mercredi 30 juin 2010

Une sage-femme jugée par ses pairs

Source : SudOuest

30 mai 2010 10h41 | Par odile faurE


Une sage-femme jugée par ses pairs

Suite à la mort d'un bébé à Ainhoa, une Béarnaise est convoquée devant le Conseil de l'ordre des sages-femmes.

  La sage-femme Marie-Line Pérarnaud et son compagnon, William 
Agnero, membre du comité de soutien.  photo thierry suire  || Suire 
Thierry
La sage-femme Marie-Line Pérarnaud et son compagnon, William Agnero, membre du comité de soutien. photo thierry suire
( Suire Thierry)

  Marie-Line Pérarnaud, entourée des membres du comité de soutien réuni à
 Cœur de famille, à Pau.  photo T. S.  || Suire Thierry


Mardi 1er juin, Marie-Line Pérarnaud, spécialisée dans les accouchements à domicile, sera auditionnée par le Conseil national de l'ordre des sages-femmes, à Paris. Une épreuve cruciale pour cette professionnelle médicale qui a accompagné de nombreux couples et mis au monde une centaine de bébés à la maison. Depuis novembre 2009, un comité de soutien, composé de parents et de professionnels, a déjà récolté 1 068 signatures sur une pétition nationale lancée sur Internet et 282 pétitions papier.
Mardi, la sage-femme devra une nouvelle fois s'expliquer sur une affaire qui remonte à 1999. Le 8 décembre de cette année, elle est appelée par une de ses patientes pour un accouchement à domicile, à Ainhoa, au Pays basque, à 45 minutes de l'hôpital le plus proche, Bayonne. La famille est prête et accompagnée depuis plusieurs mois. L'accouchement se présente bien, la maman est en bonne santé. Quelques heures avant l'expulsion, la sage-femme n'entend plus le cœur du fœtus. À l'arrivée, le bébé ne respire plus. L'autopsie établira que l'enfant est décédé d'une « anoxie cérébrale ». C'est un bébé mort-né.
Relaxée au pénal
Légal, mais marginalisé En 2009, 2 000 naissances à domicile ou réalisées sur un plateau technique par une sage-femme libérale sur 803 000 naissances françaises ont été pratiquées. Dans le département, le chiffre est dérisoire. Seules deux sages-femmes libérales pratiquent les accouchements à la maison. « Nous sommes toujours dans la même difficulté », explique Laurence Platel, président de l'Association française des sages-femmes libérales. « L'accouchement à domicile est tout à fait légal. Il fait partie des compétences de la sage-femme, il a une cotation à la Sécurité sociale, l'acte est remboursé, mais depuis 2002, nous avons une obligation d'assurance, sauf que pour nous la souscription annuelle s'élève à 19 000 € ! Ceci n'encourage pas la pratique. » Laurence Platel pointe la « méconnaissance de l'exercice. Il n'y a pas plus de risques, mais les sages-femmes libérales se sentent de plus en plus exclues ».
Placée en garde à vue immédiatement après les faits, privée du droit provisoire d'exercer, la sage-femme sera jugée trois ans après par le tribunal correctionnel de Bayonne. Elle sera relaxée. La justice établira que s'il y a eu « des imprudences et des négligences », il n'y a pas de « fautes caractérisées » qui auraient entraîné le décès du bébé. Une décision confirmée par la cour d'appel de Pau, le 18 septembre 2003. Celle-ci lui restitue son matériel. En revanche, la sage-femme doit payer 41 000 € de dommages à la famille.
Marie-Line Pérarnaud échappera donc à la sanction pénale et à l'interdiction d'exercer. Elle reprendra de façon plus ponctuelle les accouchements à domicile dans la région, une trentaine, sans qu'aucun problème ne soit soulevé.
Le Conseil départemental de l'ordre des sages-femmes basé à Bayonne, n'a pas voulu en rester là. Avec la famille, il a demandé à la chambre disciplinaire du Conseil interrégional de l'ordre des sages-femmes, à Toulouse, de sanctionner la professionnelle. La chambre disciplinaire l'a suivi et, en 2009, a radié définitivement la sage-femme libérale au motif « d'imprudence et des négligences ».
La sage-femme a fait appel et comparaîtra donc mardi à Paris, lors d'une audience publique. Une dizaine de parents feront le voyage.
Son avocate, Me Marie-Elisabeth Ducruc-Niox, va soulever des erreurs de procédures : « jugement de Toulouse non signé par la présidente, irrégularité de la composition de la chambre qui ne comprenait pas de sage-femme libérale, absence de conciliation avant la première instance ». Enfin, elle pointera « l'absence de conciliation avant la première instance ».
Elle va également déposer une requête pour question prioritaire de consitutionnalité, estimant que le Conseil de l'ordre « ne peut être juge et partie ». Si elle est suivie, cette jurisprudence pourrait avoir des effets sur tous les Conseils de l'ordre.
Sur le fond, Me Ducruc-Niox rappellera que le motif de radiation a déjà été évoqué au pénal, que la sage-femme a été relaxée. « Même si nous sommes plein de compassion pour la famille, on est à dix ans des faits. La justice pénale a déjà été rendue. Il semble évident que l'Ordre des sages-femmes ne veut pas de sages-femmes libérales qui pratiquent les accouchements à domicile. Pour les mêmes motifs, la chambre disciplinaire de Toulouse n'a donné qu'un blâme à une sage-femme libérale… car elle avait décidé de reprendre les accouchements en milieu hospitalier. »
Nous n'avons pas réussi à joindre une conseillère de l'Ordre des sages-femmes ni le Conseil départemental. La présidente du Conseil interrégional n'a pas souhaité s'exprimer.
« Différemment ne veut pas dire illégalement » « Je me suis repassé 10 000 fois l'accouchement, réfléchi à des choses que je n'aurais pas faites. C'est très traumatisant pour les parents. Et moi je suis encore perturbée par ça. C'est traumatisant d'accoucher un bébé décédé. C'est un choc. La procédure se rajoute au choc. » Marie-Line Pérarnaud ne parvient pas à poursuivre. L'émotion est trop forte. Un membre du comité de soutien, Maryline Girard, vient à sa rescousse. « Depuis dix ans, nous refaisons suffisamment le déroulé pour voir qu'il n'y a pas eu de fautes. »
Elle dénonce un « harcèlement, une chasse aux sorcières. Ils ont une femme à abattre ». Pour preuve, le zèle avec lequel le Conseil de l'ordre aurait fait « faire des faux témoignages à des jeunes mamans qui ont accouché avec Marie-Line ». Des pièces ont été versées au dossier juridique, confirmées par l'avocate de la sage-femme, Me Ducruc-Niox, qui parle de « faits très graves ».
Marie-Line Pérarnaud a « beaucoup de colère. Ce qui est arrivé est déjà traumatisant, mais là, on veut me faire passer pour ce que je ne suis pas ».
Elle ne demande qu'une chose, « avoir de bonnes relations avec mes collègues. Nous avons le même diplôme. Or cela fait dix ans que je dois faire la preuve que je suis compétente. Tout ça parce que je ne travaille pas comme elles. Travailler différemment ne veut pas dire illégalement. On dirait qu'il y a des super sages-femmes et les sages-femmes de seconde zone. »
Carine Lefèvre, sage-femme à l'hôpital de Pau et membre du comité de soutien, a aussi son point de vue. « Ce qui dérange, c'est que les sages-femmes libérales sont indépendantes, qu'elles n'ont pas de médecins au-dessus. Elles mettent avant tout les parents en avant, les aident à faire des choix. Elles respectent finalement le mieux la loi Kouchner d'aider les patients à faire des choix éclairés. »
William Agnero, compagnon de Marie-Line, lui-même médecin, estime que Marie-Line « dérange ». « Elle pratique l'accouchement à domicile, mais elle le défend, elle en parle. C'est une militante ».
Marie-Line et les membres de l'association Cœur de famille sont en effet à l'origine du projet de la Maison de naissance à Pau. Un projet pilote qui devait permettre à des femmes d'accoucher dans ce lieu, hors de l'hôpital. La Maison de naissance n'a pour l'instant jamais bénéficié d'une autorisation. Pour l'heure, seules les mamans peuvent être accompagnées.
O. F.

