Source : Blog de Catherine Dumonteil-Kremer
Article paru dans "Le monde" le 22 mai 2009, à réfléchir...
"Michel Godet, prof de prospective industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)
La politique familiale menacée par la crise. Mesures à prendre pour rétablir la perte de niveau de vie des familles : -Versement des allocations familiales dès le premier enfant, quitte à les rendre imposables. C’est au 2e enfant que les femmes renoncent le plus souvent pour des raisons économiques.
- Tenir compte de la taille des ménages (quotient familial) pour le calcul de la CSG comme on le fait pour l’impôt sur le revenu (le montant de la CSG dépasse de 30% celui de l’impôt sur le revenu)
- Tenir compte de l’investissement en capital humain réalisé par les familles dans l’éducation de leurs enfants. Cette cotisation jeunesse chère à Jacques Bichot devrait être prise en compte dans le calcul des retraites par répartition.
- La femme d’ouvrier qui a eu quatre enfants et a cessé de travailler pour les élever verra ses droits à la retraite largement amputés par une carrière écourtée. Sans oublier que la même femme d’ouvrier touchera une faible pension de réversion puisque son mari a une espérance de vie de neuf ans inférieure à celle d’un cadre.
-Dans notre pays, c’est un vrai métier que d’être payé pour s’occuper d’enfants à condition que ce ne soient pas les siens ! Et l’idéal, du point de vue des retraites par répartition, est de ne pas avoir d’enfant et de cotiser au maximum, sans arrêt d’activité, pour des retraites qui seront payées par les enfants des autres. Pourtant, les familles qui éduquent leurs enfants font faire d’énormes économies à la société, elles reçoivent en moyenne 5000 à 6000 euros par enfant et par an, ce qui ne compense que partiellement le coût de l’enfant.
- Alors que le coût de la “non-famille”, c’est-à-dire le placement d’enfants dans une famille d’accueil, est trois fois plus élevé, six fois plus pour des structures d’accueil et exorbitant (180 000 euros par an !) pour les jeunes prédélinquants qu’il faut placer dans des centres éducatifs fermés. L’éclatement des familles est peut-être une affaire privée, mais la prise en charge de l’éducation (ou de la non-éducation) des jeunes est certainement une affaire publique.
- Il est normal de prendre aux plus riches pour donner aux plus pauvres, mais il faut le faire aussi au sein de chaque catégorie sociale en tenant compte de la charge des familles.
- En limitant le congé parental à deux ans, on entend inviter les femmes à reprendre au plus vite le chemin du boulot, comme si la vie quotidienne d’une jeune femme avec un ou plusieurs enfants en bas âge au foyer n’était pas active. L’idéologie dominante (l’emploi d’abord l’enfant après) conduit à un gaspillage de ressources : une place de crèche revient à 1200 euros par mois et par enfant à la collectivité. - Ne serait-il pas préférable de permettre aux hommes et aux femmes, qui le désirent, de s’occuper de leurs enfants et de bénéficier d’un salaire et congé parental maintenu à trois ans par enfant quelle que soit la différence d’âge entre les enfants ? (...) On pourrait prendre ce droit au congé parental à la carte et à temps partiel tout au long de la vie : au moment de l’adolescence des enfants ou pour s’occuper d’un parent âgé en difficulté.
- On compte 1,7 millions de familles nombreuses (trois enfants et plus) dont 350 000 familles très nombreuses (4 enfants et plus) et 200 000 familles monoparentales issues le plus souvent de couples séparés. Leur niveau de vie est de 30 à 40% inférieur à celui des couples actifs sans enfants à charge.
- Il serait justifié et urgent de leur attribuer une allocation spéciale de vie chère. Ces familles sont souvent d’origines modestes (40% des familles très nombreuses sont de référence ouvrière et un tiers d’origine immigrée). On ferait ainsi d’une pierre plusieurs coups : la politique familiale profite d’abord aux plus démunis et à l’intégration des enfants d’immigrés. La revalorisation de 3% des allocations familiales a été présentée par le président Sarkozy comme un “effort” qui donnera “un milliard d’euros de pouvoir d’achat en plus pour les familles”. En réalité, c’est un simple rattrapage comptable, prévu par les textes, découlant de l’inflation constatée en 2007-2008."
Ce texte m'a été transmis par Olivier Maurel.
Bonne journée !
Catherine Dumonteil-Kremer
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