lundi 15 février 2010
ORGASMIO -- L'orgasme médicalement assisté
Parodie de Lynn Baptisti et Dr. Harlan Sparer, D.C.
Si les hommes étaient conditionnés à croire dès la plus tendre enfance que la perte de contrôle lors de l'orgasme était dégoûtante, ne chercheraient-ils pas des méthodes de contrôle afin de ne pas sentir l'orgasme?
Si les hommes savaient qu'il y a des femmes, professionnelles, protectrices, appelées Medicas, fin prêtes à leur administrer un médicament dès que la sensation deviendrait insupportable...
Si chaque représentation médiatique de l'orgasme incluait l'urgence ou la mort....
Si leur propres pères n'avaient pas décrit l'orgasme comme étant «L'Enfer », et n'étaient pas éternellement reconnaissants envers les Medicas de les avoir soustraits à l' orgasme... De quelle manière les hommes envisageraient-ils ce passage de leur existence?
Imaginez ceci...
Vers l'âge de 17 ans, lorsque les hormones de Daniel atteignirent leur maturité, on lui conseilla de commencer ses visites annuelles aux Medicas pour un examen physique et psychologique.
Pendant la visite, la taille et le fonctionnement de son pénis étaient testées, et toutes les maladies ou dysfonctions potentielles passées au peigne fin. Tous les tests auxquels procéda la Medica étaient cachés de la vue de Daniel. Son seul indice par rapport aux résultats était l'expression faciale de la Medica. Toutes les informations de son dossier étaient conservées et classées secrètement loin de lui, incapable qu'il était de comprendre des choses aussi complexes.
Tandis qu'il était en train de se faire examiner, Daniel eut peur et tressaillit de douleur. «Si vous ne pouvez même pas supporter cela, comment allez vous passer au travers de l'orgasme?»
Ses questions concernant sa sexualité en plein développement furent réduites à une simple explication sur les hormones.
Ensuite la Médica lui tapota la tête d'un geste maternel, tandis qu'elle lui tendait une ordonnance. «Ne vous inquiétez pas mon chou. Tout va bien. Prenez ça si les choses empirent trop, et que vous réalisez que vous ne pouvez pas vous contrôler. Je vous encourage fortement à suivre les cours de préparation à l'orgasme de l'hôpital.»
Daniel et sa petite amie, Daisy Lou, décidèrent de suivre le cours, même si elle n'était pas sûre de vouloir être présente lors de l'orgasme. Durant les cours, ils apprirent des techniques pour faire face à l'orgasme. Les techniques étaient très exigeantes. Ils pratiquèrent chaque nuit.
Un doute subsistait dans l'esprit de Daniel: il ne pourrait peut-être pas passer au travers de cette expérience sans médicament ou anesthésie. L'éducateur en orgasme (certifié par la Société de Prophylaxie de l'orgasme, et approuvé par le Collège Américain des Médicas) le rassura en lui disant qu'il ne s'agissait pas d'un cours sur « l'orgasme naturel » mais sur « l'orgasme préparé ». Il ne devait pas s'attendre à une expérience totalement naturelle, et ne devrait pas se sentir coupable s'il éprouvait le besoin d'une médication. Son but devait être « l'orgasme contrôlé ». Rester en contrôle, sans bruit, sans expression, détaché de l'expérience.
Après le cours, l'un des hommes, Jerry, confia à Daniel que lui et sa femme planifiaient un orgasme à la maison, avec le support d'un assistant qui ne soit pas un professionnel de la santé. Daniel était sidéré! Comment Jerry pouvait-il opter pour un choix aussi irresponsable??? Après tout , les Médicas et l'hôpital leur assureraient une entière sécurité dans l'éviction des complications! Bien sûr, depuis que l'orgasme à l'hôpital était banalisé (loin des chambres à coucher contaminées), il y avait rarement eu de mort associée à l'orgasme! Il n'est pas surprenant que tant d'hommes soient morts dans les générations précédentes, devant endurer un tel processus à la maison...pour ne pas parler des énormes quantités de sperme perdues inutilement quand les orgasmes n'étaient pas assistés par un personnel certifié. Désormais, dirigés par des experts, presque tous les couples pouvaient être assurés d'un orgasme réussi. Avec tous les tests modernes, les médicaments et les techniques chirurgicales, même les hommes ayant des dimensions péniennes inadéquates et une mauvaise numération des spermatozoïdes pouvaient parvenir à l'orgasme avec succès!
