant par là même ale nombre de lactariums et la quantité de lait disponible.
Ainsi, le partage du lait maternel de mère à mère est à mes yeux complémentaire des lactariums, qu’il ne concurrence pas. Soyons résolus à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte que cela soit toujours le cas.
James Akré, Genève, mai 2011.
Traduit de l’anglais par Violaine Bideaux-Petit.
dimanche 29 mai 2011
Eviter les crevasses
Bien que ça ne soit pas toujours facile, quelques astuces à essayer en premier lieu :
-Vérifier la position du bébé et le fait que tout le mamelon soit à l'intérieur de la bouche. Au besoin, faire vérifier la position par une personne compétente en allaitement (attention, je rappelle que la plupart des sage-femmes et des médecins, hormis ceux qui ont fait une formation spécifique, ne sont pas compétents en allaitement).
-Badigeonner après chaque tétée le mamelon d'un peu de lait maternel qui a des vertus cicatrisantes
-Si on cherche une crème, savoir que les plus efficaces sont à base de lanoline ; et que la lanoline pure peut être préparée en pharmacie pour un coût très modique
-Dans la mesure du possible, en cas de crevasses, laisser le mamelon cicatriser à l'air libre.
Si vous avez d'autres conseils ou des remarques sur les conseils précités, n'hésitez pas à commenter...
-Vérifier la position du bébé et le fait que tout le mamelon soit à l'intérieur de la bouche. Au besoin, faire vérifier la position par une personne compétente en allaitement (attention, je rappelle que la plupart des sage-femmes et des médecins, hormis ceux qui ont fait une formation spécifique, ne sont pas compétents en allaitement).
-Badigeonner après chaque tétée le mamelon d'un peu de lait maternel qui a des vertus cicatrisantes
-Si on cherche une crème, savoir que les plus efficaces sont à base de lanoline ; et que la lanoline pure peut être préparée en pharmacie pour un coût très modique
-Dans la mesure du possible, en cas de crevasses, laisser le mamelon cicatriser à l'air libre.
Si vous avez d'autres conseils ou des remarques sur les conseils précités, n'hésitez pas à commenter...
mercredi 18 mai 2011
Les mères qui allaitent perçues comme moins compétentes !
Source : la grande tétée
Et voilà une idée reçue, une perception négative des mères qui allaitent dans le monde professionnel.
- moins compétentes,
- moins disponibles,
- moins aptes à travailler.
Cette étude américaine démontre ainsi les préjugés discriminatoires que rencontrent les femmes américaines ce qui expliqueraient notamment le faible taux d’allaitement maternel outre atlantique. Il serait intéressant de mener une pareille étude aussi en France…
A noter que les femmes qui utilisent leurs seins comme instrument de séduction sexuelle sont tout aussi dévalorisées.
L’équipe de recherche conclue ainsi que la pression sociale ressentie par les femmes peuvent être inhérente à une mauvaise perception de « l’image de soi », et préconise un meilleur accompagnement des femmes enceintes par les professionnels de santé lorsqu’elles choisissent d’allaiter afin de les informer et de les soutenir face à ces préjugés. de plus, elle termine en soulignant que ce préjugé s’estompera avec le temps lorsque le nombre de mères qui allaitent augmentera.
Source : Breastfeeding Women Viewed as Less Competent by Tom Jacobs – Miller McCune
Et voilà une idée reçue, une perception négative des mères qui allaitent dans le monde professionnel.
Trois études ont été publiées dans la revue Personality and Social Psychology Bulletin“Spoiled Milk: An Experimental Examination of Bias Against Mothers Who Breastfeed”
dirigée par note l’équipe de recherche dirigée par l’État du Montana psychologue de l’Université Jessi L. Smith
Trois études ont été publiées dans la revue Personality and Social Psychology Bulletin“Spoiled Milk: An Experimental Examination of Bias Against Mothers Who Breastfeed” (équipe de recherche dirigée par le psychologue Jessi L. Smith de l’Université de l’État du Montana ). Elles démontrent que les femmes qui allaitent souffriraient d’une image négative dans le milieu professionnel (homme , femme confondus) :- moins compétentes,
- moins disponibles,
- moins aptes à travailler.
