samedi 24 avril 2010

Que répondre quand...

On vous fait des remarques sur l'allaitement de votre bébé/bambin, rapport au fait qu'il est devenu trop grand pour têter ?
Quelques pistes !
"Oui, je compte allaiter jusqu'à ses 18 ans... mais peut-être qu'il ne sera pas d'accord !"
"oui c'est vrai qu'il est très rachitique et en mauvaise santé et pas éveillé du tout avec le lait que je lui donne."
"Vous buvez du lait, vous ? oui ? et bien lui aussi, vous voyez..."
"je vous laisse le soin de préparer ses biberons et ses rations quotidiennes de lait pour les 17 ans à venir."

A vous !

mercredi 21 avril 2010

Soigner avec le lait maternel

Source : Juliebaby

Petit extrait de « Allaiter, c’est bon pour la santé » :

Pendant des siècles, le lait de femme a été utilisé (et continue à l’être
dans certaines régions du globe) pour soigner les infections des yeux et des oreilles. C’est ainsi que mon beau-frère, alors qu’il se trouvait dans un
village isolé des hauts plateaux andins au Pérou, a été soigné d’une otite
par une giclée de lait dans l’oreille, administrée par une femme du village!
Ses utilisations actuelles sont très variées. Voici pour mémoire la liste
des indications du don de lait humain établie en 1997 par la HMBANA (Human Milk Banking Association of North America, l’association des lactariums nord-américains) : indications nutritionnelles (prématurité, stagnation staturo-pondérale, malabsorptions d’origines variées, insuffisance rénale, intolérances alimentaires, déficits héréditaires du métabolisme, nutrition post-chirurgicale, pathologies cardiaques, dysplasie broncho-pulmonaire, enfants gravement brûlés), indications thérapeutiques (pathologies infectieuses sévères, aide à la cicatrisation après chirurgie digestive lourde, troubles immunitaires graves -  allergies massives, déficiences en IgA -, transplantations, pathologies intestinales auto-immunes), utilisation préventive chez des patients à haut risque pour la maladie de Crohn, les colites inflammatoires, l’allergie aux protéines du lait de vache et du soja, la prévention des infections pendant les traitements immunosuppresseurs.
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La posologie dépend du problème.





* Pour un rhume : une giclée de lait dans chaque narine.

* Pour les otites et les conjonctivites
: quelques gouttes de lait dans l’oreille ou dans l’oil, à renouveler plusieurs fois par jour (aucun risque de toxicité ou de surdosage !). {mosimage}

* Pour des pathologies plus lourdes
, comme les maladies intestinales inflammatoires, les transplantations, les pathologies immunitaires, on peut en prendre environ 150 ml tous les jours. Certains enfants souffrant de troubles métaboliques très graves et ne tolérant aucun aliment ont été nourris presque exclusivement de lait humain pendant des années. Ils pouvaient alors en recevoir plusieurs litres, avec divers compléments vitaminiques et minéraux.

* L’application de lait humain sur la peau est aussi efficace
pour un certain nombre de problèmes, y compris des maladies graves. C’est un bon topique à étaler sur le mamelon après la tétée.

mardi 20 avril 2010

L'allaitement est-il meilleur ?

Source : Blog Porter son bébé

7 22 /03 /2009 20:32
       Voici un article, trouvé sur le net (en VO) , dont je partage tout à fait le point de vue...difficile cependant de ne pas froisser !

Par Diane Wiessinger, MS, IBCLC

Traduction par Fiona M. Dionne.

 
Édition juillet-août du CCL
Fondations familiales 1996
 
Une consultante en lactation dit “Vous avez la meilleure chance de fournir à votre bébé le meilleur départ possible dans la vie, à travers le lien unique de l’allaitement. Les avantages pour vous et pour votre bébé dureront toute la vie”. Et puis la mère donne des biberons. Pourquoi ?
 