samedi 26 juin 2010

Get out

De nouveau un petit chef-d'oeuvre de l'ESMA...

mercredi 9 juin 2010

Naissance et les origines de la violence

Source : http://www.natural-pregnancy-mentor.com/birth-and-the-origins-of-violence.html

Selon les chercheurs, les bébés nous disent que même une naissance "normale" est violente. Les bébés le font savoir par leur voix fortes, leurs expressions angoissées, et par les mouvements vigoureux de leurs bras et jambes.
Ne sont-ils pas réputés pleurer violemment à la naissance ?
A la fois parents et professionnels l'attendent, sourient nerveusement et le qualifient de "en bonne santé". Les pleurs à la naissance ne sont pas encore pris au sérieux, alors que la plupart d'entre eux soient clairement une réaction à la violence.
En effet, la plupart des bébé nés à la maison pleurent rarement mais prennent leur première inspiration et regarde rapidement les yeux de leur mère.
Les bébés qui hurlent nous disent que quelquechose ne va pas.
Bien que de nombreux professionnels de la naissance ont changé leur attitude auprès des pleurs des enfants, la pratique dominante est de les tolérer et de continuer à affectuer les routines douloureuses sur les nouveaux-nés sans tenir compte des pleurs. La plupart du temps, le but n'est pas d'empêcher les pleurs.
Une approche psychlogique serait de se demander pourquoi un bébé pleure, et ensuite de travailler afin d'éliminer les causes possibles des pleurs.
L'obstétricien français Frederick Leboyer dans son livre - Pour une naissance sans violence - nous a conduit dans cette direction en comparant des expressions angoissées de bébés avec des expressions bienheureuses.