Cette étude américaine démontre ainsi les préjugés discriminatoires que rencontrent les femmes américaines ce qui expliqueraient notamment le faible taux d’allaitement maternel outre atlantique. Il serait intéressant de mener une pareille étude aussi en France…
A noter que les femmes qui utilisent leurs seins comme instrument de séduction sexuelle sont tout aussi dévalorisées.
L’équipe de recherche conclue ainsi que la pression sociale ressentie par les femmes peuvent être inhérente à une mauvaise perception de « l’image de soi », et préconise un meilleur accompagnement des femmes enceintes par les professionnels de santé lorsqu’elles choisissent d’allaiter afin de les informer et de les soutenir face à ces préjugés. de plus, elle termine en soulignant que ce préjugé s’estompera avec le temps lorsque le nombre de mères qui allaitent augmentera.
Source : Breastfeeding Women Viewed as Less Competent by Tom Jacobs – Miller McCune
lundi 9 mai 2011
Médecine, sexe et pouvoir
Source : le blog de Borée
J’ai eu une externe de 4ème année en stage. Charmante et intelligente. Un vrai plaisir comme bien souvent.
Je me souviens d’une consultation avec une jeune femme. C’était en fin de journée, il faisait beau, on avait le temps et tout le monde était de bonne humeur.
On parle gynécologie. La patiente me dit l’exigence de son gynéco de lui faire des frottis tous les ans et qu’elle n’aime pas bien ça.
Je me tourne vers l’externe, je lui demande ce qu’elle en pense. La conversation s’engage à trois.
Cette externe, qui sera bientôt médecin, déjà une soignante et qui, j’en suis sûr, sera une soignante attentive, nous explique que c’est son gynécologue qui lui prescrit sa contraception et qu’elle le voit donc tous les ans. Qu’il exige qu’elle ait, chaque année, un examen au speculum avec un frottis. Que, sinon, il refuse de lui renouveler sa pilule. Qu’il lui demande toujours de se déshabiller intégralement et qu’il lui fait une palpation des seins.
Et je découvre, stupéfait, que tout ceci lui paraît absolument naturel. Une obligation désagréable certes, mais une obligation évidente qu’il n’y a même pas à questionner.
Les échanges lors de cette consultation et par la suite ont été, je crois, une vraie révélation mutuelle et cette stagiaire, qui n’imaginait pas qu’une consultation gynécologique puisse se dérouler différemment, a fait un vrai travail de recherche sur la manière dont ça pouvait se passer, ailleurs, et sur le ressenti des femmes.
Et je lui ai validé son stage. (Oui, bon… j’ai toujours validé les stages… disons que je l’ai validé avec enthousiasme.)
Je passerai rapidement sur l’inutilité de pratiquer un examen gynécologique chez une jeune femme de moins de 25 ans qui ne se plaint de rien. C’est même assez inacceptable avant 20 ans, à un âge où l’on est encore dans la découverte de son corps et de la sexualité.
Si on veut installer l’idée que le sexe, plutôt qu’une source de plaisir amoureux, est un danger permanent qu’il convient de médicaliser et, ainsi, de « génitaliser », c’est même un très bon moyen.
Je ne m’attarderai pas davantage sur le pur scandale que représente ce chantage à exiger que le patient se plie aux contraintes qu’on entend lui imposer sous peine de se voir refuser toute prise en charge.
Rappeler à une femme de 30 ans que le frottis c’est important, c’est notre boulot. Refuser de lui prescrire sa contraception si elle n’accepte pas de s’y prêter, c’est lui placer un revolver sur la tempe. C’est une relation de pouvoir et non pas une relation de soin.
Ce que j’ai trouvé vraiment édifiant dans ce dialogue, c’est combien certaines de nos maltraitances pouvaient être perpétuées non pas parce que les soignants français seraient fondamentalement malveillants (il y a bien quelques connards sadiques dans le lot mais je suis sûr qu’ils sont minoritaires), mais parce que, tout simplement, ils n’interrogent pas leurs pratiques.
