vendredi 28 novembre 2008
L'accouchement à domicile... au Québec
Ce document a pour objet de vous informer sur l'accouchement à domicile et sur l’approche des sages-femmes en ce qui concerne le domicile comme lieu de naissance. Il vise à clarifier les attentes réciproques, dans le but d'établir un climat de confiance et de coopération entre vous et votre sage-femme afin de vous permettre de faire un choix éclairé.
Le choix du lieu de naissance
Certains parents qui conçoivent l’accouchement comme un événement naturel et normal planifient de façon réfléchie et en toute autonomie un accouchement à domicile. En effet, ils souhaitent que le passage à la vie de leur enfant se fasse au sein de leur foyer, dans un milieu qui respecte leurs valeurs tout en étant chaleureux et sécuritaire.
Chaque famille choisira le lieu d’accouchement en fonction de ses valeurs et de ses croyances. Accoucher en centre hospitalier, en maison de naissance ou à domicile est pour plusieurs en concordance avec leurs besoins individuels.
Les sages-femmes respectent les choix des femmes et des familles, les valeurs et croyances individuelles. Ce document a été conçu pour vous fournir l’information nécessaire au sujet de l’accouchement à domicile afin de prendre une décision responsable, adaptée à vos besoins et à ceux de votre bébé.
Les sages-femmes effectuent des suivis de femmes en santé présentant une grossesse normale. La pratique sage-femme est circonscrite par la Loi sur les sages-femmes et encadrée par les différents règlements de l’Ordre des sages-femmes du Québec (OSFQ). Quel que soit le lieu que vous choisirez pour l'accouchement, la sage-femme exercera sa profession de la même façon et disposera de l’équipement, du matériel et des médicaments exigés par l’Ordre des sages-femmes du Québec.
À tout moment au cours de votre suivi de grossesse, il vous est possible de changer d’avis quant au lieu que vous avez choisi pour la naissance de votre enfant. Nous vous demandons alors d’en aviser votre sage-femme le plus tôt possible.
La légalisation de la pratique sage-femme et de l’accouchement à domicile
La profession de sage-femme a été légalisée en 1999. Dès lors, l'Ordre des sages-femmes du Québec a été institué avec tous les pouvoirs nécessaires à la surveillance de la pratique, et ce, afin d'assurer la protection du public.
Il a été prévu, par la Loi sur les sages-femmes, que l'accouchement à domicile fasse l'objet d'une réglementation spécifique. En juin 2004, l’adoption du Règlement sur les normes de pratique et conditions d’exercice lors de l’accouchement à domicile venait permettre aux femmes et aux couples qui le désirent d’être accompagnés par une sage-femme lors d’un accouchement à domicile. En avril 2005, l’obtention d’une entente concernant l’assurance-responsabilité des sages-femmes pour l’accouchement à domicile rendait cette option enfin applicable.
Accoucher à la maison : un choix personnel
Comme en attestent les nombreux écrits et témoignages sur l’accouchement à domicile, les raisons invoquées pour donner naissance à domicile sont multiples et extrêmement variées. Parmi celles-ci, plusieurs parents mentionnent le sentiment de sécurité qu’éprouve la mère dans son propre environnement, l’aspect logique de ce choix pour quiconque considère l’accouchement comme un événement normal et naturel de la vie, le désir de maîtriser son environnement, la participation plus facile des autres enfants, le respect du rythme de l’accouchement et la continuité de l’accouchement dans un seul et même lieu.
Le choix d’accoucher à la maison est subjectif et inspiré par différents motifs variant d’une femme à l’autre. L’accouchement est un processus physiologique dont le déroulement est sensible à l’environnement et au stress. Le choix du lieu d’accouchement est personnel et le bon déroulement de l’accouchement dépend du fait que le lieu est bel et bien choisi par la femme qui accouche.
Accoucher à la maison : un choix sécuritaire et réaliste
Les diverses recherches comparant la sécurité de l'accouchement à domicile à celle de l’accouchement en centre hospitalier arrivent à des conclusions semblables : pour des accouchements dont les conditions sont comparables et pour une clientèle sélectionnée à bas risques, les taux de mortalité et de morbidité périnatales sont égaux ou légèrement inférieurs à domicile (Peat, Marwick, Stevenson & Kellog, 1991 ; Janssen, Holt, Myers, 1994 ; Olsen, 1997 ; B.C. Home Birth Demonstration Project, 2000).
Les études internationales concluent que l'accouchement à l'hôpital ne peut se justifier sur la base de la sécurité et qu'aucun des deux lieux d'accouchement, le centre hospitalier et le domicile, n’est totalement sécuritaire (Ashford, 1978 ; Tew, 1978 ; Campbell et Macfarlane, 1987 ; Olsen, 1997).
Bien que les accouchements à la maison ne dépassent pas 1 % de tous les accouchements en pays industrialisés, l'expérience de certains pays comme les Pays-Bas, où la proportion des accouchements à domicile se situe autour de 31 % (Rozon, 1996), montre que cette option a fait la démonstration de sa pertinence et de son efficience.
Même s'il est encore peu répandu au Canada, l'accouchement à domicile est également autorisé et pratiqué par les sages-femmes de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba et de l'Ontario. En Ontario, en 1998, 40 % des accouchements assistés par des sages-femmes se déroulaient à domicile (Conseil d'évaluation des projets-pilotes).
Les sages-femmes du Québec se sont engagées à continuer de respecter et de supporter le droit fondamental des femmes de choisir le lieu de leur accouchement, en accord avec les règles de pratique émises par leur Ordre. Même si de nos jours l'usage le plus répandu est de donner naissance à l'hôpital, les sages-femmes sont d’avis que l'accouchement hors centre hospitalier, incluant le domicile, représente une option réaliste qui offre une marge de sécurité comparable, pour les femmes en santé dont la grossesse se déroule normalement.
Les facteurs déterminants de la sécurité
Accoucher à domicile est l'aboutissement d’un processus de réflexion, mais aussi de dépistage, qui s’effectuent tout au long du suivi de la grossesse et de la période entourant la naissance. Le champ d’exercice de la sage-femme reconnaît d'ailleurs son habileté à dépister de façon précoce les risques reliés à la grossesse et à l’accouchement.
D’autres facteurs contribuent également à la sécurité du domicile comme lieu d’accouchement:
* les services continus et personnalisés offerts par la sage-femme qui connaît bien la femme, le couple, la famille et leur environnement;
* la disponibilité de la sage-femme ou de sa coéquipière qui est en mesure de répondre 24 heures sur 24 aux questions des couples;
* le respect de la « normalité » de l'accouchement et du rythme individuel du processus physiologique du travail;
* le respect de l’intimité, de la liberté de mouvement de la femme et la présence de personnes familières choisies par la femme;
* la diminution des risques d’infection.
