Les circuits neuronaux permettant de percevoir la douleur commencent à se former deux semaines avant la naissance, selon des neurologues britanniques.
Longtemps, on a pensé que le nouveau-né ne ressentait pas la douleur, parce que son cerveau n’était pas assez mature. Jusque dans les années 1960 l’anesthésie des nouveau-nés pour certaines interventions médicales était même jugée inutile. Depuis, plusieurs études ont prouvé que les bébés sont sensibles à la douleur dès leur première semaine de vie. Et les pratiques médicales ont changé en conséquence. Une étude britannique va encore plus loin : elle démontre que les réseaux neuronaux permettant de distinguer la douleur d’une stimulation tactile « normale » commencent à émerger vers 35 semaines de grossesse, soit deux semaines avant la naissance à terme.
Lorenzo Fabrizi, de l’université de Londres, et ses collègues ont sélectionné 46 bébés : 25 bébés nés à terme, entre 37 et 41 semaines de grossesse, et 21 bébés nés prématurément entre 28 et 36 semaines de grossesse. Ils ont réalisé un électroencéphalogramme de ces bébés afin d’enregistrer l’activité de leur cerveau lors de deux stimulations tactiles différentes. La première stimulation, non douloureuse, consistait en un toucher du talon avec un marteau à réflexe. La seconde, douloureuse, était une piqûre sur le talon couramment pratiquée chez les nouveau-nés pour effectuer des prélèvements sanguins. Les neurologues ont constaté que, selon l’âge des bébés, la réponse cérébrale à ces deux stimulations variait.
- Stimulation électrique
« En 2010, cette équipe avait montré que, chez les bébés nés à 36 semaines de grossesse, une stimulation douloureuse provoque une réponse neuronale spécifique, précise Édouard Gentaz, de l’université de Grenoble. Cette nouvelle étude, qui porte sur des bébés nés à des âges très différents, apporte des résultats plus précis, en montrant que la signature neuronale de la douleur émerge entre 35 et 37 semaines de grossesse. Ces résultats encouragent à être encore plus vigilants sur la nature des soins et le contrôle de l’environnement, stressant, des services de néonatalogie : un défaut de prise en charge de la douleur chez les prématurés pourrait avoir un impact à long terme sur leur développement . »
La Recherche
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