Même pétris d’une réelle volonté de bien faire, des soignants peuvent pourtant être maltraitants au nom du simple « on a toujours fait comme ça ».
Il est donc temps, de clore cette trilogie que je n’avais pas anticipée par deux gestes que je n’ai pas encore abordés.
La palpation des seins tout d’abord.
L’habitude de déshabiller intégralement les femmes ensuite.
J’ai eu une externe de 4ème année en stage. Charmante et intelligente. Un vrai plaisir comme bien souvent.
Je me souviens d’une consultation avec une jeune femme. C’était en fin de journée, il faisait beau, on avait le temps et tout le monde était de bonne humeur.
On parle gynécologie. La patiente me dit l’exigence de son gynéco de lui faire des frottis tous les ans et qu’elle n’aime pas bien ça.
Je me tourne vers l’externe, je lui demande ce qu’elle en pense. La conversation s’engage à trois.
Cette externe, qui sera bientôt médecin, déjà une soignante et qui, j’en suis sûr, sera une soignante attentive, nous explique que c’est son gynécologue qui lui prescrit sa contraception et qu’elle le voit donc tous les ans. Qu’il exige qu’elle ait, chaque année, un examen au speculum avec un frottis. Que, sinon, il refuse de lui renouveler sa pilule. Qu’il lui demande toujours de se déshabiller intégralement et qu’il lui fait une palpation des seins.
Et je découvre, stupéfait, que tout ceci lui paraît absolument naturel. Une obligation désagréable certes, mais une obligation évidente qu’il n’y a même pas à questionner.
Les échanges lors de cette consultation et par la suite ont été, je crois, une vraie révélation mutuelle et cette stagiaire, qui n’imaginait pas qu’une consultation gynécologique puisse se dérouler différemment, a fait un vrai travail de recherche sur la manière dont ça pouvait se passer, ailleurs, et sur le ressenti des femmes.
Et je lui ai validé son stage. (Oui, bon… j’ai toujours validé les stages… disons que je l’ai validé avec enthousiasme.)
Je passerai rapidement sur l’inutilité de pratiquer un examen gynécologique chez une jeune femme de moins de 25 ans qui ne se plaint de rien. C’est même assez inacceptable avant 20 ans, à un âge où l’on est encore dans la découverte de son corps et de la sexualité.
Si on veut installer l’idée que le sexe, plutôt qu’une source de plaisir amoureux, est un danger permanent qu’il convient de médicaliser et, ainsi, de « génitaliser », c’est même un très bon moyen.
Je ne m’attarderai pas davantage sur le pur scandale que représente ce chantage à exiger que le patient se plie aux contraintes qu’on entend lui imposer sous peine de se voir refuser toute prise en charge.
Rappeler à une femme de 30 ans que le frottis c’est important, c’est notre boulot. Refuser de lui prescrire sa contraception si elle n’accepte pas de s’y prêter, c’est lui placer un revolver sur la tempe. C’est une relation de pouvoir et non pas une relation de soin.
Ce que j’ai trouvé vraiment édifiant dans ce dialogue, c’est combien certaines de nos maltraitances pouvaient être perpétuées non pas parce que les soignants français seraient fondamentalement malveillants (il y a bien quelques connards sadiques dans le lot mais je suis sûr qu’ils sont minoritaires), mais parce que, tout simplement, ils n’interrogent pas leurs pratiques.
Même pétris d’une réelle volonté de bien faire, des soignants peuvent pourtant être maltraitants au nom du simple « on a toujours fait comme ça ».
Il est donc temps, de clore cette trilogie que je n’avais pas anticipée par deux gestes que je n’ai pas encore abordés.
La palpation des seins tout d’abord.
L’habitude de déshabiller intégralement les femmes ensuite.
***
Faut-il tâter les tétons ?