Quand les bébés nouveaux-nés pleurent de manière intensive et sont immpossibles à consoler, les pédiatres se résignent souvent et conseillent aux parents d'accepter les "coliques" comme une phase de développement difficile.
 La psychologue Aletha Solter voit les pleurs de "coliques" comme chargés de sens et potentiellement thérapeutiques, et apprend aux parents comment les faciliter.

dimanche 6 juin 2010

Juste de l'émotion

http://www.lifeinmotionphotography.com/slideshows/amerlyn/

Donner un nom aux "fausses" maisons de naissance

Le CIANE (Collectif Interassociatif Autour de la Naissance), suite a une discussion que vous pouvez trouver ici, propose de créer une dénomination spécifique pour ce qui est aujourd'hui appelé à tort Maisons de Naissance en France, qui sont plus spécifiquement des espaces physiologiques et qui ont la particularité d'être situés à l'intérieur de structures hospitalières.

Plusieurs noms ont été proposés, si vous vous sentez concerné par la possibilité qu'il existe en France d'autres façons d'accoucher qu'en structure hospitalière, merci de donner votre avis....

Un petit rappel du paradoxe français à ce sujet : http://dechainees.easy-hebergement.info/index.php?page=11f

samedi 5 juin 2010

BABI

BABI.
Une abbréviation mystérieuse encore pour beaucoup ! et pourtant...

  • Définition

BABI signifie : Bébé Aux Besoins Intenses.
Concrètement, c'est un bébé épuisant. Il pleure beaucoup, à la moindre frustration. Ne dort pas beaucoup. Se calme (ou pas...) uniquement dans les bras. Exigeant, toujours en demande de mouvement et de contact, perpétuellement insatisfait, il entraîne souvent chez ses parents désespoir, culpabilité, rancoeur...

  • Comment reconnaître un BABI ?

Le Dr Sears, pédiatre américain, papa de plusieurs enfants dont un BABI, est l'inventeur du concept de ces bébés aux besoins intenses. Il les définit ainsi :

"Un bébé au besoins intenses est un enfant qui sent dès qu'on le pose et se réveille en peu de temps.  Ces bébés ont des besoins affectifs énormes. Le seul moyen d'éviter leurs pleurs est de les rassurer, les porter, les materner.

Les bébés aux besoins intenses ont certains traits de personnalité en commun ; toutefois, ils ne manifestent pas nécessairement ces comportements en tout temps. D'après l'expérience que j'ai acquise, environ 25% des bébés montrent plusieurs de ces traits à un moment quelconque au début de la petite enfance. On trouvera ci-après diverses descriptions que font les parents de leur bébé aux besoins intenses.

Hypersensible

Le bébé aux besoins intenses a une conscience aigüe de son environnement; les changements le font sursauter facilement durant le jour et rendent son sommeil difficile durant la nuit. «Il est dérangé facilement» disait une mère pour décrire son bébé sensible. Le système de ce type d'enfant est muni de fusibles de courte durée et les courts-circuits sont provoqués facilement par tout dérangement constituant une menace à la sécurité de son environnement. Cette sensibilité se voit souvent dans ses réactions vis-à-vis de personnnes appelées à en prendre soin et avec qui il n'est pas familier, ce qui provoque chez lui un niveau élevé d'anxiété à l'égard des étrangers. Au début, les parents peuvent trouver que cette hypersensibilité est épuisante; elle peut toutefois devenir un atout plus tard, en ce sens qu'elle aide l'enfant à être plus conscient de son environnement et, de ce fait, à développer sa curiosité.

Intense

Le bébé aux besoins instenses investit une grande quantité d'énergie dans ses agissements. Il pleure fort, rit à gorge déployée et proteste vivement si on ne lui sert pas instantanément ses « repas ». Il semble ressentir plus pronfondément toute la gamme des émotions, et réagit avec plus d'intensité que les autres bébés. «Son moteur est engagé à haute vitesse tout le temps», faisait remarquer un père fatigué. Le bébé aux besoins intenses proteste vigoureusement lorsque son environnement n'est pas à son goût, mais il semble également capable de former des liens plus solides avec les personnes qui en prennent soin. Le bébé qui réagit violemment à la séparation d'avec ses parents agit de la sorte parce qu'il leur est solidement attaché. L'intensité de ses protestations est proportionnelle à l'intensité de l'attachement qui l'unit à ses parents. Des liens puissants entre l'enfant et ses parents constituent l'un des meilleurs remèdes préventifs contre le comportement maussade à long terme.

Exigeant

Souvent, la mère d'un bébé aux besoins intenses dira qu'elle « ne peut répondre à ses demandes avec suffisamment de rapidité. Ce type de bébé transmet un sens d'urgence très réel dans les signaux qu'il émet. Les «alertes rouges» dominent son répertoire de pleurs. Il n'a cure des gratifications différées et n'acceptera pas facilement des solutions de rechange, c'est-à-dire autre chose que ce pourquoi il pleurait au départ. S'il reçoit un hochet alors qu'il s'attendait à être allaité par exemple, ses pleurs iront en s'intensifiant; il protestera d'avoir été mal interprété. Le bébé aux besoins intenses a toutefois besoin d'être exigeant: c'est un trait positif chez lui.