En dehors de toute considération sur les lieux de pratique, la sage-femme doit répondre aux normes rigoureuses de compétence établies par l’Ordre des sages-femmes du Québec. Elle doit se soumettre à une formation continue et maintenir à jour notamment sa certification en réanimation néonatale avancée. En cas d’urgence, la sage-femme possède les compétences requises pour stabiliser l’état de la mère ou du nouveau-né et dispose d’équipements et de médicaments d’urgence.
Le délai de transport vers l’hôpital doit être pris en considération, surtout lorsqu’une femme demeure dans une région éloignée ou difficile d’accès. La Société des obstétriciens-gynécologues du Canada (SOGC) a émis une directive aux médecins qui assistent à des accouchements. Ceux-ci doivent demeurer à moins de 30 minutes de l’hôpital lorsqu’ils sont de garde. Au Canada, une norme implicite découle de cette directive. Une femme qui accouche devrait pouvoir accéder à des soins médicaux dans un délai maximal de 30 minutes. Il serait important que la femme et/ou le couple discutent avec la sage-femme des implications et des conséquences possibles d’un délai dans le transport vers un centre hospitalier sur sa santé ou celle de son enfant.
Planifier un accouchement à domicile
C’est à vous qu’il revient de choisir le support professionnel et le lieu de naissance qui vous conviennent. Lorsque vous choisissez d’être suivie par une sage-femme, vous serez appelée en cours de grossesse à faire un choix en ce qui concerne le lieu d’accouchement soit le domicile, la maison de naissance ou l’hôpital.
Nous vous invitons à échanger avec votre sage-femme afin d’obtenir toutes les informations nécessaires permettant de prendre une décision éclairée sur le choix du lieu de naissance de son enfant. La sage-femme, en tant qu’intervenante de première ligne, veille à s’assurer que la grossesse et l’accouchement se déroulent normalement. Si une situation clinique demande que les soins soient transférés à un médecin, l’accouchement en dehors de l’hôpital ne sera, par conséquent, plus une option.
Préparatifs essentiels pour un accouchement à domicile
La sage-femme, la femme et/ou le couple sont responsables de la préparation adéquate pour un accouchement à domicile :
* La sage-femme détermine l’admissibilité de la femme au suivi sage-femme;
* La sage-femme et la femme discutent des informations adéquates incluant les résultats des recherches récentes sur les avantages, les inconvénients et la sécurité d’un accouchement planifié à domicile;
* La femme participe régulièrement à son suivi de grossesse durant lequel la sage-femme s’assure continuellement de son admissibilité. La femme effectue une préparation à un accouchement naturel;
* La sage-femme s’assure de l’accessibilité au domicile pour elle-même et la femme. La femme fournit à la sage-femme un plan détaillé et des indications précises pour qu’elle se rende à son domicile;
* La sage-femme s’assure que les procédures de transport ambulancier et de transferts sont organisés localement et disponibles si besoin;
* La sage-femme visite le domicile, avant la 36e semaine de grossesse, notamment pour y planifier son organisation;
* La femme signe un consentement éclairé (annexe I) avant la 36e semaine de grossesse;
* La sage-femme s’assure de la disponibilité de l’équipement, du matériel et des médicaments nécessaires pour un accouchement planifié à domicile;
* La femme s’assure de fournir le matériel demandé selon une liste suggérée;
* La femme garde en sa possession une copie de son dossier tenu régulièrement à jour par la sage-femme;
* La sage-femme s’assure d’un moyen de communication en cas de situation nécessitant une consultation médicale ou un transfert urgent;
* Autant que possible, la femme a en sa possession une carte de l’hôpital advenant nécessité d’un transfert;
* La sage-femme et la femme déterminent quelles conditions supplémentaires devraient être remplies pour assurer la sécurité d’un accouchement à domicile;
Signature du consentement éclairé
Afin de planifier un accouchement à domicile en présence d’une sage-femme, le Règlement sur les normes de pratique et conditions d’exercice lors d’accouchements à domicile stipule que la femme doit signifier son choix en signant un formulaire de consentement.
Le formulaire de Consentement au service sage-femme pour un accouchement à domicile devrait être signé avant la 36e semaine de grossesse lorsque l’accouchement est planifié à domicile.
La signature du consentement implique un processus de choix éclairé. À cette fin, nous vous recommandons de discuter avec votre sage-femme des avantages, des risques et de la sécurité d’un accouchement à domicile. De plus, les procédures d’urgence devraient être abordées. La sage-femme et la femme doivent aussi discuter de la remise en question du lieu de naissance lorsque survient une complication.
En conclusion :
Le présent document a été préparé par l’Ordre des sages-femmes du Québec dans le but de vous informer et de répondre à vos questions.
D’aucune façon ce document ne saurait remplacer les échanges avec la sage-femme. Cette dernière est définitivement celle qui pourra répondre à vos demandes et besoins individuels et vous guider vers des documents ou des références d’appoint.
http://www.osfq.org/rubrique/documents/accouchementdomicile.php
jeudi 27 novembre 2008
Les femmes pourront choisir leur lieu de naissance... Mais pas en France !!
A partir de 2009, les futures mères pourront choisir entre accoucher à la maternité, dans une maison de naissance ou à leur domicile.
Ces femmes auront également la garantie que ce soit la même sage-femme qui les accompagne tout le long du suivi de grossesse.
Les sages-femmes demandent plus de moyens pour remplir ces promesses qui étaient déjà apparues à l’occasion du manifeste 2005 du Labour Party.
Le gouvernement a reconnu que le plan périnatal ne pouvait fonctionner sans l’augmentation du numerus clausus des sages-femmes. En effet, les sages-femmes se plaignent d’avoir à gérer plusieurs accouchements en simultané à cause de la réduction des dépenses et des effectifs. Elles disent également que c’est un défi pour le gouvernement qui désire augmenter les accouchements à domicile.
Seulement 2% des 600 000 naissances annuelles ont lieu à domicile et une étude menée par le RCM (Collège royal des sages-femmes) a démontré que seulement une femme sur cinq avait la possibilité d’accoucher à domicile.
Il y a actuellement 19 000 sages-femmes travaillant sous le régime du NHS (Service de santé anglais) et le RCM prétend qu’il en faudrait 3000 de plus dans les 5 prochaines années pour atteindre les objectifs fixés.