Il était important que Daniel fasse confiance à sa Médica pour savoir ce qui était le mieux pour lui, surtout en cas d'urgence, tel que l'inertie pénienne ou une détresse spermale. En effet, depuis la découverte de techniques chirurgicales avancées (maintenant utilisées dans au moins 20% des cas), beaucoup d'hommes ont sacrifié leur expérience de l'orgasme afin que le « premier » sperme viable soit extrait chirurgicalement. Daniel se sentait reconnaissant envers les Médicas et leur capacité de contrôler la nature quand les choses tournent mal. Forts de toutes ces promesses, lui et sa femme finirent le cours, dans l'attente de ce moment longtemps attendu. Daniel passa les semaines qui suivirent à pratiquer ses exercices de préparation à l'orgasme et attendait des signes d'excitation sexuelle.
Enfin, il fut tiré de son sommeil par une sensation lancinante qu'il reconnut d'après le cours comme étant un signe d'excitation. Comme on lui avait appris, il appela sa Médica, le docteur Branlette, immédiatement. Elle lui indiqua qu'il devait se rendre à l'hôpital, aux urgences, afin d'être vérifié et admis pour le monitoring. Selon la politique de l'hôpital, il est de routine de monitorer toutes les érections. Il ne pouvait pas y avoir d'exception à la règle, étant donné que l'hôpital devait se protéger d'éventuelles poursuites judiciaires, s'il devait jamais y avoir un problème tel que la viabilité du sperme par la suite.
Daniel fut séparé de sa femme et forcé de s'allonger sur le dos. Ses parties génitales furent nettoyées avec une solution iodée froide, ses poils pubiens furent rasés et il fut couvert d'un champ stérile, ne laissant à l'air que sa zone pubienne. On lui rappela sévèrement le point qui est peut-être le plus important du cours sur l'orgasme : il ne devait pas toucher le champ stérile. Cette zone n'était plus accessible ni à lui, ni à sa femme jusqu'à ce que l'orgasme ait été atteint et que les Médicas seraient certaines qu'aucune complication ne s'était produite. Ensuite, la Médica attacha le moniteur d'érection externe. Cette bande sensible à la pression fut attachée serrée autour de son gland (la partie la plus sensible du pénis) pour établir le degré de l'érection. Il fut prévenu que le mouvement le plus léger pouvait altérer la précision du moniteur.
Comme le temps passait, Daniel devenait de plus en plus inconfortable. Enfin, après une attente qui sembla une éternité, Daisy Lou eut la permission de s'asseoir près de lui. Daniel se sentit rassuré par la présence de sa femme. Cependant, le personnel de l'hôpital venait continuellement vérifier ses signes vitaux. Daisy Lou et Daniel n'étaient jamais laissés seuls. Avec les électrodes du moniteur entre eux, ils durent se débattre pour pouvoir se toucher. Se tenir les mains, un simple baiser, et il fut excité. Il brûlait d'envie qu'elle lui touche le pénis. Mais elle dut se retenir, car elle ne devait pas aller à l'encontre des ordres des Médicas : le champ devait rester stérile.
A la grande consternation de Daniel, ce qui avait commencé à la maison comme une érection puissante et ferme avait ramolli. Docteur Branlette ordonna immédiatement qu'on administre de la testotocine IV (testostérone artificielle) pour augmenter son érection, vu qu'on ne devait pas perdre de temps une fois l'excitation commencée. Si une érection convenable ne pouvait pas être maintenue avec une faible quantité, alors la dose devait être augmentée et l'analgésie de routine serait administrée afin de permettre au patient de ne pas perdre le nord et de garder le contrôle sur la sensation d'excitation qui augmente. Le risque de détresse spermale étant grandement augmenté par l'usage de la « testo » (testotocine), le protocole Médical recommande l'utilisation d'un moniteur interne.
Docteur Branlette expliqua que cette électrode sensible serait insérée par le bout de son pénis dans le but de mesurer la densité et la quantité de sperme, et ainsi garantir un premier sperme viable. Le procédé serait entièrement indolore, et n'abimerait pas le sperme. Daniel eut peur du danger d'infection associé au moniteur interne. Il avait entendu dire par son ami Jerry que ce procédé pouvait causer une infection terrible, et possiblement empêcher d'avoir encore des érections. Daisy Lou avait l'air inquiète. Docteur Branlette mis son bras autour de Daisy Lou et sortit avec elle dans le couloir. Elles fermèrent la porte derrière elles, et Daniel fut seul. Il pouvait entendre des voix dehors, mais ne pouvait entendre ce qui se disait. Quelques instants plus tard, les deux femmes revinrent et s'approchèrent de Daniel.