En partie, parce que ce baratin aurait pu tout aussi bien venir d’une publicité pour lait industriel pour bébé. Quand nos tournures et celles de l’industrie du lait infantile sont échangeables, l’un de nous s’y prend de la mauvaise manière…et ce n’est probablement pas les grandes industries. Voilà des tournures de langage qui à mon avis desservent nos bonnes intentions chaque fois que nous les utilisons.
 
1/ Meilleur possible, idéal, optimum, parfait
 
Etes-vous le meilleur parent possible ? Est-ce que votre mode de vie à la maison est idéal ? Donnez-vous des repas optimaux ? Bien sûr que non. Ce sont des objectifs qu’on peut admirer, pas des standards minimums.
Reformulons les phrases différemment. Est-ce que votre façon de materner est inadéquate ? Est-ce que votre style de vie à la maison est médiocre ? Donnez-vous des repas déficients ? Maintenant, ça blesse. Vous ne pensez pas être beaucoup au-dessus de la moyenne, mais vous ne voulez certainement pas être au-dessous de la norme non plus !
 
Quand nous (et les fabricants de lait artificiel) disons que l’allaitement est le meilleur moyen de nourrir les bébés car c’est une nourriture idéale, parfaitement équilibrée, pour une nutrition optimale, la réponse logique est « et puis ??? ». Notre propre expérience nous dit que ce qui est « optimum » n’est pas nécessaire : ce qui est normal est très bien. Mais ce que sous-entend ce langage c’est que la nourriture artificielle est absolument normale--et donc saine et adaptée. La vérité est que l’allaitement n’est rien de plus que normal. La nourriture artificielle, qui n’est ni la même, ni supérieure, est de surcroît déficiente, incomplète, et inférieure. Ce sont des mots durs, mais ils ont une place appropriée dans notre vocabulaire.
 
2/ Avantages.
 
Quand nous parlons des avantages de l’allaitement—des “taux plus bas” de cancer, des “risques moins élevés” d’allergies, du “lien plus profond”, du système immunitaire “plus fort”—nous renforçons encore le biberon comme étant une norme acceptable et acceptée.
 
Les comparaisons du niveau de santé utilisent une norme biologique et non pas culturelle, que les critères soient dommageables ou que bénéfiques : les fumeurs ont des taux plus élevés de maladie ; la supplémentation en acide folique durant la grossesse pourrait réduire les malformations fœtales.
Parce que l’allaitement est la norme biologique, les bébés allaités ne sont pas « en meilleure santé », ce sont les bébés nourris artificiellement qui sont malades plus souvent et plus gravement. Les bébés allaités ne « sentent pas meilleur », c’est la nourriture artificielle qui entraîne une odeur anormale et déplaisante qui reflète les problèmes dans le système digestif du bébé.
Nous ne pouvons pas envisager de créer une culture de l’allaitement si nous n’insistons pas dans notre langage, et dans notre littérature sur un modèle de santé ayant pour référence l’allaitement.
 
Nous ne devons pas laisser passer les phrases détournées des media et de nos amis. Quand nous ne réussissons pas à décrire les dangers de la nourriture artificielle, nous privons des mères d’une information décisive. Une mère qui a des difficultés avec son allaitement ne va pas chercher de l’aide juste pour recevoir une “médaille d’honneur”, par contre elle va peut-être appeler à l’aide si elle sait combien elle et son bébé ont à y perdre à arrêtant l’allaitement. Elle va être moins portée à utiliser un biberon de lait artificiel juste pour “habituer le bébé au biberon” si elle sait que le contenu de ce biberon peut être nocif.
 
L’illusion de la norme du biberon n’est nulle part ailleurs plus préservée que dans les réunions où l’on discute de développement cognitif. Quand je demande à des groupes de professionnels de la santé s’ils connaissent les études concernant le tabagisme parental et les QI des enfants, il y a toujours quelqu’un pour me dire que les enfants des mères fumeuses ont « des QI moins élevés ». Quand j’évoque l’étude sur les enfants prématurés nourris soit au lait humain soit au lait artificiel, il y a toujours quelqu’un qui sait que les enfants nourris au lait maternel sont « plus dégourdis ». Je n’ai jamais vu les deux études présentées d’une autre façon que celle-ci par les media, ni même par l’auteur lui-même. Même les professionnels de la santé sont offusqués quand je reprends les résultats en utilisant l’allaitement comme référence : les enfants nourris artificiellement, comme les enfants des fumeurs, avaient des QI moins élevés.
 