Impossible de le déposer

Le bébé aux besoins intenses a un besoin extrêmement grand de contact physique. Souvent, les nouveaux parents s'attendent, d'une façon peu réaliste, à ce que leur bébé repose calmement dans sont petit lit ou reste assis passivement à contempler les gens qui le regardent ou à suivre attentivement des yeux des mobiles qui pendent. Un tel portait est loin de correspondre au bébé aux besoins intenses (ou à tout autre bébé, en fait). Ce type de bébé a la réputation de ne pouvoir se calmer seul. Sa mère me dira : «Il est incapable de se détendre par ses propres moyens.» Il fait du giron maternel son siège, les bras et la poitrine de sa mère lui servent de lit, et il se console à son sein. En général, il rejette vigoureusement les substituts maternels inanimés.

Toujours actif

«Impossible de réussir une photo fixe», disait un père, photographe de son métier, à propos de son bébé aux besoins intenses. «Le dispositif de ralenti de son moteur semble affolé», s'exclamait un autre. Chez ce type de bébé, une activité motrice constante va de pair avec l'intensité de l'hypersensibilité de la personnalité.

Epuisant

Inévitablement, les parents avoueront: «Il me vide». Le bébé aux besoins intenses utilise toute l'énergie de sa mère et de son père.

Il n'aime pas se blottir

Contrairement à la plupart des bébés qui se laissent aller facilement dans les bras ou sur les épaules des personnes qui en prennent soin, le bébé aux besoins intenses arquera fréquemment le dos et raidira bras et jambes, protestant ainsi contre toute tentative de lui faire adopter une position d'allaitement confortable. Cette raideur musculaire s'appelle hypertonie. «C'est comme s'il y a avait des câbles tendus en lui», rappelait une mère. Le fait que certains bébés évitent le contact physique intime peut s'expliquer par cette combinaison entre traits hypersensibles et hypertoniques. Le bébé résiste s'il se sent entouré de trop près; il sera plus à l'aise si vous maintenez une certaine distance entre lui et vous pendant que vous l'avez dans vos bras, ou si vous le tenez de manière à ce qu'il ne soit pas face à face avec vous. Comme nouveau-né, ce bébé détestera généralement se faire emmailloter.

Insatisfait et imprévisible

Il n'est pas possible d'apaiser le bébé aux besoins intenses de la même manière d'une fois sur l'autre. Souvent, une méthode efficace un jour ratera son but le lendemain. Comme le faisait remarquer une mère épuisée : « Juste au moment où je pense avoir gagné la partie, le bébé bouleverse toutes les règles du jeu. »

Il veut têter tout le temps

L'expression «horaire de repas» ne fait pas partie du vocabulaire du bébé aux besoins intenses. Ce bébé a besoin de périodes prolongées de succion non nutritive, simplement pour le réconfort, et il mettra du temps à se sevrer.

Il se réveille souvent

Ces bébés super-éveillés ne se calment pas aisément. Ils se réveillent fréquemment et récompensent rarement leur mère de siestes qui pourtant seraient les bienvenues. «Pourquoi ces bébés ont-ils de plus grands besoins que les autres pour tout, sauf le sommeil?» se lamentait une mère fatiguée."

  • Du côté des parents 
   Un parent de BABI est en général épuisé physiquement. Le manque de sommeil (certains BABI ne dorment que par tranches d'un quart d'heure), la vigilance nécessaire à l'attention de ces bébés super actifs, l'épuisement demandé pour répondre aux demandes impérieuses, sont autant de raisons de fatigue. 
   L'aide du conjoint ou de l'entourage est capitale. Malheureusement ce n'est pas toujours possible, et nombreux sont les pères (qui eux n'ont pas à allaiter) qui préfèrent la relative tranquillité de leur travail à l'enfer de la vie à la maison avec un BABI.

   En général, l'épuisement engendre un repli sur soi. Les parents épuisés n'ont plus la force de sortir, d'autant que trouver une solution de garde d'un BABI est souvent très compliqué.

   L'épuisement dans lequel vivent les parents peut entraîner un désamour, un rejet de leur bébé. Souvent des pulsions de violence envers cet enfant arrivent, qui mettent au désespoir les parents qui se convainquent alors qu'ils ne sont pas de bons parents. Le couple est aussi fréquemment remis en question.

   La culpabilité est très forte. Culpabilité d'avoir un enfant qu'on imagine difficile à cause de la manière dont on a fait ou pas certaines choses. Culpabilité souvent aggravée par l'entourage : "si tu n'avais pas fait ça, il ne serait pas comme ça...", "c'est de ta faute, regarde comment il est maintenant", "moi les miens ils ne sont pas comme ça". Culpabilité de ne pas savoir s'y prendre, surtout quand l'amélioration espérée et attendue est si progressive qu'elle passe presque inaperçue...
  • Et après ? 
   Reconnaître les traits de caractère de son bébé dans cette liste ne permet de changer cet enfant exigeant en petit ange. Cependant...

- Savoir reconnaître que son bébé est un BABI peut devenir une source de soulagement pour de nombreux parents. On peut se permettre de se défaire du sentiment de culpabilité.