Mme Karlene Davis, du RCM, soutient le plan gouvernemental mais ajoute : «Ce qui nous inquiète c’est qu’il faudra augmenter le nombre de sages-femmes pour y parvenir. Actuellement il existe des différences sur tout le territoire en termes de prise en charge et de qualité de service que reçoivent les femmes, et nous voulons que le gouvernement mette en place des leviers qui permettent à toutes les femmes d’accéder à ces mesures, et non pas seulement aux plus cultivées.»
Andrew Lansley, secrétaire de l’opposition, prétend lui que le gouvernement a prévu de fermer 43 unités de maternité cette année. Il ne pense pas que le gouvernement tiendra ses promesses. D’après lui les plans de fermetures seraient toujours d’actualité, il ne pense pas que Patricia Hewitt (secrétaire au ministère de la santé) ait mis les moyens derrière ce nouveau plan périnatalité. «C’est injuste pour les mères et c’est injuste pour les professionnels», dit-il.
Le cabinet des ministres réfléchit aussi à ce que les futures mères aient une sage-femme référente tout au long de leur grossesse. On leur donnera l’occasion de rencontrer l’équipe de sages-femmes, de sortent qu’elles retrouvent un visage familier le jour de l’accouchement.
La secrétaire d’état à la santé, Patricia Hewitt, a précisé qu’elle ne pouvait pas promettre qu’il y ait 3000 embauches de sages-femmes supplémentaires, et que c’était plutôt aux régions de remplir les objectifs de l’État.
«En fait nous demandons aux régions à travers le NHS d’évaluer leur besoins en main d’œuvre afin d’atteindre les objectifs donnés par le gouvernement entre maintenant et 2009.»
Quant au professeur Allan Templeton, président du RCG (Collège royal des gynéco-obstétriciens), il répond : «Si nous voulons donner aux mères plus de choix, alors nous devons faire en sorte de pas laisser d’emplois vacants dans nos services hospitaliers. Nous avons besoin de plus de consultants et de sages-femmes.»
Article paru sur le site de BBC News, le mardi 3 avril 2007 et traduit par CIANE.info
mercredi 26 novembre 2008
Pétition pour un Libre Choix de Naissance
Date de cloture : 05/06/2009
Auteur : Pour un Libre Choix de Naissance
Association
A l'attention de : Ministre de la Santé
Contrairement à d’autres pays européens, force est de constater que la France n’offre toujours pas suffisamment de choix aux futures parents pour la naissance de leur enfant.
- Alors que dans certains pays voisins, les accouchements à domicile sont considérés comme un choix tout aussi respectable et sécuritaire qu’un autre, en France ils se font rares et sont souvent très mal acceptés par le milieu médical ;
- Malgré que des Maisons de Naissance indépendantes et situées hors des hôpitaux existent dans de nombreux pays européens et mondiaux, en France elles n’ont toujours pas l’autorisation de fonctionner comme elles le devraient ;
- La fermeture de plus en plus nombreuse des petites maternités ne laisse souvent pas d’autres alternatives aux futures mamans que de faire beaucoup de kilomètres pour aller accoucher dans une « grosse » maternité de niveau 3 ;
- De même, beaucoup de régions n’offrent pas d’autres options aux futures mamans que de donner la vie à l’hôpital où il est encore, dans bien des cas, difficile de faire entendre et accepter ses choix… alors que l’ouverture de plateaux techniques aux sages-femmes libérales serait une alternative intéressante aux futurs parents désirant un accompagnement global…
… C’est pourquoi une pétition nationale sur le « Libre Choix de Naissance »a été mise en ligne.
Par cette action, il ne s’agit pas ici de prôner une pratique plus qu’une autre, mais de réclamer plus de choix pour qu’en France, soit respecté la décision de chacune de pouvoir accoucher :
- A domicile;
- En Maison de Naissance;
- En pôle physiologique;
- Dans l'eau;
- En accompagnement global avec accès à un plateau technique
- ou même en Maternité, en ayant fait ou non un projet de naissance qui puisse être adopté et suivi avec respect…
… comme cela se pratique déjà dans d’autres pays…
Alors si vous aussi, vous trouvez important que ces choix puissent co-exister dans toutes les régions de France et que …
" Vous voulez rester libre de choisir comment et où naîtra votre enfant !"
Alors n'hésitez pas à signer et à diffuser largement cette pétition...
Lien vers le texte : http://libre-choix-naissance.over-blog.com/
Pour signer c'est ici : Signer la pétition
mardi 25 novembre 2008
Faut-il interdir les accouchements sans péridurale ?
Pas de péridurale, un choix rationnel ?
Elles jurent qu’elles n’auront pas de péridurale, ou bien elles préfèreraient l’éviter mais n’excluent pas d’y avoir recours. Certains de leurs motifs sont intimes, personnels, de ceux qu’il serait vain d’expliquer. D’autres ont une grande part de rationnel lié au fait que la péridurale est un acte médical qui, en tant que tel, comporte quelques risques.
Est-il raisonnable de souhaiter se passer de cette analgésie en raison de ces risques ? Les effets secondaires sont soit rares, soit sans gravité excessive, et n’apparaissent généralement pas de nature à remettre en question le choix d’une femme qui, pour des raisons qui lui sont propres, n’envisage pas de s’en passer.
Passons en revue quelques-unes des raisons qui poussent certaines femmes à préférer éviter la péridurale. [1]
- La société française d’anesthésie-réanimation (SFAR) nous apprend que la péridurale entraîne fréquemment des difficultés à uriner, ce qui nécessite l’évacuation de la vessie par une sonde [2]. Le sondage n’est pas forcément agréable, et on sait qu’il entraîne des infection urinaires nosocomiales [3]. Cela se soigne bien. Certaines femmes préfèrent néanmoins, si possible, se passer de ces désagréments courants.
- Cette même SFAR [4] souligne que la péridurale peut, exceptionnellement, générer après l’accouchement des maux de tête qui sont empirés lorsqu’on se met debout. Certaines femmes préfèrent, si possible, ne pas courir ce risque, ni fréquent ni grave, mais occasionnant de fortes douleurs pendant les premiers jours passés avec le nouveau bébé.
- La péridurale nécessite toujours l’injection d’une hormone, l’ocytocine, pour son action sur les contractions utérines. Cette substance est assez sûre pour permettre une utilisation sans hésitation lorsque nécessaire, mais elle a, rarement, des effets secondaires graves, comme le choc anaphylactique et l’hémorragie postpartum [5]. Il n’est donc pas totalement déraisonnable de préférer éviter les situations où cette intervention devient nécessaire.