Inverser la réalité devient encore plus trompeur quand on utilise les pourcentages, car les chiffres changent selon ce qu’on utilise comme référence. Si B représente les 3/4 de A, alors A correspond à 4/3 de B. Choisissez A comme référence, alors B est de 25 % inférieur à A. Choisissez B comme référence, alors A est de 33,33 % supérieur à B. Donc, si un objet coûte 100 unités et que cet objet est mis en vente « à moins 25% » du prix d’origine, son prix devient 75 unités. Donc pour retrouver le prix initial il faut faire une augmentation de 33,33 %. .
Les mêmes chiffres apparaissent dans une étude récente qui a montré une “diminution de 25%” des taux de cancer du sein parmi les femmes qui avaient été allaités quand elles étaient bébés. Réécris en prenant l’allaitement comme la norme, on observe une augmentation de 33,33 % des taux de cancer du sein chez les femmes qui ont été nourries artificiellement. Imaginez la différence d’impact que ces deux phrases pourraient avoir sur le public.
 
3/ Spécial.
 
“L’allaitement crée une relation spéciale”. “Aménagez un coin spécial pour l’allaitement”. Dans notre famille, préparer des repas spéciaux prend beaucoup de temps. Les occasions spéciales signifient une surcharge de travail. “Spécial” c’est bien, mais c’est aussi plus compliqué, ça ne fait pas partie de la vie quotidienne et ce n’est pas quelque chose qu’on a envie de faire très souvent. Pour la plupart des femmes l’allaitement doit rentrer facilement dans un quotidien chargée—et bien sûr c’est le cas. « Spécial » est un mot de sevrage, pas d’allaitement.
 
4/ Le lait maternel est le meilleur; le lait artificiel vient en 2ième.
 
Pas si on se fie à l’Organisation Mondiale de la Santé. Selon l’OMS, la hiérarchie est la suivante :
1/ l’allaitement ;
2/ le lait de la mère exprimé et donné à l’enfant autrement qu’au sein ;
3/ le lait d’une autre maman ; et
4/ la nourriture artificielle
 
Nous devons garder clairement ceci à l’esprit, et le dire clairement aux autres. « La deuxième meilleure chose après le lait de la mère elle-même c’est le lait d’une autre mère, pas une bouteille de lait artificiel ». L’échantillon qui est si bien placé sur l’étagère chez le médecin n’est que la 4ième solution face à un problème d’allaitement.
 
Il y a un vrai besoin de lait artificiel dans certaines situations. C’est seulement parce que nous n’avons pas de banques de lait humain. La personne qui a besoin de sang humain ne se contente pas d’un substitut en 4ième position ; il existe des banques de sang qui fournissent du sang humain pour les êtres humains. Il n’y a pas besoin d’avoir une maladie spéciale pour être admissible, tout ce qu’il faut c’est être en manque de sang. Par contre seuls les enfants qui ne peuvent pas tolérer la nourriture de 4ième catégorie sont assez privilégiés pour recevoir le troisième choix. Je me demande ce qui arriverait si un substitut du sang humain relativement peu onéreux mais plus risqué pour la santé que le sang de donneurs humains était mis sur le marché. Qui serait considéré comme assez peu important pour le recevoir ? Quand on est amené à fournir du lait artificiel à une patiente, rappelons-lui ainsi qu’aux professionnels de la santé qui la soignent qu’il devrait exister du lait humain en banque. Les banques de lait seront davantage susceptibles de faire partie de notre paysage si elles font d’abord partie de notre langage.
 
5/ Nous ne voulons pas culpabiliser les mères qui donnent des biberons.
 
