Le Pr René Frydman, "père" du premier bébé-éprouvette français (Amandine, née en 1982) explique pourquoi il a signé le manifeste, lancé la semaine dernière par 82 personnalités, contre la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) (cf. Synthèse de presse du 13/05/09).
Convaincu que cette pratique servirait "quelques nantis" et qu'il ne peut y avoir de mères porteuses sans commerce, il dénonce avec véhémence cette "location d'utérus au profit d'une autre personne, avec des intermédiaires, des avocats, des médecins qui prennent chacun leur dû sur le dos de la femme". "C'est ce que j'appelle l'aliénation, l'esclavage, la dépendance", poursuit-il.
Pour René Frydman cette question est loin d'être un problème de santé publique, celle-ci ne concernant qu'un très petit nombre de personnes, dont certaines n'ont pas de motivations médicales. "Pourquoi irait-on se fourrer dans cette galère, alors que nous n'arrivons déjà pas à satisfaire aux besoins plus importants ?"
"Je passe mon temps à dire aux femmes qui reçoivent un don d'ovocytes : ça n'est pas votre enfant biologique, mais pendant neuf mois vous allez le porter, l'absorber physiquement et symboliquement, et quand vous accoucherez ce sera vraiment le vôtre. Imaginez maintenant le discours face à une mère de substitution : "Madame, vous allez porter un enfant mais surtout ne vous y attachez pas, on va vous le prendre dès qu'il sortira et vous ne le verrez plus". Je ne peux pas m'imaginer faire ça !", témoigne-t-il. "L'exploitation de l'humain par l'humain est inacceptable. Le jour où je verrai défiler des manifs de femmes dans la rue criant "nous voulons porter pour les autres", je reconsidérerai peut-être ma position."
Quant aux dons de gamètes, si, il y a quelques temps, le Pr Frydman avait proposé de mettre en place un système incitatif (entendez rémunération) pour faire face à la "pénurie" de dons d'ovocytes, il semble aujourd'hui revenir sur sa proposition, constatant que "la logique mercantile s'installe".
Il propose donc, pour aider les femmes stériles, d'exploiter d'autres solutions comme l'adoption et la greffe d'utérus pour les femmes qui en sont privées ou encore la congélation d'ovocytes pour celles qui ne peuvent ovuler.
L'Express.fr (Gilbert Charles) 15/05/09
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