- La péridurale, probablement parce qu’elle entraîne toujours, en pratique, la position allongée, la surveillance continue du rythme cardiaque du fœtus, et souvent la baisse de l’envie de pousser, rend des interventions plus souvent nécessaires pour terminer l’accouchement. Les interventions en question sont, par exemple, les césariennes, les extractions instrumentales (forceps), les épisiotomies (incision du périnée). Ces interventions sont alors, bien sûr, pratiquées à bon escient. Pourtant elles ont, par elles-mêmes, des conséquences plus ou moins gênantes : après l’accouchement, l’épisiotomie reste plus douloureuse qu’une déchirure [6] ; en cas de césarienne, les grossesses suivantes sont plus risquées car le placenta s’implante plus souvent sur la cicatrice et qu’il y a risque de rupture utérine pendant l’accouchement ; les forceps contribuent aux déchirures graves du périnée, avec toutes les conséquences possibles (du type : incontinence urinaire ou fécale). S’il est déraisonnable de refuser ces interventions lorsqu’elles sont nécessaires, il semble rationnel de préférer favoriser les situations qui en minimisent le besoin.
Est-il interdit d’accoucher sans péridurale ?
Il est insupportable que des femmes qui, comptant sur la péridurale et ne présentant pas de contre-indication médicale, ne puissent pas en bénéficier pour des raisons d’organisation des soins (disponibilité de l’anesthésiste, occupation des salles d’accouchement), ou parce que l’analgésie ne marche pas ou laisse tout un côté sensible, voire - et il semble qu’on l’entende encore - par conviction des professionnels. Ces situations, non anticipées, génèrent des traumatismes profonds.
On entend aussi dire que des femmes subissent des pressions qui les poussent à prendre une péridurale qu’elles auraient préféré éviter. Ces pressions sont-elles imaginaires ?
Pression idéologique
- Certains courants diffusent cette idée que la péridurale n’est qu’un bien à imposer à l’humanité et n’admet pas de dérogation, sinon par obscurantisme. Dans son livre La sociologie de l’accouchement [7], B.Jacques rapporte ainsi ces paroles d’un gynécologue-obstétricien : "celles qui ne veulent pas de péridurale, c’est un problème d’éducation ... Elles sont un peu arriérées."
- Dans la même lignée, certains professionnels de santé, persuadés qu’il est humainement impossible d’accoucher sans péridurale, sapent la confiance que des femmes ont en elles-mêmes. Le Bêtiser officiel de l’obstétrique (Boob) rapporte cette scène où un anesthésiste, lors d’une visite de fin de grossesse, dit à une femme déterminée à se passer de la péridurale "Vous semblez bien sûre de vous ! Mais croyez-en notre expérience et sachez bien que si vous dites cela c’est parce que vous n’avez jamais accouché !" [8].
Protocoles qui favorisent la souffrance : immobilité sur le dos
- Lorsque la femme arrive à la maternité pour accoucher, elle est encore le plus souvent forcée de rester allongée sur le dos, immobilisée par des sangles reliées à un appareil de monitoring et par une perfusion. Or, cette position, alliée à l’immobilité contrainte, semble être, pour la plupart des femmes, la plus douloureuse possible. Les études cliniques [9], [10] sont sans appel : les positions verticales diminuent considérablement les douleurs ; et l’expérience des femmes montre que la douleur peut être réellement minimisée par le mouvement et par des positions non imposées mais prises spontanément par la femme en fonction de ce qui la soulage le plus.
- La situation est donc que 1 - les études sont formelles sur le fait qu’il y a des avantages médicaux aux positions autres qu’allongées sur le dos. 2 - le monitoring fœtal peut être pratiqué de façon intermittente, et il est alors aussi efficace, en terme de mortalité et morbidité fœtales , que s’il est laissé en continu. 3 - la perfusion n’est pas nécessaire en routine et elle peut être remplacée par une voie veineuse (cathéter seul) pour anticiper les cas d’urgence.
Il donc faut bien considérer l’obligation d’immobilité comme une pratique inhumaine générant des souffrances sans raison médicale envers toutes les femmes qui accouchent : celles à qui la péridurale n’a pas encore été posée et envers celles qui ne la souhaitent pas d’emblée.
Protocoles qui favorisent la souffrance : administration systématique d’ocytocine
- Une autre intervention est l’administration de cette hormone de synthèse, l’ocytocine, destinée à augmenter les contractions. Elle est indiquée pour certaines situations (déclencher l’accouchement, en cas de péridurale, en cas de problème pendant ou après l’accouchement) mais les protocoles de nombreuses maternités imposent une administration en routine, et le plus souvent omettent d’informer la femme du contenu de la perfusion.
- Les contractions qui en résultent provoquent des douleurs largement supérieures à celles liées aux contractions spontanées. La conséquence est souvent une grande difficulté à gérer la douleur, ce qui fait que les femmes, même si elles ne la voulaient pas, finissent par recourir à la péridurale. Comme la plupart du temps elles ne savent pas que le contenu de leur perfusion est une cause d’accroissement des souffrances, elles repartent avec l’idée que réellement, elles ne sont pas capables de gérer la douleur des contractions. Il serait de bon ton que les protocoles hospitaliers prévoient de n’administrer cette substance qu’au cas par cas, sur réelle indication médicale, et en tout état de cause après en avoir informé la femme.
Ne nous méprenons pas : les douleurs de l’accouchement ne sont pas à imputer uniquement aux protocoles hospitaliers et à l’état mental des femmes. Accoucher fait mal, différemment d’une femme à l’autre. Accoucher, même dans les conditions optimales de confort et de respect, peut être trop, trop douloureux. La péridurale est un progrès, dès lors que les femmes peuvent choisir librement d’y avoir recours en fonction de leurs souhaits et de leurs besoins.
Que réclament les femmes, finalement, péri or not péri ?
Les femmes réclament le droit à disposer de leur corps indépendamment des pressions sociales et médicales. Elles n’ont pas à justifier leur choix concernant l’analgésie en cours d’accouchement, et tout doit être mis en œuvre pour que ce choix soit respecté et accompagné.
Leurs revendications portent donc sur
1 - L’optimisation de l’organisation des soins pour rendre la péridurale possible lorsque la femme en exprime le besoin, hors contre-indication médicale.
2 - L’abstention, de la part de tous les professionnels de santé, de toute expression de mépris et de traitement discriminatoire envers les femmes en raison de leur choix relatif à l’analgésie en cours d’accouchement.