La culpabilité est une notion que bien des femmes adoptent systématiquement, même si elles savent que les choses sont vraiment hors de leur contrôle (ma mère s’est déjà excusé pour le temps qu’il fait!).
 
La croyance quasi-systématique en leur culpabilité est évidente dans les réponses que les femmes offrent au scénario suivant :  « supposons que vous ayez pris une leçon d’aérodynamique. Vous avez aussi vu des pilotes piloter des avions. Maintenant, imaginons que vous soyez le passager d’un avion à 2 places. Le pilote a une crise cardiaque, et c’est à vous de piloter l’avion, et vous écrasez l’avion à terre. Vous sentez-vous coupable ? »
 
Les hommes à qui j’ai posé la question ont répondu “Non, parce que j’aurai fait de mon mieux”. « Non, je me sentirais peut-être très triste pour le pilote et pour l’avion, mais je ne me sentirais pas coupable. » « Non, les avions sont compliqués à piloter, même si vous avez déjà vu quelqu’un le faire. »
 
Qu’est-ce que les femmes répondent ? « Je ne me sentirais pas coupable par rapport à l’avion, mais peut-être pour le pilote, car il y avait quand même une petite chance pour que je fasse atterrir l’avion. » « Oui, car je suis très dure avec moi-même et mes erreurs. Se sentir mal et se sentir coupable sont deux sentiments mêlés pour moi ». « Oui, je veux dire bien sûr je sais que je ne devrais pas, mais probablement que oui, je me sentirais coupable. » « Est-ce que j’ai tué quelqu’un d’autre ? Si je n’ai pas tué quelqu’un d’autre, alors je ne me sentirais pas coupable. » Prenez note des phrases « mes erreurs », « je sais que je ne devrais pas » et « est-ce que j’ai tué quelqu’un? » pour un évènement sur lequel les femmes n’avaient aucun contrôle.
 
La mère qui prend la décision de ne pas allaiter, ou qui n’allaite pas aussi longtemps qu’elle l’avait prévu, fait du mieux qu’elle peut avec les moyens qu’elle a. Elle a peut-être reçu le “topo” habituel de “l’allaitement c’est meilleur” (le cours d’aérodynamique) et elle a peut-être vu quelques mères allaiter au centre commercial (comme regarder le pilote dans un film au cinéma). Ce n’est évidement pas assez d’information ou d’entraînement. Mais elle se sentira quand même coupable, parce qu’elle est une femme.
 
La plupart d’entre nous avons vu des mères bien renseignées se battre sans succès pour établir leur lactation, et opter pour le biberon sans regrets parce qu’elles ont fait de leur mieux. Mais nous avons aussi vu des mères moins bien informées enrager contre un système quand elles découvrent trop tard qu’il ne leur a pas fournis les informations dont elles avaient besoin. Aidez une mère qui vous dit se sentir coupable à analyser ses sentiments, et vous allez peut-être faire émerger une émotion bien différente. Quelqu’un a proposé il y a bien longtemps le mot « culpabilité » à ces mères. Ce n’est pas le bon mot.
 
Imaginez ceci : vous êtes resté handicapé après un accident sérieux. Vos médecins et kinésithérapeutes vous expliquent que réapprendre à marcher vous prendra des mois d’un labeur ardu et douloureux, sans garantie de réussite. Ils vous aident à vous accommoder à la vie en fauteuil roulant, et vous supportent à travers les difficultés qui en résultent. Vingt ans plus tard, quand vos jambes sont trop attrophiées pour revenir en arrière, vous rencontrez une personne qui a vécu un accident identique au vôtre. « Ca a été difficile » vous dit-t-elle. «J’ai vécu 3 mois d’enfer. Mais depuis, je marche. ». Vous sentiriez-vous toujours coupable?
 
