vendredi 20 mars 2009

L'effet « nourrisson »

Source : Pour la Science

L'effet « nourrisson »

Pourquoi les femmes sont-elles si sensibles aux visages de nourrissons? À cause des hormones, bien sûr!
Sébastien Bohler

Une expérience de psychologie amusante consiste à observer des jeunes hommes et des jeunes femmes dans une réunion où l'on amène un nourrisson. Les jeunes femmes (certaines, au moins) s'attroupent et s'extasient. «Il est mignon !», «Quel chou !», «Regarde ces grands yeux...» : c'est bien simple, il n'y en a que pour lui. Les hommes, pendant ce temps, après avoir considéré d'un air surpris cette incompréhensible manifestation de vénération enfantine, s'en vont prendre un verre en discutant sport ou travail.


Manifestation d'un machisme invétéré ? Voire ! Car l'effet nourrisson est une réalité trempée dans les hormones, et mise en évidence par des psychologues de l'Université de Saint Andrews. Ils ont montré à des jeunes femmes et à des jeunes hommes des visages de poupons présentant des différences plus ou moins apparentes quant à la taille des yeux, la rondeur des joues ou du nez, qui les rendaient plus ou moins attirants.



Comme on s'en doutait, les femmes ont détecté ces différences bien plus efficacement, mais la suite de l'expérience a permis de comprendre pourquoi : chez les femmes âgées de plus de 53 ans, l'effet nourrisson s'estompe, signe d'une influence hormonale, puisque les hormones féminines telles que la progestérone et les estrogènes cessent d'être produites à partir de la ménopause, vers 51 ans.


La progestérone et les estrogènes expliqueraient ainsi l'effet nourrisson. Les psychologues s'en sont assurés en étudiant la sensibilité de jeunes femmes à l'effet nourrisson, selon qu'elles prennent ou non la pilule. Cette dernière contient en effet une association de progestérone et d'estrogènes.


Le test fut sans appel : la pilule renforce l'effet nourrisson.


Là encore, c'est logique, puisque les estrogènes et la progestérone reproduisent le climat hormonal de la femme enceinte. En pareille situation, l'organisme se prépare à être en totale fusion avec un probable nouveau-né. Pour les hommes, c'est une façon de se consoler de leur relative inaptitude à s'extasier devant le premier poupon venu.

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