3 - L’évolution des protocoles des maternités pour éliminer tout traitement qui démultiplie la douleur et ajoute des souffrances sans justification médicale prouvée et adaptée à la personne. Cette mesure profiterait à la fois aux femmes à qui la péridurale est contre-indiquée, à celles en attente de péridurale et à celles qui souhaitent s’en passer
Choisir d’être respectée
Comment les femmes peuvent-elles savoir si telle maternité est respectueuse des choix de chacune ? Les indicateurs proposés (comme le classement des maternités par la presse) font bonne part au pourcentage de péridurale, ce qui ne rend pas compte de la diversité des souhaits des femmes et de la réponse qui leur est apportée. Il serait utile de connaître la part de femmes dont les choix ont bien été accompagnés et respectés. C’est un enjeu de la qualité des soins en maternité et tant que citoyens d’un pays développé, nous y sommes particulièrement attachés.
[1] Toutes les sources médicales de cet article ont la certification HONcode, qui vise à garantir la qualité des sites internet d’information médicale. http://www.hon.ch/
[2] Source http://www.sfar.org/infoapdobst.html "Une difficulté transitoire pour uriner est fréquente lors d’un accouchement et peut nécessiter un sondage évacuateur de la vessie. Une baisse transitoire de la pression artérielle peut survenir. Si les dérivés de la morphine ont été utilisés, une sensation de vertige, des démangeaisons passagères, des nausées sont possibles. Des douleurs au niveau du point de ponction dans le dos peuvent persister quelques jours mais sont sans gravité."
[3] Haute autorité de santé/ Mission pour le développement de la médiation, de l’information et du dialogue pour la sécurité des soins. Guide pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales en maternité. http://www.sfhh.net/telechargement/recommandations_guidematernite.pdf
[4] Source http://www.sfar.org/infoapdobst.html "Exceptionnellement, des maux de tête majorés par la position debout peuvent apparaître après l’accouchement. Le cas échéant, leur traitement vous sera expliqué. Dans de très rares cas, une diminution transitoire de la vision ou de l’audition peut être observée. Des complications plus graves : convulsions, arrêt cardiaque, paralysie permanente ou perte plus ou moins étendue des sensations, sont extrêmement rares."
[5] Informations sur les médicaments provenant directement de la FDA, Food and Drugs Administration, organisme de contrôle sanitaire des Etats-Unis. http://www.drugs.com/pro/syntocinon.html "The following adverse reactions have been reported in the mother : Anaphylactic reaction, Postpartum hemorrhage, Cardiac arrhythmia, Fatal afibrinogenemia, Nausea, Vomiting, Premature ventricular contractions, and Pelvic hematoma [... ]" (la liste continue, incluant une complication fatales à la mère ou à l’enfant)
[6] Recommandations de pratique clinique de Collège national des gynécologues obstétriciens français http://www.cngof.asso.fr/D_PAGES/PURPC_14.HTM "Dans le post-partum immédiat, les patientes ayant eu une épisiotomie se plaignent de douleurs périnéales plus que celles ayant accouché avec un périnée intact ou une déchirure du 1er ou du 2e degré (Grade B). Cette différence n’existe plus à 3 mois de l’accouchement."L’épisiotomie semble augmenter le risque d’hémorragie du post-partum (Grade B). Un certain nombre de traumatismesfœtaux ont également été décrits lors de la réalisation de l’épisiotomie."
[7] Sociologie de l’accouchement, Béatrice Jacques, ed. Puf. 2007 ISBN 978-2130558323
[8] Source http://boob.over-blog.fr/article-19763426.html
[9] Melzack R, Belanger E, Lacroix R. Labor pain : effect of maternal position on front and back pain. J Pain Symptom Manage. 1991 Nov ;6(8):476-80 (fiche AFAR 1134). http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/1835474 ?dopt=Abstract, traduit en français par l’AFAR http://afar.info/id=1134
[10] Gupta JK, Nikodem VC, Women’s position during the second stage of labour. Cochrane Database Syst Rev.2000 ;(2) :CD002006
Auteur : Emma Plaf
L'obstétrique en France
lundi 24 novembre 2008
MANIFESTE
MANIFESTE
en faveur du droit à l'accouchement à domicile
accompagné par une sage-femme
Largement inspiré du manifeste des 343 salopes
Signez encore, on ne va pas en rester là !
Chaque année en France, des femmes accouchent sans assistance médicale, faute de trouver une sage-femme qui puisse / veuille les accompagner dans cette démarche.
Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cet acte pourrait être réalisé sous la surveillance médicale d'une sage-femme.
On fait le silence sur ces femmes. Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir accouché sans assistance médicale ou envisager de le faire.
De même que nous réclamons pour toute femme le libre accès aux maternités hospitalières, nous réclamons le droit d'accoucher à domicile accompagnées par une sage-femme.
Accouchement
C'est une affaire de bonnes femmes, quelque chose comme la cuisine, les langes, quelque chose de sale. Lutter pour obtenir le droit à l'accouchement à domicile accompagné par une sage-femme et remboursé par la sécurité sociale, cela a l'air dérisoire ou mesquin. Toujours cette odeur d'hôpital ou de nourriture, ou de caca derrière les femmes.
La complexité des émotions liées à la lutte pour l'accouchement à domicile indique avec précision notre difficulté d'être, le mal que nous avons à nous persuader que cela vaut le coup de se battre pour nous.
Il va de soi que nous n'avons pas comme les autres êtres humains le droit de disposer de notre corps. Pourtant notre ventre nous appartient ! Il est de nécessité vitale que les femmes récupèrent et réintègrent leur corps. Elles sont celles de qui la condition est unique dans l'histoire : les êtres humains qui, dans les sociétés modernes, n'ont pas la libre disposition de leur corps. Jusqu'à présent, seuls les esclaves ont connu cette condition.
Le scandale persiste. On voudrait crier.
Réclamer le droit d'accoucher chez soi accompagnée d'une sage-femme, c'est un combat enthousiasmant dans la mesure où si je le gagne, on reconnaît que je m'appartiens en propre et non plus à l'Etat, à une famille, à un système médical qui nie mon droit à choisir où et comment je dois donner naissance à mon enfant.
Cela implique un changement radical des structures mentales des femmes et un changement non moins radical des structures de la société.
- J'accoucherai où et comme j'en ai envie. Nulle pression morale, nulle institution, nul impératif économique ne peut me contraindre à accoucher en milieu hospitalier. Cela est mon pouvoir politique. Comme tout producteur, je peux, en attendant mieux, faire pression sur la société à travers ma production (grève d’enfants).
- Je ferai naître mon enfant dans un lieu qui est convenable pour moi. Je réclame que la sécurité de cet acte soit assurée par la présence d'une sage-femme à mes côtés. Il est discriminatoire et potentiellement meurtrier de refuser d'assurer un accompagnement médical à une femme sous prétexte qu'elle fait le choix d'accoucher à son domicile.