Les femmes à qui j’ai soumis ce scénario m’ont dit qu’elles auraient ressentis de la colère, un sentiment de trahison, et de tromperie. Elles auraient voulu pouvoir tout recommencer avec les bonnes informations. Elles éprouveraient du regret pour toutes les opportunités perdues. Certaines d’entre elles disent qu’elles se seraient senti coupables de ne pas avoir recherché d’autres opinions, pour n’avoir pas persévéré même en l’absence d’information et de soutien.
Mais mis à part la culpabilité propre aux femmes en général, on ne se sent pas coupable d’avoir été privé d’un plaisir. La mère qui n’allaite pas nuit à sa propre santé, élève ses enfants avec plus de difficulté et de dépenses et quelque chose de très élémentaire manquera à son bien-être. Alors quelle image des satisfactions de l’allaitement transmettons-nous au grand public en utilisant le terme « culpabilité » ?
 
Réécrivons la phrase, en utilisant les mots que les femmes elles-mêmes utilisent : “Nous ne voulons pas mettre en colère les mères qui utilisent des biberons. Nous ne voulons pas qu’elles se sentent trahies. Nous ne voulons pas qu’elles se sentent trompées.” Décortiquez les implications de “nous ne voulons pas qu’elles se sentent coupables ”, et vous trouvez un système qui cherche à couvrir ses propres défaillances. Pas pour protéger les mères, pour se protéger lui-même. Soyons honnêtes avec les mères, encourageons-les quand leur allaitement ne marche pas, et aidons-les à dépasser ce mot inapproprié et inexact.
 
6/Pour et contre, avantages et désavantages.
 
L’allaitement est un problème très immédiat de santé–et non pas une possibilité parmi deux choix équivalents. « L’un des désavantages du non-tabagisme est qu’on est peut-être davantage gêné par la fumée des autres. L’un des avantages du tabagisme est qu’il peut contribuer à une perte de poids. » Alors que le vrai problème dans ce cas est un taux de morbidité et de mortalité plus élevé. Le reste--que l’on parle du tabac ou des laits industriels pour bébé--n’est…que la fumée.
 
Une grande maternité utilise une approche « comparative » à l’aide d’une « liste de préférences concernant la nourriture du nourrisson » . Celle-ci inclue les selles inodores et le retour de l’utérus à son volume normal parmi les cinq avantages de l’allaitement. (Cela signifie-t-il que l’utérus des mères qui donnent le biberon ne revient jamais à la normale ?) Les seins qui coulent et l’incapacité de savoir combien le bébé prend sont inclus dans une liste de quatre lignes sur les désavantages de l’allaitement. L’un des avantages de l’allaitement artificiel est que certaines mères trouvent ça “moins inhibant et moins gênant”. La maternité note une bonne acceptation du personnel médical de la pédiatrie et pas de changement notable dans les taux d’allaitement ou de non-allaitement. Ce n’est pas surprenant, les informations fournies ne sont pas tellement différentes des listes « comparatives » que les vendeurs de lait artificiel colportent depuis des années.
Le baratin est peut être même plus efficace maintenant parce qu’il porte clairement le soutien de l’hôpital. La mère, « parfaitement informée », se sent maintenant rassurée pour prendre une décision de santé qui concerne la vie entière (la sienne et celle de son enfant) basée sur les odeurs des couches et la quantité de peau à montrer durant la tétée.
 
Pourquoi est-ce que les industriels offrent des listes de « pour et contre » qui reconnaissent quelques uns des défauts de leur produit ? Parce que de toutes les façons n’importe quel approche « comparative » qui s’exprime dans une culture fortement imprégnée de préjugés favorise automatiquement le préjugé. Si A et B sont presque équivalents, mais que plus que 90% des mères choisissent finalement la solution B, comme c’est le cas aux États-Unis (selon une étude inédite portant sur 1002 mères, financée par les Laboratoires Ross, moins que 10% des mères nord-américaines allaitent pendant un an), il devient raisonnable de suivre la majorité. S’il y avait une différence importante entre les deux solutions, bien sur que les professionnels de la santé le diraient, plutôt que de mettre un point d’honneur à ne pas se mêler du processus décisionnel.
 