(Je n’aborderai pas ici la question de la mammographie de dépistage – qui n’est de toute manière justifiée pour la population générale que de 50 à 70 ou 75 ans et uniquement dans un cadre organisé -, ni celle des femmes à haut risque en raison de leur terrain familial.)
La palpation des seins est pratiquée de longue date dans l’espoir de permettre le dépistage précoce de cancers du sein. L’idée sous-jacente est que « plus tôt on détecte, plus tôt on traite, mieux c’est ».
Cette technique paraît intéressante : elle est simple, gratuite, sans risque direct et généralement pas trop pénible.
Elle est même tellement simple qu’il a été proposé de l’enseigner aux femmes elles-mêmes et de les encourager à pratiquer régulièrement des autopalpations. Idée séduisante mais qui se heurte à la réalité.
Deux essais comparatifs réalisés en Russie et en Chine (reprises dans cette Méta-analyse et dans une synthèse Cochrane) ont regroupé au total 380 000 femmes (pour les non connaisseurs : c’est énorme et ça donne généralement des résultats très fiables).
La conclusion est malheureusement claire : aucun bénéfice n’a été retrouvé.
Par contre, la pratique des autopalpations a considérablement augmenté le nombre de consultations médicales, de biopsies négatives, d’examens invasifs et probablement l’anxiété de ces femmes.
Cette pratique – qui est pourtant encore régulièrement proposée – est donc, malheureusement, inutile et certainement même nuisible.
Ce qui n’empêche pas, bien évidemment, qu’une femme qui remarque une modification d’un de ses seins, une douleur ou toute autre anomalie suspecte doive consulter sans tarder. C’est la base d’une stratégie promue dans les pays anglo-saxons, plus particulièrement au sein de la profession infirmière : le « breast awareness« .
Ce terme n’a visiblement pas encore trouvé son équivalent en français. On pourrait parler de « mammo-vigilance » (si quelqu’un trouve un terme plus heureux, ce sera parfait).
Cette stratégie manque de preuves solides pour l’appuyer mais elle semble de bon sens et propose une démarche plus globale et moins systématique. Vous pouvez trouver ici la version francophone (mais oui !) de la brochure que propose le NHS (l’assurance maladie britannique) sur le sujet.
Bon, oui, ok, l’autopalpation ce n’est pas bien. Mais la palpation par un professionnel, ça fait tout de suite beaucoup plus sérieux, non ? C’est sûr que, ça, ça doit être efficace et sauver des vies.
Eh bien, on n’en sait rien. Rien du tout.
Aucune étude convenable n’a étudié les performances de la palpation de manière isolée. Les seules études ont été faites dans le cadre de stratégies associant ou non des mammographies. Une étude philippine avait démarré mais a rapidement été stoppée en raison de difficultés de suivi.
Il faudra donc probablement attendre la fin d’une grande et passionnante étude indienne (150 000 femmes de 35 à 64 ans, suivies dans des conditions très proches de ce que l’on pourrait faire dans la « vraie vie ») dont une analyse intermédiaire est parue récemment.
En-dehors d’un examen couplé à une mammographie, palper les seins d’une femme n’est certainement pas une faute. Ne pas les palper non plus puisqu’on ne dispose d’aucune preuve scientifique de l’intérêt de cet examen effectué seul.
Encore faut-il, si on souhaite proposer une palpation, se rapprocher du (faible) cadre que nous donnent les quelques études disponibles (uniquement dans le cadre de comparaisons avec la mammographie, je le rappelle) :
- des femmes d’au moins 40 ans (les cancers du sein, bien que dramatiques, sont rarissimes avant 30-35 ans),
- en respectant un protocole très précis (palpation et examen visuel nécessitant au minimum 3 minutes par sein),
- par des professionnels qui ont suivi une formation spécifique.
En-dehors de ceci, la palpation des seins ne repose vraiment sur rien.
Il n’est donc pas illogique de la proposer avec prudence si on pense savoir la pratiquer convenablement. On peut raisonnablement la faire à une femme qui est demandeuse et que ça peut rassurer.