- En faisant le choix d'accoucher à domicile, j'agis en tant qu'être humain responsable de ses actes. Je ne suis ni fragile, ni vulnérable, ni influençable. Je suis maître de mes décisions.
Non à la liberté surveillée
La bataille qui s'est engagée autour de l'accouchement à domicile se passe au-dessus de la tête des principales intéressées, les femmes. La décision du lieu de naissance ne leur appartient pas plus qu'avant.
Tout est envisagé : projets de Maisons de Naissance hospitalières, pôles physiologiques, accès des sages-femmes libérales à un plateau technique... Le principe reste qu'il est légitime aujourd'hui de vouloir forcer les femmes à accoucher en milieu hospitalier.
Nous lutterons jusqu'au bout parce que nous ne voulons rien de plus que notre dû : la libre disposition de notre corps et la protection médicale accordée à toute femme qui enfante dans notre pays.
Pour signer le manifeste, http://dechaineesweb.free.fr/index.php?page=q
Mon gygy est formidable
texte du sketch présenté par Patrick Stora, vice-président de l'AFAR,
en ouverture de la table ronde sur l'accueil et l'écoute en
maternité, à l'occasion de le 2e Journée Petite Enfance, à la mairie
du 14e arrondissement de Paris, le 16 mai 2004.
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Sketch retraçant le « colloque singulier » entre deux protagonistes,
le médecin (Dr) et sa patiente (Mme).
- Dr: bonjour madame, que puis je faire pour vous?
- Mme: bonjour docteur, je crois que je suis enceinte.
- Dr: très bien, nous allons voir cela, quelle est la date de vos
dernières règles?
- Mme: le premier jour était le 1er avril, je m'en souviens bien,
d'autant que je suis très bien réglée.
- Dr: vous seriez enceinte du 15 avril sans doute, nous allons
vérifier cela par une échographie...
Bien, les mesures échographiques donnent un début de grossesse du 12 avril.
- Mme: mais, docteur mon mari n'est rentré de déplacement que le
14 avril.
- Dr: je suis désolé madame, l'échographie affirme le 12 avril.
Bien, nous allons faire la déclaration de grossesse, les examens au
laboratoire et vous reviendrez une fois par mois en consultation.
Vous aurez une nouvelle échographie le 25 juin pour le dépistage de
la trisomie, une prise de sang entre le 12 juin et le 7 juillet pour
ce même dépistage.
- Mme: mais docteur, est-ce la peine ? On m'a dit que ces examens
n'étaient pas vraiment fiables.
- Dr: c'est mieux pour vous. Et puis, vous aurez été prévenue, et
moi je suis couvert.
Et puis, vous savez, l'amniocentèse ne cause que 0.5% de fausses
couches. Il vaut mieux une fausse couche, c'est plus vite oublié
qu'un enfant mongolien que l'on traîne toute sa vie.
Ensuite vous aurez l'échographie morphologique le 4 septembre par
notre échographiste de référence. Il vous en coûtera 50 euros, non
pris en charge par la Sécurité Sociale, vous comprenez, le prix des
assurances avec tous ces procès !
Enfin, à 8 mois vous prendrez rendez-vous avec l'anesthésiste pour la
péridurale.
- Mme: mais docteur, je ne sais pas si j'en veux.
- Dr: avoir mal au 21e siècle, enfin madame... De toute façon, il
faudra vous décider maintenant, et au mieux le matin quand vous
rentrerez pour accoucher. Nous fixons la date au 2 janvier.
- Mme: un déclenchement, docteur?
- Dr: si vous voulez, disons que l'on évitera les surprises, vous
aurez passé tranquillement les fêtes de fin d'année en famille, et
ensuite, toute l'équipe sera là pour vous accueillir et vous serez
sûre d'avoir votre péridurale. A 8 heures on démarre, et vous aurez
votre bébé avant la soirée... Super, non?
Ah oui, vous prendrez quelques cours de préparation à l'accouchement
avec les sages-femmes, cela leur fera plaisir. Moi je trouve cela
superflu, puisque avec la péridurale vous n'aurez pas mal, c'est bien
là l'essentiel.
D'ailleurs il n'est pas utile que vous appreniez à pousser puisque
vous aurez un forceps, et aussi une épisiotomie pour éviter les
incontinences.
Vous n'êtes pas allergique aux antibiotiques, madame?
- Mme: non docteur, pourquoi?
- Dr: vous aurez aussi une délivrance artificielle du placenta, cela
évitera l'attente et, au cas où, l'hémorragie. Donc avec la
délivrance, vous aurez des antibiotiques.
- Mme: merci docteur. Que pensez vous de l'haptonomie?
- Dr: l'ap quoi? Ecoutez madame, c'est une maison sérieuse ici,
alors lisez des livres convenables, Laurence Pernoud si vous voulez,
ou mieux n'écoutez que mes conseils !
- Mme: et pour allaiter mon enfant au sein?
- Dr: ah oui, c'est un peu la mode actuellement, vous en parlerez
avec la sage-femme, c'est des trucs de femme après tout.
Au revoir madame.
Accouchement volé
Objet : Mon accouchement
Lettre recommandée avec accusé de réception
Madame H------------,
J’ai effectué entre juillet et septembre 2008 ma préparation à l’accouchement à la clinique ---------. Au cours de ces séances de préparation, il avait été expliqué qu’un certain nombre de manipulations : rupture artificielle de la poche des eaux, accélération du travail par utilisation d’ocytocine, étaient épargnées aux mamans qui faisaient le choix d’accoucher sans péridurale, car elles étaient douloureuses. Concernant l’épisiotomie, il a été mentionné que son recours était limité à des cas très précis.
Souhaitant un accouchement le plus naturel possible, j’avais fait le choix d’accoucher sans péridurale et donc sans ces manipulations que je considère non nécessaires, voire préjudiciables.
Le 11 septembre dernier, j’ai accouché dans cette même clinique et c’est vous qui vous êtes « occupé» de mon accouchement.
Dés que vous m’avez prise en charge, vers 8h30, je vous ai fait savoir que je souhaitais un accouchement naturel à savoir, sans intervention médicale non nécessaire, soit : pas de péridurale, pas d’accélération artificielle du travail, pas d’épisiotomie, si cela ne s’avérait pas objectivement et impérativement nécessaire pour la santé de mon enfant.
Vers 9h00 mon époux et moi-même vous avons clairement reprécisé que nous souhaitions un accouchement non médicalisé après avoir signé le document qui désigne la personne de confiance et la personne à prévenir. Vous n’avez fait aucune opposition à cela.