Il s’agit d’un choix parental, c’est vrai. Mais ne pas s’impliquer dans la prise de décision implique que la liste « comparative » soit au moins exacte.
Dans un numéro récent de la revue « Parenting », un pédiatre commente « Quand je visite pour la première fois une nouvelle mère à l’hôpital, je lui demande ‘allez-vous allaiter ou donner des biberons ?’. Si elle me dit qu’elle va utiliser des biberons, je hoche la tête et je dis ‘Ok’ et je passe à la question suivante. Épauler les nouveaux parents veut dire les soutenir quels que soient les choix qu’ils font ; on ne rentre pas dans la chambre d’une nouvelle accouchée pour lui dire qu’elle fait une terrible erreur, et qu’elle se prive elle et son enfant de quelque chose d’important. »
 
Mais si une femme annonçait à son médecin au cours d’une consultation de routine qu’elle vient juste de commencer à fumer, le médecin voudrait être bien sûr qu’elle comprend les dangers du tabagisme, en argumentant du fait que que le plus tôt est le mieux pour changer d’avis. C’est hypocrite et irresponsable d’avoir une position claire sur le tabagisme et “laisser les parents décider” à propos de l’allaitement sans s’être assuré avant qu’ils possèdent toutes les informations pour le faire. C’est toujours à l’individu de faire ses propres choix dans la vie, mais cela ne signifie pas pour autant que ses sources d’information devraient rester muettes ni que les parents qui choisissent de donner des biberons devraient être privés d’une information qui pourrait les inciter à un faire un autre choix pour l’enfant suivant.
 
7/ L’allaitement.
 
La plupart des autres mammifères ne voient jamais leur propre lait, et je doute fort qu’aucune mère mammifère n’impose à son rejeton un intervalle entre deux tétées basé sur ce qu’elle pense que devrait être l’appétit de son petit. L’allaitement calme ses petits, et sûrement c’est bon pour eux. Nous sommes les seuls mammifères qui utilisons l’allaitement de façon consciente pour transférer des calories…et nous sommes les seuls mammifères qui présentons des problèmes chroniques pour réaliser ce transfert.
 
Les femmes disent parfois qu’elles ont « donné le sein » pendant trois mois, mais elles disent le plus souvent qu’elles ont « nourri » leur enfant durant trois ans. Un allaitement facile, de longue durée implique l’oubli du « sein » et de la « nourriture » (et de la durée, de l’intervalle entre deux tétées, de la transmission des nutriments dans les bonnes proportions, et la différence entre les tétées nutritives et non-nutritives, tout ce sur quoi se concentrent les baratins des industriels du lait artificiel…) et implique plutôt de se concentrer sur l’aspect relationnel. Disons aux mères qu’on espère qu’elles ne vont pas « donner le sein »--que les vraies joies et les vraies satisfactions de ce vécu commencent quand elles arrêtent de « donner le sein » et qu’elles commencent à « materner au sein », voire « nourrir les esprits de leurs petits ».
 
Nous tous, dans la profession, voulons que l’allaitement soit notre point de référence biologique. Nous voulons que ça soit la norme culturelle ; nous voulons que le lait humain soit disponible pour tous les bébés humains, quelles que soient les circonstances. Un premier pas vital qui nous mènera à atteindre ces buts est à la portée de nous tous. Tout ce qu’il faut faire c’est…attention à notre langage.
 

dimanche 11 avril 2010

Australie : le plasma d'un homme a permis de guérir 2 millions de bébés

Source : bioethique

Possédant un sang dont le plasma a un niveau d'anticorps unique, James Harrison, un australien âgé de 74 ans a permis, en 54 ans, la guérison de plus de 2,2 millions de bébés atteints de la maladie du rhésus, une forme grave d'anémie pouvant toucher les bébés avant qu'ils ne soient nés. James Harrison a décidé de donner son sang après un accident qui l'avait immobilisé plusieurs mois à l'hôpital peu après ses 14 ans : "J'ai reçu plus de 13 litres de sang sous forme de transfusion à cette époque, ce qui a sauvé ma vie. Après je n'arrivais pas à oublier la générosité de ces donneurs anonymes et j'ai décidé d'en devenir un à mon tour à l'âge adulte".