- Reconnaître son enfant comme BABI, c'est aussi, malgré la fatigue, reconnaître qu'il a en lui une particularité, et que non, il n'est pas né POUR être le bourreau de ses parents. Que lui aussi souffre d'être comme ça...

- Savoir mettre un nom sur son comportement permet de s'apercevoir, à travers les témoignages d'internet, que d'autres parents sont dans le même cas. Discuter avec d'autres parents d'enfants intenses, virtuellement et pourquoi pas dans la vie réelle, peut apporter beaucoup : rien que de se sentir compris et non jugé, partager des petits "trucs" qui permettent de supporter la vie avec un BABI, voire s'échanger des heures de garde pour souffler un peu...

-On peut trouver ici les conseils du Dr Sears aux parents de BABI. Tous ne sont pas applicables, mais l'idée qui transparaît est d'essayer d'avancer pour que les besoins du bébé soient satisfait sans que la rancoeur n'envenime la situation. Penser à lui, mais aussi penser à soi...

-Pour de nombreux BABI, le maternage (ou parentage) proximal est la façon la plus adéquate de répondre à leurs besoins. Laisser bébé hurler est un conseil que ne peuvent pas suivre les parents de BABI, au risque de les retrouver aux urgences : un BABI ne s'arrêtera jamais de manifester sa frustration. Le portage est indispensable tant le bébé a besoin de contact ; si il la supporte, une écharpe de portage, un sling, un chinado vous permettront d'avoir les mains libres. Le cododo est souvent indispensable pour diminuer la fatigue du parent. L'allaitement est un bon moyen pour calmer un BABI, même si souvent la maman aura l'impression de ne faire que ça. Pour les plus motivées, l'HNI permettra d'éviter les frustrations liées aux couches mouillées/sales et la corvée des changes souvent difficile pour les BABI. De même, la diversification menée par l'enfant sera souvent nécessaire, les BABI exprimant une frustration très grande devant l'interdit de l'assiette de leurs parents et refusant fréquemment le passage "petits pots"...

  • Transformation d'un BABI en EABI
   Vient un moment où les bébés se transforment en bambins, puis en enfants. Les petits BABI n'échappent pas à la règle et souvent deviennent des Enfants Aux Besoins Intenses. Moins épuisants que des tout-petits, ils ne perdent pas pour autant leur besoin d'activité, leur exigeance impérieuse, leur fort besoin de contact et de proximité. Vers 3/4 ans, souvent, leur sommeil se régularise et les nuits complètes sont au rendez-vous. C'est le moment où l'on peut découvrir toutes leurs qualités. Le plus dur est passé... c'est le moment où les parents d'un BABI commencent tout juste à penser à l'éventualité d'un autre enfant... prêts à recommencer l'aventure ???