Il avait été trahi. Les mains gantées du docteur Branlette se saisirent du cathéter. «Je ne veux vraiment pas avoir ce moniteur» plaida Daniel tentant de s'asseoir afin de discuter sur des bases plus égalitaires. Docteur Branlette lui lança un regard dédaigneux et continua son travail. «Maintenant, nous avons tous les deux le même but, n'est-ce pas? » suggéra-t-elle vivement. Daniel se recoucha sur le lit, vaincu comme un chiot perdu. Après douze heures d'une attente longue et douloureuse, docteur Branlette annonça que le moniteur montrait des signes de détresse. Elle suggéra: «On pourrait être obligé d'avoir recours à la chirurgie pour extraire le sperme. Nous aurons besoin de mesurer les dimensions internes et externes de votre pénis pour voir si la grande quantité de sperme qui se fabrique pourra passer. Je vais vous donner 25 mg de Démérol et on va voir ce qui se passe en une heure. »
Une heure plus tard, docteur Branlette revint. « Je suis désolée, Daniel, nous allons devoir procéder à une section pénienne pour retirer le sperme. Je sais que ce n'est pas l'expérience à laquelle vous vous attendiez, mais votre pénis est beaucoup trop petit pour atteindre l'orgasme. » Elle les laissa seuls ensemble pour la première fois. Daniel était effaré. Comment cela pouvait-il lui arriver? Il était en bonne santé. Il avait mangé correctement. Il avait pratiqué ses exercices de respiration, et les infirmières avaient dit que lui et sa femme avaient magnifiquement travaillé pendant l'excitation. Il avait échoué le test de la masculinité. Il éclata en sanglots pour la première fois de sa vie. Daisy Lou, surprise devant la soudaine perte de contrôle de son mari, tenta de la réconforter en l'embrassant et le prenant dans ses bras. Puis c'est arrivé! Daniel sentit soudain qu'il était en train de laisser aller quelque chose ne lui. La sensation était indescriptible, l'envie tellement puissante. Il ne pouvait plus contrôler les sons gutturaux qui sortaient du plus profond de lui. Entendant les sons familiers de l'orgasme, docteur Branlette se rua dans la chambre.
Elle s'inquiétait : un orgasme prématuré pouvait évacuer le sperme sans que l'urètre n'ait eu le temps de s'élargir suffisamment (endommageant ainsi des millions de spermatozoïdes sains à cause d'une compression de la tête). Elle saisit son scalpel et pratiqua une glandiotomie. Il ressentit une sensation brûlante au bout de son pénis. La semence se déversa dans une bassine stérile.
Ils l'avaient fait! Après toutes ces heures, et un presque échec, il était passé au travers!! Son test de masculinité était un succès. Il ne pourrait jamais oublier la vison de sa semence giclant de son pénis. Il grimaça pendant qu'on suturait le bout de son pénis. Une si petite douleur comparée à la joie d'avoir un orgasme naturel... De la chance, en effet, il avait eu de la chance.
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Lynn Baptisti, sage-femme et animatrice AVAC , est l'auteur de "The VBAC Experience- Very Beautiful and Courageous". Son mari, Harlan Sparer, est chiropracteur.
Traduit de l'anglais par Séverine Ardon
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1 commentaire:
Très bien vu ce basculement de situation "imaginaire".
Il fait sourire et rend mal à l'aise à la fois...
J'ai très envie de le diffuser par email en mode "chaînes de l'amitié"...
La majorité des destinataires seraient choqués à coup sûr et trouveraient la comparaison avec l'accouchement déplacée.
Certaines fois c'est en utilisant ce principe de "basculement" de situation très apprécié des humoristes que l'on rit d'une situation terrible.
On rit oui... puis, on prend du recul et on réalise.
Le rire est plus facile et spontané que la prise de conscience.
En espérant qu'elle arrive vite cette prise de conscience, pour nous, et pour les générations qui arrivent.
Félicitations pour cet écrit !
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