En 1954, après analyse des premiers échantillons de sang donnés par James Harrison une fois devenu majeur, "les médecins ont découvert l'extraordinaire fertilité en anticorps" du plasma de son sang. Ces anticorps se sont développés du fait des transfusions de sang qu'il reçut de donneurs étrangers lorsqu'il était adolescent et contre lesquels son corps se défendait. Rapidement, ses anticorps ont permis la fabrication d'un "vaccin anti-D", produit pharmaceutique élaboré à partir de plasma humain pour vaincre la maladie du rhésus.

"Quand j'ai commencé à donner mon plasma, je n'avais jamais rêvé que je sauverais autant de vies [...]. Je ne prévoyais pas non plus que je serais le plus important donneur de sang de l'histoire", a expliqué James Harrison qui a permis de guérir son petit-fils atteint de la maladie. Il s'apprête à procéder à sa 1000e donation selon la Croix-Rouge australienne. De nombreuses mères le remercient vivement pour ses dons généreux de plasma.
Le Matin.ch (Laszlo Molnar) 08/04/10

samedi 10 avril 2010

De l'éloignement des maternités...

Source : ladepeche.fr

Biars-sur-Cère. Un drame de l'accouchement évité de justesse

Céline et Nicolas Lafage avec leur petite Kathy, née après un accouchement mouvementé./Photo DDM, B. T.
Céline et Nicolas Lafage avec leur petite Kathy, née après un accouchement mouvementé./Photo DDM, B. T.
Céline Lafage est heureuse : sa petite Kathy de 2,5kg pour 45cm se porte comme un charme, câlinée par le papa Nicolas, sa grande sœur de 6 ans Chloé et son grand frère de 3 ans Théo. Pourtant, la naissance de Kathy a donné quelques sueurs froides, aujourd'hui transformées en colère contre la clinique Saint-Germain de Brive.
« Le terme était prévu le 3 avril mais j'avais des contractions quinze jours avant. Le vendredi 19 mars, je me suis rendue à la clinique Saint-Germain de Brive où je devais accoucher. Le col avait une ouverture de 3 cm. On m'a donné quelque chose, les contractions ont cessé et ils n'ont pas voulu que je reste. C'est dans la nuit du dimanche 21 à lundi 22 mars, que j'ai perdu les eaux, chez moi à Biars-sur-Cère. J'ai appelé les pompiers de Bretenoux et le Samu qui a envoyé le Smur de Saint-Céré. Une sage-femme de Saint-Céré, Véronique Marquis, est aussi arrivée. Je veux les remercier car sans eux je ne serais peut-être plus en vie. J'ai accouché accroupie dans la salle à manger. Nicolas était assis derrière moi. Kathy est née 10 minutes après. En tout, cela a duré 50 minutes. Mais j'ai perdu plusieurs litres de sang. La délivrance ne se faisait pas bien et il a fallu un geste technique de la sage-femme. J'ai été évacuée vers le clinique Saint-Germain où on m'a reproché d'avoir alerté les secours, en affirmant que j'aurais eu le temps d'arriver jusqu'à Brive ! Malgré un taux de 6,5 d'hémoglobine, ils ont refusé de me transfuser en me disant que j'étais trop jeune. Je suis sortie cinq jours après, faible, mais on ne m'a pas donné d'ordonnance. J'ai dû aller moi-même chez un médecin. »