  • Ressources
- http://leblogdesbabi.blogspot.com

vendredi 4 juin 2010

La plupart des bébés

Source : la basse-cour de la poule pondeuse


La plupart des bébés

Par La poule pondeuse  • Le 26 mai 2010 à 8:51 • Catégorie : J'avoue, Réfléchir
evian-bebe-5 Dans un monde où une part grandissante des jeunes parents n’ont jamais vu un bébé de près avant d’avoir le leur, et où la perception du bébé se base surtout sur les pubs, les films et la télé, il me semble utile de faire une petite mise au point sur ce qu’est vraiment un bébé, et en particulier un nouveau-né. Bien sûr il y a une certaine variabilité, ceci ne concerne donc pas “tous les bébés” mais “la plupart des bébés”.
Déjà, la plupart des nouveaux-nés sont moches (sauf les miens bien sûr qui sont magnifiques). Ce n’est pas vraiment qu’ils ne sont pas beaux, mais ils ne ressemblent pas à l’image d’Epinal du bébé. Normal : lorsqu’il y a un accouchement dans un film, le bébé a minimum trois mois (avant cela c’est illégal de les faire travailler). Quant à ceux des pubs (style bébé cadum) ils ont minimum 8-9 mois.
Beaucoup de bébés n’aiment pas les couffins, berceaux, lits, transats et autres indispensables de la puériculture. Ils préfèrent largement être dans les bras de quelqu’un et sont équipés de détecteurs de matelas ultra-sensibles avec alarme à 130 dB. En prime, il faut que ce quelqu’un soit debout et marche, sinon l’alarme se relance. L’image du petit ange qui dort tranquillement dans son petit lit entre deux repas tient plus du phantasme de parent épuisé que d’une représentation crédible du bébé ordinaire.
Et puisqu’on est dans le sommeil, rares sont les bébés qui font leurs nuits à peine rentrés de la maternité, ou à quelques semaines, ou à trois mois, ou à 5 kg, ou …. Et même s’ils les font à un moment donné, profitez du répit car de nombreuses circonstances peuvent changer cet état béni : poussée dentaire, maladie, acquisition d’une étape de développement (comme la marche), changement de l’environnement (déménagement, petit frère, passage de la Lune dans la troisième maison du Bélier…), etc. D’ailleurs tout le monde ne s’accorde pas sur la définition de “faire ses nuits”. Sur le site LLL, on apprend que cela consiste à “dormir jusqu’à cinq heures d’affilée au moins quatre nuits par semaine”*, et que 25 % des enfants d’un an ne remplissent pas ces critères ! Entre cette situation et dormir systématiquement des nuits de douze heures sans interruption, il y a une large palettes de situations où doit se trouver la majorité des bambins (et donc des styles éducatifs très variés).
Quant à l’endormissement seul c’est une compétence qui s’acquiert trèèèès progressivement. Rien que de plus banal qu’un bébé qui ne s’endort qu’au sein/dans les bras/en voiture/en poussette/en porte-bébé (et j’en oublie sûrement) et ce pendant plusieurs mois (”plusieurs” pouvant être supérieur à douze…). A propos de l’endormissement au sein voir l’avis du Dr Jack Newman (point n°9).
D’ailleurs beaucoup de bébés aiment téter. Les premiers mois, c’est d’ailleurs leur principale source de plaisir et de réconfort. Bien sûr ils aiment aussi être dans les bras (et le contact leur est aussi vital que le lait) mais le besoin de succion ne peut pas être comblé par un câlin. Or il n’y a pas trente-six façons de satisfaire ce besoin de succion, d’autant plus qu’il est extrêmement rare qu’un nouveau-né sache téter ses doigts de façon satisfaisante : le sein, le petit doigt d’un des parents ou la tétine. Ainsi, dans le monde 8 bébés sur 10 sucent leur pouce et 50 à 80% des bébés occidentaux entre un et six mois ont une tétine. Donc pour la plupart des bébés cela se traduit par passer beaucoup de temps au sein (rien à voir avec les quinze minutes toutes les trois heures qu’on préconise encore dans certaines maternités) et/ou par avoir une tétine (même si les parents s’étaient jurés -avant la naissance- que cet instrument de Satan n’entrerait pas dans leur foyer). Et ils sont aussi nombreux à avoir besoin de téter pour s’endormir, que ce soit le sein, le pouce, la tétine ou autre chose.
Mais quand on a le nez dans le guidon et qu’on dort par tranches de 2-3 heures depuis des semaines, on oublie que les enfants changent. Vite. Radicalement. Leur échelle de temps n’est pas la même que la nôtre : un mois pour un nouveau-né, c’est énorme. Inutile de paniquer s’il ne fait pas ses siestes dans son lit alors qu’il doit aller chez la nounou dans quelques semaines, il aura tellement changé d’ici-là. Et s’il ne les fait toujours pas le jour J, il s’adaptera (avec l’aide de la nounou, qui est payée pour ça). Pensez que cet adorable boutchou qui s’abandonne au sommeil dans vos bras sera un jour un ado boutonneux aux cheveux gras qui vous ignorera à la sortie du collège. Il est parfois plus simple d’accepter que la situation, bien que difficile, est normale et finira par passer que d’essayer par tous les moyens de la faire évoluer. Et en attendant il y a quand même des trucs pour se faciliter la vie : un bon porte-bébé pour l’enfant qui ne veut pas faire de sieste dans son lit par exemple.
Votre enfant ne fait rien de tout ça ? Alors profitez-en et ne pavoisez pas trop auprès de vos congénères qui ont des cernes jusqu’au menton, vous n’y êtes probablement pas pour grand chose (certains le découvrent quand ils ont ensuite un autre enfant qui correspond plus au profil type…). Et si vous le reconnaissez dans tout ou partie de cette description, dites-vous bien que tout cela n’a rien d’anormal et n’est pas de votre faute. Vous n’avez pas raté un truc, vous n’êtes pas des parents incompétents. Ceux qui vous prétendent le contraire n’ont jamais vécu avec un bébé ou sont sous le coup de la fameuse amnésie parentale. A ma connaissance il n’y a AUCUNE recette miracle pour modifier totalement et durablement ces comportements. Bien sûr chaque famille a sa petite cuisine, ses petits trucs qui facilitent la vie, qui permettent parfois d’accélérer des transitions quand la situation devient trop difficile mais ce ne sont jamais des panacées universelles. Enfin si vous n’avez pas encore d’enfant (ou si vous êtes enceinte), attendez-vous à tout cela et pire encore, et vous ne pourrez avoir qu’une bonne surprise.
Enfin que ceux de mon lectorat pour qui ce billet est un enchaînement de truismes et de lapalissades me pardonnent, mais il me semble que tout ceci n’est pas assez dit. Personnellement j’aurais bien aimé trouver ça dans le Laurence Pernoud que j’ai lu enceinte de Pouss1 . Et vous, il y a d’autres chose que vous auriez aimé qu’on vous dise ?
*pour ma part je considère qu’un enfant fait ses nuits lorsqu’il n’a plus besoin d’intervention extérieure pour se rendormir pendant la nuit.
Photo : en général les bébés ne font pas de roller, mais vous le saviez peut-être ?

mercredi 2 juin 2010

Chantal Birman, l'interview

Source :projetdenaissance.com


Interview de Chantal Birman, sage-femme à la maternité des Lilas. Propos recueillis par Catherine Marchi pour le magazine Parents lors de la sortie du livre Au Monde, aux éditions de La Martinière en février 2003.
 
