samedi 10 avril 2010

De l'éloignement des maternités...

Source : ladepeche.fr

Biars-sur-Cère. Un drame de l'accouchement évité de justesse

Céline et Nicolas Lafage avec leur petite Kathy, née après un accouchement mouvementé./Photo DDM, B. T.
Céline et Nicolas Lafage avec leur petite Kathy, née après un accouchement mouvementé./Photo DDM, B. T.
Céline Lafage est heureuse : sa petite Kathy de 2,5kg pour 45cm se porte comme un charme, câlinée par le papa Nicolas, sa grande sœur de 6 ans Chloé et son grand frère de 3 ans Théo. Pourtant, la naissance de Kathy a donné quelques sueurs froides, aujourd'hui transformées en colère contre la clinique Saint-Germain de Brive.
« Le terme était prévu le 3 avril mais j'avais des contractions quinze jours avant. Le vendredi 19 mars, je me suis rendue à la clinique Saint-Germain de Brive où je devais accoucher. Le col avait une ouverture de 3 cm. On m'a donné quelque chose, les contractions ont cessé et ils n'ont pas voulu que je reste. C'est dans la nuit du dimanche 21 à lundi 22 mars, que j'ai perdu les eaux, chez moi à Biars-sur-Cère. J'ai appelé les pompiers de Bretenoux et le Samu qui a envoyé le Smur de Saint-Céré. Une sage-femme de Saint-Céré, Véronique Marquis, est aussi arrivée. Je veux les remercier car sans eux je ne serais peut-être plus en vie. J'ai accouché accroupie dans la salle à manger. Nicolas était assis derrière moi. Kathy est née 10 minutes après. En tout, cela a duré 50 minutes. Mais j'ai perdu plusieurs litres de sang. La délivrance ne se faisait pas bien et il a fallu un geste technique de la sage-femme. J'ai été évacuée vers le clinique Saint-Germain où on m'a reproché d'avoir alerté les secours, en affirmant que j'aurais eu le temps d'arriver jusqu'à Brive ! Malgré un taux de 6,5 d'hémoglobine, ils ont refusé de me transfuser en me disant que j'étais trop jeune. Je suis sortie cinq jours après, faible, mais on ne m'a pas donné d'ordonnance. J'ai dû aller moi-même chez un médecin. »

Le gynécologue retourne l'accusation

Arnaud Cayol, gynécologue mis en cause, réfute ces accusations. « Le 19 mars, Mme Lafage a refusé le déclenchement. Nous lui avons expliqué qu'on ne gardait pas une patiente avec une ouverture de 3 cm, lorsque l'on ne sait pas quand doit avoir lieu l'accouchement. Nous lui avons déconseillé de retourner à Biars en raison des risques, et que si elle devait attendre, elle pouvait le faire dans un hôtel à Brive, en lui proposant de déclencher l'accouchement le lundi matin. Elle a refusé et elle est partie, nous assurant qu'elle verrait avec les gens de Saint-Céré. Quant à la transfusion sanguine, on ne transfuse pas en tenant compte du seul taux d'hémoglobine, on analyse d'autres critères. Enfin, cette dame est partie sans passer au secrétariat prendre l'ordonnance. Nous la lui avons envoyée. »
Au-delà de ce cas particulier, se pose la question de l'enclavement du nord du Lot, comme de l'éloignement d'une maternité depuis la fermeture de celle de Saint-Céré en 1997 puis de Figeac en mai 2009.

Une dizaine de naissances par an hors maternité

Chaque année, les sapeurs-pompiers du Lot transportent une trentaine de femmes en couche. Et une dizaine de bébés lotois naissent à domicile ou dans un véhicule, faute d'avoir pu atteindre la maternité. Véronique Marquis, sage-femme ayant travaillé à la maternité de Saint-Céré, a fait le choix, après la fermeture du service, de rester à Saint-Céré pour répondre aux situations d'urgence qu'elle pressentait et répondre aux demandes de mamans souhaitant accoucher à domicile (7 en 2009). « De temps à autre, j'assiste le Smur pour des accouchements à domicile, une dizaine par an. Les deux derniers cas, à Thégra en décembre et à Biars fin mars, les mamans avaient été renvoyées chez elles par la clinique ». Elle confirme que l'accouchement de Céline était critique et aurait pu mal tourner.

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