Le gynécologue retourne l'accusation

Arnaud Cayol, gynécologue mis en cause, réfute ces accusations. « Le 19 mars, Mme Lafage a refusé le déclenchement. Nous lui avons expliqué qu'on ne gardait pas une patiente avec une ouverture de 3 cm, lorsque l'on ne sait pas quand doit avoir lieu l'accouchement. Nous lui avons déconseillé de retourner à Biars en raison des risques, et que si elle devait attendre, elle pouvait le faire dans un hôtel à Brive, en lui proposant de déclencher l'accouchement le lundi matin. Elle a refusé et elle est partie, nous assurant qu'elle verrait avec les gens de Saint-Céré. Quant à la transfusion sanguine, on ne transfuse pas en tenant compte du seul taux d'hémoglobine, on analyse d'autres critères. Enfin, cette dame est partie sans passer au secrétariat prendre l'ordonnance. Nous la lui avons envoyée. »
Au-delà de ce cas particulier, se pose la question de l'enclavement du nord du Lot, comme de l'éloignement d'une maternité depuis la fermeture de celle de Saint-Céré en 1997 puis de Figeac en mai 2009.

Une dizaine de naissances par an hors maternité

Chaque année, les sapeurs-pompiers du Lot transportent une trentaine de femmes en couche. Et une dizaine de bébés lotois naissent à domicile ou dans un véhicule, faute d'avoir pu atteindre la maternité. Véronique Marquis, sage-femme ayant travaillé à la maternité de Saint-Céré, a fait le choix, après la fermeture du service, de rester à Saint-Céré pour répondre aux situations d'urgence qu'elle pressentait et répondre aux demandes de mamans souhaitant accoucher à domicile (7 en 2009). « De temps à autre, j'assiste le Smur pour des accouchements à domicile, une dizaine par an. Les deux derniers cas, à Thégra en décembre et à Biars fin mars, les mamans avaient été renvoyées chez elles par la clinique ». Elle confirme que l'accouchement de Céline était critique et aurait pu mal tourner.

samedi 3 avril 2010

Naître ou ne pas naître

Ce documentaire passé récemment sur France 5 parle de l'interruption médicale de grossesse.
Sujet sensible, parfois tabou.

J'ai été très déçue par le visionnage de ce documentaire.

Le titre est trompeur. De "Naître ou ne pas naître", on n'a vu que le "Ne pas naître", ou plus exactement "ne pas faire naître". "Chemins vers l'IMG" aurait été plus honnête, puisqu'on nous présente le douloureux parcours de femmes et de couples vers l'IMG. Un documentaire équitable aurait pu aborder les deux aspects de la question...

La difficulté du choix est là, on le sent. Mais ce qu'on voit c'est un faux-choix, un choix à une seule issue possible. On ne parle que très peu des couples qui font l'autre choix, celui de ne pas recourir à l'IMG. Quand on en parle, c'est pour évoquer des couples très croyants ou des pressions familiales... Le seul choix "sensé" serait-il systématiquement de recourir à l'IMG ?
Tout est fait (nous donne-t-on l'impression, en réalité ça ne se passe pas forcément comme ça) pour accompagner les couples dans leur choix d'IMG. Et pour les autres ? Quel accompagnement est mis en place ? Ont-ils eux aussi la possibilité d'entretiens avec des psychologues ?

La question de l'eugénisme latent est abordée uniquement au travers d'une conférence du Dr Nisand. La seule personne handicapée interviewée explique qu'elle aurait préféré ne pas naître...

Je regrette qu'on n'ait pas montré le quotidien des ces familles qui ont fait le choix d'accueillir un enfant handicapé dans leur famille.

Je regrette qu'il ne nous ait pas été montré la stigmatisation des parents qui ont fait ce choix, les reproches qui leur sont adressés...
Je regrette qu'on n'ait pas approfondi la question de la sévérité du handicap variable en fonction des personnes... pour une même anomalie chromosomique, on le sait aujourd'hui, le "tableau clinique" sera très sévère pour certains, et moindre pour d'autres...
Je regrette qu'on n'ait pas montré le choix de cette minorité de parents qui souhaitent aller au bout de la grossesse, en sachant leur enfant non viable.
Je regrette qu'on n'ait pas montré le choix, là encore minoritaire, de parents qui souhaitent ne pas avoir du tout d'échographie, pour ne pas avoir à faire ce choix, l'un des plus difficile qui soit...


 Je regrette que la place accordée aux handicapés dans ce film soit à l'image de celle que notre société leur accorde...