« Sage-femme, c'est le plus beau métier du monde ! A condition de pouvoir accompagner pleinement et jusqu'au bout les futures mamans qui vont vivre cet événement extraordinaire qu'est un accouchement. »  
 
Dans son livre (réédité au format poche en 2009), Chantal Birman se bat pour rendre à la naissance d'un enfant sa dimension humaine face à l'hypermédicalisation.

Parents : Pourquoi avez-vous eu envie de parler de votre métier de sage-femme ?

Chantal Birman : J'avais le désir de raconter mon expérience (trente-trois ans de pratique) et de livrer le fruit de mes réflexions. Mais surtout, je veux dire mon éblouissement devant la force des femmes ! Mettre au monde des enfants est extrêmement difficile. Les attendre, les enfanter, les allaiter et ensuite les éduquer demande un courage et une énergie incroyables. Quand on sait que les femmes sont performantes dans leur job, qu'elles investissent autant leur vie professionnelle que la maternité, on ne peut qu'être impressionnée.

Parents : Qu'est-ce qui a le plus changé chez les femmes en trente ans ?

C.B. : Leurs peurs et leurs préoccupations se sont déplacées. Les femmes sont devenues plus exigeantes, plus individualistes et réclament davantage de confort dans l'accueil à la maternité. Il y a trente ans, c'était la douleur de l'accouchement qu'elles redoutaient par-dessus tout. Aujourd'hui, elles ont moins peur, car la proposition de la péridurale a diminué ce qui était terriblement craint. Paradoxalement, malgré les diagnostics anténataux et les examens plus poussés pendant la grossesse - en particulier les échographies -, les peurs autour de la malformation n'ont pas beaucoup diminué. Les femmes savent que les moyens d'investigation ne sont pas infaillibles

Parents : Qu'attendent-elles de leur sage-femme ?

C.B. : Mon métier est de les préparer à la naissance et d'expliquer tout ce qui va se passer physiologiquement : le pré-travail, comment on sent qu'il faut partir à la maternité, la rupture de la poche des eaux, les contractions, la respiration, l'expulsion... Je suis là également pour leur redonner confiance, leur confirmer que je crois en elles dans les moments où elles doutent d'être à la hauteur. Il y a beaucoup de périodes de doutes, plus ou moins exprimées. Par exemple, les grosses fatigues pendant la grossesse sont des équivalents de moments de déprime. S'il est important de préparer les futures mamans à ce qu'elles vont vivre physiquement mon rôle est aussi de les préparer aux états émotionnels qu'elles vont traverser.

Parents : Quel genre d'émotions vivent-elles ?

C.B. : Il y a des phénomènes émotionnels transgénérationnels. Il se joue là des choses qui sont de l'ordre de l'histoire de l'humanité. On change de case, ce n'est pas rien pour une fille de devenir mère, pour une mère de devenir grand-mère, pour une grand-mère de devenir arrière grand-mère, pour un fils de devenir père... Il faut du temps, ces événements de la vie marquent profondément toute la cellule familiale. L'accouchement, c'est une séparation. Il va donc y avoir des phénomènes douloureux, des émotions, et la façon de les vivre sera différente d'une femme à l'autre.

Parents : Vous pouvez aider une femme à mieux gérer ses émotions ?

C.B. : J'explique aux femmes qu'elles peuvent être actives, libres, qu'elles ont un vrai pouvoir sur leur accouchement et que la douleur ne sera pas vécue de la même façon selon leur état d'esprit. Par exemple, si on prend deux femmes, l'une très jeune, et une autre de 40 ans qui attendent toutes les deux leur premier bébé, la plus jeune va vivre sa grossesse de manière plutôt décontractée. Elle va arriver à la maternité après plusieurs heures de contractions, à 6 centimètres d'ouverture du col, trois heures avant d'accoucher. Si vous lui demandez combien de temps elle a mis pour accoucher, elle vous répondra trois heures. Dans les mêmes circonstances, la femme de 40 ans est plus anxieuse, c'est un enfant "précieux" , car elle sait qu'elle n'en aura peut-être pas d'autre. Dès la première contraction, elle prépare ses affaires, à la deuxième contraction, elle saute dans sa voiture et, après coup, elle vous dira que son
accouchement a duré quatorze heures, que c'était horriblement long, difficile, pénible... Effectivement il y a eu quatorze heures entre la première contraction et la délivrance. L'accouchement de ces deux femmes est identique, mais le "vécu" est diamétralement opposé.

Parents : Le pré-travail est donc très important ?

C.B. : La façon dont les femmes vivent le pré-travail va conditionner tout l'accouchement. C'est la période la plus longue, surtout pour un premier bébé. Toutes y gagneraient si elles prenaient leur temps, si elles pensaient à regarder la télé, à se détendre, à aller se balader, à attendre tranquillement, à mettre les dernières affaires dans leur valise. Ce temps-là est gagné sur la naissance et aide à se mettre dans de bonnes conditions pour accoucher.

Parents : Mais est-ce qu'il n'y a pas un risque d'accoucher à la maison ?

