Par olympe blogueuse
Cette semaine est la semaine mondiale de l'allaitement maternel, elle a débuté par la grande tétée le 11 octobre à laquelle ont participé 2400 mamans allaitantes.
Pourtant la situation de l'allaitement en France est loin de répondre aux préconisations de l'OMS (allaitement exclusif jusqu'à 6 mois et une alimentation mixte jusqu'à 2 ans).
D'après Le Monde, alors que 75% des femmes françaises souhaiteraient allaiter, elles ne sont que 56% à effectivement le faire. En Finlande ou en Norvège ce sont respectivement 95% et 90% des mamans qui allaitent.
La majorité des femmes souhaitent donc allaiter, mais si vous connaissez de jeunes mamans vous entendrez souvent les mêmes histoires d'allaitement difficile « je n'avais pas assez de lait », « mon lait n'était pas bon », « j'étais trop fatiguée »… Et si tout le monde ou presque est convaincu des bienfaits de l'allaitement, il apparaît souvent comme un parcours de la combattante.
De plus, et c'est encore le Monde qui nous l'apprend « le taux d'allaitement chute à partir de 3 mois. Les mères ne sont plus que 15% à allaiter encore leur bébé de 6 semaines et 5% lorsqu'il est âgé de 4 mois, quand elles sont encore plus de 65% en Suède, par exemple.
En France l'allaitement ne fait pas l'objet d'une politique de santé
Il existe bien un plan national nutrition santé (PNSS) qui se fixe comme objectif de- poursuivre l'augmentation de la fréquence de choix de l'allaitement maternel exclusif à la naissance afin de passer d'environ 55% en 2005 à 70% en 2010.
- Augmenter la durée de l'allaitement maternel chez les femmes qui allaitent.
Or il faudrait commencer par une politique de formation volontariste des personnels médicaux en contact avec les mamans.
Il existe un label “ Hôpital ami des bébés ” délivré conjointement par l'Unicef et l'OMS et relayé en France par la Cofam - Coordination française pour l'allaitement maternel. Il est décerné aux maternités qui respectent un standard de qualité des soins dans l'accompagnement de l'allaitement et de la naissance. 680 maternités sont labellisées en Europe, seulement 7 en France. On ne peut pas dire qu'il s'agisse d » une priorité !
Permettre aux femmes de concilier l'allaitement et la reprise du travail
Le congé maternité post-natal est de dix semaines (seize à partir du troisième enfant), ce qui explique vraisemblablement que la durée de l'allaitement chute à partir de trois mois. Il est compliqué en effet de concilier allaitement et travail jusqu'aux 6 mois du bébé notamment lorsque le lieu de travail est éloigné du domicile ou du lieu ou de garde. Ce qui est souvent le cas, hormis lorsque l'établissement dispose d'une crèche d'entreprise.Certains médecins prescrivent aux mères qui allaitent un mois d'arrêt supplémentaire (dit pathologique) mais qui n'est pas prévu pour cela. Ils arguent d'une grande fatigue.
Or rien n'est prévu, et à ma connaissance aucune réflexion n'a été engagé sur le sujet. Le PNSS n'en fait d'ailleurs pas état.
Un éventuel aménagement des horaires est à négocier au coup par coup si la femme le souhaite. Car si le droit du travail prévoit bien que « pendant une année à compter du jour de la naissance, la salariée allaitant son enfant dispose à cet effet d'une heure par jour durant les heures de travail », cette heure n'est pas rémunérée.
Quand au fait que « tout employeur employant plus de cent salariées peut être mis en demeure d'installer dans son établissement ou à proximité des locaux dédiés à l'allaitement », il serait instructif de connaître le nombre de mises en demeure.
D'autres détails sont également à prendre en compte comme le fait par exemple que les mamans qui allaitent ont besoin d'un endroit réfrigéré pour stocker le lait qu'elles tirent pendant la journée. A-t-on déjà vu un syndicat s'emparer de ce sujet, qui concerne pourtant la moitié des mères ?
C'est qu'en France, l'allaitement reste suspecté d'être un retour en arrière pour les femmes (lire à ce sujet le texte de Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau « Allaitement et féminisme »). Elisabeth Badinter reste le chantre de cette théorie. En octobre dernier, dans Elle elle se déclarait « inquiète » de constater « qu'on va se ré-enfermer dans le modèle oppressif de la maternité ». Ou encore :
« Le discours sur la protection de la nature est devenue une morale (…). Cela pèse assez fort sur un certain nombre de comportements comme le retour de l'allaitement : toute femme qui accouche dans une maternité publique fait face à une pression stupéfiante pour allaiter. »Et de conclure : « On est en pleine régression. » Propos qu'elle a repris à peu de choses près quelques semaines plus tard dans Marianne.
De quoi faire hésiter les centrales syndicales à s'emparer du sujet. Elles ne voudraient certainement pas apparaître comme les défenseuses d'une pratique rétrograde pour les femmes.
Mais Elisabeth Badinter est d'une génération qui est descendue dans la rue pour obtenir des droits, pour disposer de la maitrise de sa fécondité et accéder à d'autres perspectives qu'être mère au foyer.
Or pour les jeunes femmes d'aujourd'hui, ces questions n'en sont plus. Elles veulent tout : travailler, mais aussi avoir le temps d'accueillir leurs enfants. Et les voilà tiraillées entre leurs exigences professionnelles, l'autonomie financière, voire des perspectives de carrière auxquelles elles ne souhaitent pas renoncer et le désir de s'occuper de leurs enfants, qui sont nés parce qu'elles les ont désirés et qui sont d'autant plus précieux qu'ils ne seront pas nombreux.
Elles sont également sensibles aux arguments qui disent que l'allaitement est une pratique écologique et en rupture avec la société de consommation. D'ailleurs c'est en voyant les dépenses publicitaires des multinationales fabriquant les laits maternisés qu'on comprend que l'enjeu est de taille.
Certaines femmes voudraient bénéficier d'un arrêt plus long, d'autres voudraient concilier les deux, d'autres enfin préfèrent donner le biberon. Actuellement, elles n'ont visiblement pas le choix, il serait temps qu'elles fassent entendre leur voix sur ce sujet, qu'elles soient entendues par les pouvoirs public et relayées par les partenaires sociaux. Et qu'ils en profitent aussi pour accorder aux hommes un congé paternité qui leur permettent réellement à eux aussi de s'occuper de leurs enfants.
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