Mais l’imposer, en particulier à une très jeune femme, relève davantage du droit de pelotage que d’un acte médical.
***
A poil et couche-toi là.
De toutes les pratiques de certains gynécologues ou généralistes, il en est une qui me scandalise plus que tout…
Je discutais un jour avec un gynéco. Un jeune, de ma génération. Même pas l’excuse d’être un vieux rabougri.
« Ah bon ? Tu les fais déshabiller intégralement tes patientes ?- Ouais, bon, elles ont le droit de garder les chaussettes hein !- Mais pourquoi ?- Ben, c’est comme ça. C’est quand même plus simple. Qu’est-ce que ça change ? De toute façon elles me montrent bien leur chatte. Et puis elles ont été habituées comme ça. »
Le cadre n’était pas à la polémique. Ce confrère était tellement loin du moindre questionnement que je n’ai pas voulu mener la bataille. J’ai donc lâchement changé de conversation et je me suis dit simplement que jamais je ne lui adresserai de patiente.
Mais j’avais quand même envie de lui hurler que ça changeait tout. Que se retrouver à poil, allongée à la disposition du médecin, c’était accepter clairement une position de soumission totale. Que c’était un mépris complet de la pudeur de ses patientes.
Et, surtout, que ça n’avait aucune, mais alors aucune, justification. Que ça ne servait à rien de rien.
Ah ! Si… à faire gagner peut-être 30 secondes au praticien.
Parce que, si vraiment on veut faire un examen génital et palper les seins, il faut quand même le faire en deux fois. Même le plus habile des gynécologues n’arrivera pas à faire les deux choses simultanément. Et il n’est donc tout de même pas très compliqué d’enlever le bas, faire l’examen génital. Laisser la femme remettre son pantalon ou sa jupe, puis enlever le haut pour examiner les seins.
Alors, oui… ça prendra peut-être un tout petit peu plus de temps mais ça me semble tout de même infiniment plus respectueux.
Considérer que ce petit gain de son temps est plus précieux que l’humiliation inutile subie par notre patiente, c’est avoir décidément une très haute opinion de soi-même et faire bien peu de cas de l’autre. Ou alors, si ce n’est pas une question de gain de temps, c’est encore pire : une attitude, peut-être même inconsciente, visant clairement à asseoir la domination du praticien (que ce soit un homme ou une femme n’y change rien) sur son patient.
C’est pourquoi, lors d’un examen gynécologique, refusez de vous déshabiller intégralement si ça doit susciter la moindre gêne chez vous. Car rien ne le justifie.
Et n’hésitez pas à changer de médecin s’il veut vous l’imposer. Ce n’est rien d’autre qu’un viol de votre intimité et ce n’est pas parce que l’autre porte le titre de « Docteur » qu’il ou elle en a le droit.
La noblesse de la médecine, c’est de prendre soin de nos patients. Ce n’est pas d’exercer notre pouvoir sur eux.
Pétition
Pétition mondiale contre le clampage et la coupure précoce du cordon ombilical : http://www.thepetitionsite.com/1/stop-early-cord-clamping-now/
samedi 7 mai 2011
Le toucher vaginal est-il de la mauvaise médecine ?
Source : Le blog de Borée
"
Mon ami me fixa anxieusement. Le professeur était cramoisi, les veines de son cou étaient saillantes, le visage de la colère. Bizarre qu’un simple mot comme « pourquoi » puisse provoquer une telle réaction allergique. Mais « pourquoi » est le mot le plus important en médecine.
Et, donc : pourquoi les médecins font-ils habituellement des touchers vaginaux et des examens au spéculum ? J’ai cherché les flèches dorées des sites de recommandations afin de me guider mais je me suis retrouvé à fouiller dans les poubelles de l’internet.
Concernant le toucher vaginal.
Il peut permettre de repérer des masses pelviennes mais quels sont les risques d’erreur ? Pour les patientes de gynécologie examinées durant une anesthésie générale, un tiers des masses n’a pas été détecté et les erreurs étaient encore plus importantes concernant les anomalies des annexes. Si nous extrapolons ces conclusions à une population consciente et avec une faible prévalence de pathologies, alors le risque de faux-positifs et de faux-négatifs est si élevé que ce n’est pas acceptable et qu’il rend le toucher vaginal pratiquement inutile comme examen de dépistage.