C.B. : Pour un premier bébé, le risque est quasiment nul. Il faut simplement apprendre aux femmes à repérer les signes vraiment pathologiques qui signifient qu'il faut impérativement aller à la maternité, ce qui n'en concerne que très peu en réalité. Un moyen infaillible de faire la différence entre le moment où le col est à 4-5 centimètres d'ouverture et celui où il est perméable à un ou deux doigts, c'est qu'on ne se pose plus la question, on fonce ! Quand les contractions se rapprochent et s'intensifient, tant que vous vous demandez : "Est-ce que je dois aller à la maternité ?", c'est qu'il n'est pas encore temps. Ce type de préparation à visage humain est en train de disparaître, il y a de moins en moins de sages-femmes disponibles, alors que c'est essentiel.

Parents : Vous vous révoltez beaucoup contre l'hypermédicalisation de la grossesse et de l'accouchement...

C.B. : A l'heure actuelle, avec la place de plus en plus importante que prend la technologie,l'humanité disparaît des salles d'accouchement. Les médecins parlent de physiologie, de pathologie, mais jamais des émotions qui traversent les femmes. La médecine a un peu gommé l'aspect initiatique de l'accouchement. On vous fait une anesthésie, on vous déclenche, d'une certaine façon vous vous retrouverez avec un bébé dans un lit à côté de vous sans aucune préparation psychologique. Il y a quelque chose de violent là-dedans. Et pourtant, ces pratiques médicales sont là pour soi-disant gommer la violence dans l'acte de mettre au monde. La femme, qui n'aura rien vu, rien senti, est privée des étapes essentielles pour se préparer à avoir un enfant.Pendant le neuvième mois de grossesse, le désir d'accouchement monte peu à peu. Mais quand on entre dans cette logique du déclenchement, on ne laisse pas venir ce désir de délivrance.

Parents : Vous remettez aussi en cause de la péridurale ?

C.B.: Je ne travaillerai jamais dans un endroit où il n'y a pas de péridurale. J'ai vu des femmes cassées par la douleur, c'est terrible ! Mais une fois qu'on a dit cela, je trouve inadmissible d'anesthésier tout le monde. La douleur d'accoucher est supportable, vivable. La plupart des femmes sont capables d'attendre un enfant et d'accoucher sans aucun problème. Aller à la rencontre de cette femme-là est un événement fondamental de la vie. Le regard que les gens portent sur les futures mamans a changé. Avant on disait : il est en avant, c'est un garçon, il est bas, c'est une petite fille. Aujourd'hui on y voit une menace d'accouchement prématuré. Les femmes ont adopté le discours médical puisqu'elles n'entendent que ce discours-là.

Parents : Est-ce qu'une sage-femme "prépare" aussi le père ?

C.B. : Beaucoup de pères sont intéressés par la naissance de leur enfant. Le fait d'être enceinte et d'accoucher est exclusivement féminin, ce n'est pas un scoop. Mais avoir un enfant n'est pas exclusivement féminin. Les hommes sont souvent très perturbés par la paternité, mais c'est encore difficile pour eux de parler de ces choses-là, car il y une pudeur sociale. C'est comme s'il y avait un risque de perte de virilité à se confier.

Parents : Quel est votre rôle pendant l'accouchement ?

C.B. : Quand l'accouchement se déroule normalement, je suis presque de trop. Tout va bien, ces gens-là s'aiment, la dilatation se passe bien, l'accouchement aussi, le bébé est beau, c'est simple, je n'ai aucune responsabilité dans tout cela. Mon rôle consiste alors à les laisser jouir de leur félicité et à m'assurer qu'on ne va pas les embêter. Je m'éclipse. Partager avec eux ces moments serait de l'impudeur. Ils ont besoin de vivre à leur rythme, de se parler. L'homme peut éventuellement pleurer avec sa femme et son bébé, sans être regardé. S'il y a du monde, il va ravaler ses larmes, se faire discret. Ce serait dommage...

Parents : Vous trouvez que les médecins banalisent beaucoup l'accouchement ?

C.B. : Oui. Pour chacune, c'est un événement exceptionnel, un bouleversement. Faire des usines à accoucher, baliser, médicaliser, tout prendre en charge comme on le fait aujourd'hui, c'est amputer la vie des gens d'une dimension essentielle. Chaque femme peut apprendre des choses sur elle-même. Si l'accouchement est imposé par des produits, il ne correspondra jamais à son histoire, à l'histoire de son bébé. Elle ne pourra pas l'intégrer dans sa féminité.

Parents : Vous prônez le retour au naturel et les maisons de naissance...

C.B. : Les femmes y ont intérêt car ce qui leur est proposé ailleurs est triste. Elles sont dans la terreur qu'il leur arrive quelque chose et les médecins leur font croire au risque zéro. Ils leur donnent la garantie que si leur accouchement est hypermédicalisé, il ne leur arrivera rien, ce qui est faux ! Les femmes deviennent anxieuses alors qu'elles possèdent un savoir enfoui en elles. Presque toutes savent se débrouiller. En revanche, beaucoup ne se font pas confiance. Elles se ruent dans des maternités de niveau 3, alors qu'elles seraient bien mieux en niveau 1.
 
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