Vous avez semblé respecter ma volonté et m’avez laissé me déplacer à ma guise dans la salle de naissance jusqu’à environ 10H30, heure à laquelle vous m’avez demandé de m’allonger pour un contrôle. Ce touché a été très douloureux et à son issue vous avez indiqué que la poche des eaux était fissurée et que le liquide était légèrement teinté ce qui n’était pas grave.
J’ai appris plus tard, à la lecture de mon dossier médical, qu’en réalité vous aviez pratiqué une Rupture Artificielle de la poche des eaux et non un simple touché de contrôle.
Un peu plus tard, vous avez insisté pour me poser une perfusion alors que je n’y tenais pas.
Vous avez mentionné qu’il s’agissait d’une simple mesure de précaution et que vous ne mettriez rien dans celle-ci sans m’en avertir.
Un peu plus tard, alors que la douleur s’accentuait, vous m’avez proposé, comme la perfusion était installée, d’y adjoindre un peu de Spasfon, ce que j’ai accepté.
En revanche, c’est mon dossier médical qui m’a appris que vous aviez introduit dans la perfusion vers 12H30 du syntocinon, contre ma volonté et sans m’en informer.
Peu après, vous m’avez fait allonger. Vous souhaitiez à nouveau « vérifier quelque chose ». Dans la mesure où, peu avant, vous m’aviez manipulée pour essayer de faire bouger le bébé qui n’était, d’après vos dires, pas positionné de façon optimale, je ne me suis pas méfiée.
Vous m’avez demandé de pousser « un peu pour voir », puis tout s’est brusquement accéléré (certainement à cause de l’ocytocine), à commencer par les contractions qui me laissaient à peine le temps de reprendre mon souffle et certainement pas mes esprits entre les poussées que vous avez encouragées à vive voix, jusqu'à la fin de l’expulsion.
J’avais perdu tout contrôle sur MON accouchement.
Peu après, est arrivé le Docteur K------------, qui une fois disposé à s’occuper de moi, après plus de 5 min d’installation, m’a déclaré « si j’avais coupé il serait déjà là ». Choquée par cette phrase surprenante je me suis tendue, j’ai répondu « Non on ne coupe pas » et j’ai essayé de changer de position, pour me mettre sur le coté. Mais on m’a retenue et le Docteur a demandé que l’on me mette l’oxygène … ce que vous avez fait.
A partir de cet instant là je ne contrôlais plus rien du tout, ne voyant plus trop ce qui se passait entre mes jambes et ne pouvant plus m’exprimer à cause de ce masque que j’ai tenté de repousser plusieurs fois mais qui chaque fois me revenait sur le visage, sitôt que, la contraction passée, je cessais de pousser.
C’est dans ces conditions, muselée et impuissante, que j’ai entendu mon mari crier « non ne la coupez pas !! » alors que je me concentrais sur ma respiration pour reprendre le dessus.
J’ai ouvert le yeux, tétanisée de peur, et j’ai senti entre mes jambes une forte et soudaine douleur puis plus rien, avant même d’avoir eu le temps de me dégager pour me protéger.
Hébétée, j’ai compris que le docteur avait pratiqué une épisiotomie. Les larmes au bord des yeux, la gorge nouée, j’ai poussé, pour faire passer les épaules lorsque l’on m’a dit de le faire mais n’ai pas pu répondre lorsque l’on m’a demandé si je voulais attraper mon bébé.
L’arrivée d’un enfant est un moment unique, un moment extrêmement important dans la vie d’un couple. Ce moment nous aurions aimé en profiter, et nous aurions souhaité le vivre comme nous l’avions décidé, sereinement et naturellement. Mais vous nous l’avez volé.
En outre, dans les jours qui ont suivi, le plaisir des moments partagés avec mon enfant a été terriblement entaché par l’atroce douleur qui me tiraillait chaque fois que je voulais m’asseoir pour l’allaiter ou le bercer.
L’importante cicatrice laissée par l’épisiotomie mal suturée me rappellera jusqu’à la fin de mes jours le plaisir gâché de ce 11 septembre 2008 et les souffrances physiques et morales endurées par la suite. Souffrance qui perdurent aujourd’hui, tant pour moi que pour mon époux, qui culpabilise encore ne pas avoir compris plus tôt que personne n’avait l’intention de respecter notre volonté et que le médecin inciserait mon périnée sur près de 5cm sans même m’en informer au préalable.
Aussi vous comprendrez que je trouve le déroulement des évènements du 11 septembre terriblement injuste et que je cherche à comprendre pourquoi je n’ai pas pu vivre MON accouchement comme JE le souhaitais. Pourquoi, ce jour là, tout s’est finalement déroulé comme si je n’existais pas, comme si je ne comptais pas, alors que j’étais, au final, la première concernée.
C’est dans ce but que je vous écris aujourd’hui, afin de vous demander pourquoi vous avez rompu artificiellement la poche des eaux, pourquoi vous avez introduit du syntocinon dans la perfusion, pourquoi vous n’avez pas laissé faire la nature comme je vous l’avais demandé ? Et surtout pourquoi avoir fait tout cela à mon insu et sans me laisser aucun choix alors que je vous faisais confiance ?
Enfin, je ne peux pas non plus comprendre comment, en tant que femme, vous n’avez pas empêché le docteur K------- de me mutiler alors que j’avais réitéré devant lui mon refus catégorique concernant l’épisiotomie et qu’aucun élément connu de vous, de lui et de nous ne justifiait cela ?
Espérant recevoir des réponses à mes questions, je vous prie d’agréer, Madame, mes salutations.
Prénom Nom
(Signature)
Où accoucher : faut-il élargir l’offre de soins ?
Lila Rozé se fait ainsi l’écho d’une certaine opinion publique, qui est aussi celle des obstétriciens. "La sécurité passe par la médicalisation", répondent les professeurs J. Lansac et B. Carbonne à un article de la magistrate Viviana Salomé paru dans la revue Prescrire de mars 2005.
La sécurité des accouchement passe-t-elle par leur médicalisation ?
On peut le penser, mais les épidémiologistes et les chercheurs ne l’ont pas prouvé.
Citons cette étude d’une revue scientifique [1], qui porte sur des enfants dont les mères ont accouché avec une sage-femme aux États-Unis en 1991. Ces naissances ont été comparées à un large échantillon de naissances assistées par des médecins, pour des femmes présentant les mêmes caractéristiques. En tenant compte des facteurs sociaux et du risque médical, les enfants nés de mères accompagnées par des sages-femmes ont eu un tiers de chances en moins de mourir au cours de leur première semaine et 20 % de chances en moins de mourir pendant leur première année.