Le toucher vaginal est également sensé repérer les « irritations cervicales », un symptôme traditionnel des pathologies pelviennes inflammatoires. Mais l’irritation cervicale est tellement aspécifique qu’elle n’a aucune valeur de dépistage.
C’est pourquoi dans les pays riches, le toucher vaginal n’a aucune place dans les soins de première ligne. Les femmes doivent plutôt bénéficier rapidement d’examens fiables tels qu’une échographie. (De fait, les technologies modernes permettent de convertir un smartphone en échographe basique, c’est pourquoi on ferait mieux d’apprendre les techniques d’échographie à nos étudiants.)
Toute femme présentant des signes d’irritation pelvienne devrait donc pouvoir bénéficier de techniques fiables et sensibles.
Concernant l’examen au speculum.
Cet examen a clairement sa place lorsqu’il s’agit d’examiner le col de l’utérus ou de retirer un tampon coincé. Mais l’examen au speculum est couramment pratiqué pour de simples problèmes de pertes vaginales alors que les faits nous indiquent que ce n’est pas nécessaire. La plupart des pertes sont physiologiques et les patientes doivent simplement être rassurées. Par ailleurs, les infections vaginales banales, bactériennes ou candidosiques, rentrent souvent dans l’ordre spontanément mais ont tendance à récidiver, c’est pourquoi un simple traitement empirique paraît raisonnable.
Si un diagnostic de certitude paraît nécessaire, alors un auto-prélèvement par écouvillon semble une alternative logique au prélèvement obtenu au speculum. Concernant les chlamydiae et le gonocoque, les techniques indirectes, largement répandues, sont plus sensibles que la traditionnelle culture du prélèvement endocervical, en particulier en soin primaire. C’est pourquoi les examens nécessaires devant des pertes vaginales, sans douleur pelvienne, ne nécessitent pas d’examen au speculum. Ceci serait beaucoup plus acceptable pour les patientes et beaucoup plus simple pour le médecin.
Pourquoi continuer à pratiquer ces examens invasifs, non scientifiques, désagréables et illogiques ?
Il est temps de reconnaître que ces examens de routine en gynécologie sont de la mauvaise médecine."
"
Mon ami me fixa anxieusement. Le professeur était cramoisi, les veines de son cou étaient saillantes, le visage de la colère. Bizarre qu’un simple mot comme « pourquoi » puisse provoquer une telle réaction allergique. Mais « pourquoi » est le mot le plus important en médecine.
Et, donc : pourquoi les médecins font-ils habituellement des touchers vaginaux et des examens au spéculum ? J’ai cherché les flèches dorées des sites de recommandations afin de me guider mais je me suis retrouvé à fouiller dans les poubelles de l’internet.
Concernant le toucher vaginal.
Il peut permettre de repérer des masses pelviennes mais quels sont les risques d’erreur ? Pour les patientes de gynécologie examinées durant une anesthésie générale, un tiers des masses n’a pas été détecté et les erreurs étaient encore plus importantes concernant les anomalies des annexes. Si nous extrapolons ces conclusions à une population consciente et avec une faible prévalence de pathologies, alors le risque de faux-positifs et de faux-négatifs est si élevé que ce n’est pas acceptable et qu’il rend le toucher vaginal pratiquement inutile comme examen de dépistage.
Le toucher vaginal est également sensé repérer les « irritations cervicales », un symptôme traditionnel des pathologies pelviennes inflammatoires. Mais l’irritation cervicale est tellement aspécifique qu’elle n’a aucune valeur de dépistage.
C’est pourquoi dans les pays riches, le toucher vaginal n’a aucune place dans les soins de première ligne. Les femmes doivent plutôt bénéficier rapidement d’examens fiables tels qu’une échographie. (De fait, les technologies modernes permettent de convertir un smartphone en échographe basique, c’est pourquoi on ferait mieux d’apprendre les techniques d’échographie à nos étudiants.)
Toute femme présentant des signes d’irritation pelvienne devrait donc pouvoir bénéficier de techniques fiables et sensibles.
Concernant l’examen au speculum.
Cet examen a clairement sa place lorsqu’il s’agit d’examiner le col de l’utérus ou de retirer un tampon coincé. Mais l’examen au speculum est couramment pratiqué pour de simples problèmes de pertes vaginales alors que les faits nous indiquent que ce n’est pas nécessaire. La plupart des pertes sont physiologiques et les patientes doivent simplement être rassurées. Par ailleurs, les infections vaginales banales, bactériennes ou candidosiques, rentrent souvent dans l’ordre spontanément mais ont tendance à récidiver, c’est pourquoi un simple traitement empirique paraît raisonnable.
Si un diagnostic de certitude paraît nécessaire, alors un auto-prélèvement par écouvillon semble une alternative logique au prélèvement obtenu au speculum. Concernant les chlamydiae et le gonocoque, les techniques indirectes, largement répandues, sont plus sensibles que la traditionnelle culture du prélèvement endocervical, en particulier en soin primaire. C’est pourquoi les examens nécessaires devant des pertes vaginales, sans douleur pelvienne, ne nécessitent pas d’examen au speculum. Ceci serait beaucoup plus acceptable pour les patientes et beaucoup plus simple pour le médecin.
Pourquoi continuer à pratiquer ces examens invasifs, non scientifiques, désagréables et illogiques ?
Il est temps de reconnaître que ces examens de routine en gynécologie sont de la mauvaise médecine."
vendredi 6 mai 2011
L'enquête Magic Maman révèle un niveau insatisfaisant de respect des droits de la femme enceinte et de la parturiente
Source : CIANE
Magicmaman.com a réalisé une enquête auprès de 3000 femmes dont les résultats sont présentés ici.
Elle est tout à fait intéressante, car, au delà de la satisfaction traditionnellement exprimée par les femmes par rapport à l'événement qu'est la naissance, elle révèle de nombreux points négatifs importants dans la prise en charge de la grossesse en France: nous sommes loin du compte de ce que préconisait le dernier plan de périnatalité.
Nous restons avec une information incomplète récurrente pour ne pas dire une désinformation en ce qui concerne le choix du professionnel pour le suivi de la grossesse, les examens ainsi que les gestes médicaux. Encore bien trop souvent, les décisions médicales sont prises par le corps soignant sans avoir obtenu au préalable un consentement de la part des parents, et là encore, le droit des patients est bafoué. De même, la privation de liberté de choix des mouvements et positions pendant le travail sont autant de contraintes mal vécues par les femmes.
Un accompagnement insuffisant lors du retour au domicile, que ce soit dans l'allaitement ou bien simplement dans une présence empathique est douloureusement ressenti par des femmes submergées d'un sentiment de solitude extrême.
Elle est tout à fait intéressante, car, au delà de la satisfaction traditionnellement exprimée par les femmes par rapport à l'événement qu'est la naissance, elle révèle de nombreux points négatifs importants dans la prise en charge de la grossesse en France: nous sommes loin du compte de ce que préconisait le dernier plan de périnatalité.
Nous restons avec une information incomplète récurrente pour ne pas dire une désinformation en ce qui concerne le choix du professionnel pour le suivi de la grossesse, les examens ainsi que les gestes médicaux. Encore bien trop souvent, les décisions médicales sont prises par le corps soignant sans avoir obtenu au préalable un consentement de la part des parents, et là encore, le droit des patients est bafoué. De même, la privation de liberté de choix des mouvements et positions pendant le travail sont autant de contraintes mal vécues par les femmes.
Un accompagnement insuffisant lors du retour au domicile, que ce soit dans l'allaitement ou bien simplement dans une présence empathique est douloureusement ressenti par des femmes submergées d'un sentiment de solitude extrême.
Inscription à :
Articles (Atom)