Il s’agit juste d’une étude. Même cent études concordantes n’infléchiraient pas la pensée de ceux que la médicalisation rassure. Mais quelle place accorder aux personnes qui, elles, préfèrent éviter les traitements et les interventions lorsque cela reste compatible avec leur propre lecture du risque ?
La médicalisation nécessaire au confort médico-légal ?
Enceinte, j’ai voulu discuter des modalités de la surveillance du rythme cardiaque fœtal pendant mon accouchement. L’intérêt de cette surveillance, couramment dénommée "monitoring", c’est de déceler un bébé qui va mal. Concrètement, il s’agit de bandes à scratch contenant des capteurs qu’on enroule autour du ventre de la femme. Le résultat est transmis à un appareil qui enregistre et imprime les courbes. La majorité des maternités installent le dispositif à la femme dès son arrivée, ce qui la contraint à rester allongée et gênée dans ses mouvements pendant toute la durée de l’accouchement. Je souhaitais, moi, bénéficier d’un monitoring intermittent, 10 minutes par heure par exemple, pour bénéficier de ma liberté de mouvement.
Mais je n’allais quand même pas compromettre ma sécurité et celle de mon bébé avec mes caprices, n’est-ce pas ? Justement, non. Un organisme public à caractère scientifique, la Haute autorité de la santé (HAS) [2], met à disposition des études d’évaluation de pratiques, en s’appuyant sur la littérature scientifique. Sa publication intitulée Intérêt et indications des modes de surveillance du rythme cardiaque fœtal au cours de l’accouchement normal compare deux méthodes de monitoring : en continu, ou par intermittence. La conclusion, c’est qu’il n’y a pas de différence statistique de mortalité ou de séquelles neurologiques entre un monitoring continu et un monitoring intermittent. Mais le monitoring continu entraîne plus d’interventions de type césarienne et forceps, à cause de faux positifs, ces fausses alertes qu’on traite comme des vraies urgences.
Je tenais le bon bout : ce que je souhaitais n’est pas mauvais pour le bébé et peut éviter un enchaînement d’interventions généré par des faux positifs. Cela m’aurait permis d’être libre de mes mouvements, ce qui diminue la douleur (j’avais eu l’occasion de le remarquer et j’ignorais encore que les études scientifiques le confirment). Diminuer la douleur parce que c’est toujours bon à prendre en attendant la péridurale, que je souhaitais demander le plus tard possible.
Cela n’a pas intéressé mon obstétricien. No way, il a dit. Des raisons médicales ? Non : "Le monitoring continu, c’est obligatoire, Madame, c’est médico-légal." Le risque médico-légal, c’est quand le médecin a peur qu’on lui reproche un jour de ne pas avoir mis une ceinture et des bretelles à ses patients. Ce risque-là n’entre pas en compte dans ma perception de ma sécurité et celle de mon bébé. Je suis allée accoucher ailleurs.
Élargir l’offre de soins ?
Est-ce que les femmes peuvent choisir les conditions dans lesquelles elles vont mettre un enfant au monde au terme d’une grossesse qui s’est déroulée normalement ? En France, en 2007, la réponse est non : toutes les maternités sont médicalisées.
Des maisons de naissance permettraient d’élargir le choix des femmes, en l’absence de problème de santé et de complication de la grossesse. Ces structures seraient gérées par des sages-femmes uniquement, qui suivraient la grossesse, l’accouchement et la période postpartum. On s’attend à ce que l’accouchement s’y déroule sans intervention autre qu’une surveillance discrète (comme le monitoring intermittent), que des actes ne soient réalisés que s’ils sont nécessaires pour cette femme à ce moment-là. Les maisons de naissance seraient insérées dans un réseau de santé, avec des maternités partenaires vers lesquelles les femmes peuvent être transférées. Ainsi, les femmes bénéficieraient d’un accompagnement personnalisé. Parce que la sécurité des accouchements passe aussi par une médicalisation adaptée à chaque cas.
L’ouverture de maisons de naissance en France, nous rappelle Le Monde, a été promise par le ministre de la Santé en 2001, et préconisée dans le plan périnatalité 2005-2007. L’expérimentation doit d’abord durer trois ans, ce qui permet de vérifier que le principe est viable.
L’opinion publique est-elle favorable à des espaces peu médicalisés ?
Sur le sujet des maisons de naissance, les commentaires fusent.
Pour certains, il faudrait améliorer les espaces au sein des maternités. Ce qui est vrai.
Oui, renchérissent les autres, on ne peut pas faire des maisons de naissance et des économies. Ce qui est faux.
D’après les calculs présentés sur le coût de fonctionnement des maisons de naissance, on s’attend à une économie de 765 euros par grossesse pour la collectivité. Soit, sur la base de 25 % des naissances, 150 millions d’économies par an. C’est beaucoup. À titre de comparaison, le budget annoncé en 2005 pour mettre aux normes les hôpitaux et cliniques en nombre de sages-femmes, praticiens et infirmiers était de 130 millions d’euros.
Voilà l’idée : les maisons de naissance permettent d’élargir l’offre de soins et de générer des économies, ce qui peut servir à améliorer d’autres secteurs de la santé. Sans compromis pour la sécurité, et les modalités pour assurer cette dernière seraient déterminées lors de l’expérimentation.
L’Angleterre, elle, considère que l’élargissement de l’offre de soins est réalisable. Le gouvernement britannique prévoit de permettre à chaque femme le choix entre l’accouchement à l’hôpital, en maison de naissance ou à domicile d’ici 2009, d’après un communiqué de la BBC (traduit).
La décision française d’arrêter les projets de maison de naissance n’a pas, à l’heure qu’il est, fait l’objet de confirmation par le ministère de la Santé. Parents, professionnels et simples curieux aimeraient bien savoir si l’élargissement de l’offre de soins en maternité est toujours à l’ordre du jour.
[1] MacDorman, M. F., et al. "Midwifery Care, Social and Medical Risk Factors, and Birth Outcomes in the USA", J. Epidemiol Community Health 52, no. 5 (1998) : 310-7.
[2] Mission de la HAS : elle éclaire par ses avis scientifiques, d’une part, les représentants de l’État garant de la planification et du fonctionnement du système de santé et les caisses d’assurance maladie responsables de sa régulation financière, et d’autre part, les professionnels de santé, les patients et les usagers du système de soins. http://www.has-sante.fr/portail/display.jsp ?id=c_549507#c_549508%5D