Les bébés maison
C'est décidé depuis le début, elle accouchera dans sa maison de Paulhiac, près de Monflanquin. Véronique Deparpe parle d'« intimité », se dit « plutôt pour les méthodes naturelles, en tout cas pour un retour aux choses élémentaires ». Non non, elle n'est « pas extrémiste ». Ni baba-cool. C'est une jeune femme de 36 ans, la tête sur les épaules, animatrice dans un relais d'assistantes maternelles près de Prayssas. « Ça s'est imposé à moi. »
Samedi dernier, la voilà qui contribuait à une table ronde organisée par l'Association lot-et-garonnaise femmes/sages-femmes. Des résidentes retraitées de la Marpa de Prayssas étaient invitées à dire leurs souvenirs d'accouchement à de futures mères du cru. Sans relâche, Femmes/sages-femmes milite pour l'accompagnement des femmes enceintes jusqu'à la naissance. C'est propre au département.Activisme associatif
Signe de son activisme, l'association rayonne au-delà des strictes frontières lot-et-garonnaises, s'appuyant sur des relais à Auch et bientôt à Rennes. Fondée il y a quinze ans par Farida Hammani, une sage-femme marmandaise, elle n'était qu'une antenne d'un mouvement national qui a fini par disparaître. Femmes/sages-femmes enchaîne des réunions mensuelles à Port-Sainte-Marie et Agen à l'intention des parents et s'essaie à de nouvelles expériences de sensibilisation, comme à Prayssas ce week-end.
Sage-femme installée à Bazens, présidente de l'association, Krista Guilliams dénonçait dans une revue nationale bio « l'industrialisation de la naissance », « l'enchaînement d'actes médicaux », statistiques à l'appui. C'était dit sans détour. De vive voix, elle se désole devant ces « déclenchements d'accouchement de convenance, pour la maternité, pour le gynécologue, pour le couple... Un accouchement, ce n'est pas une souffrance mais un effort intense. »
Elle assure composer sans heurts avec les quatre maternités du Lot-et-Garonne, où elle est « bien accueillie ». En France, elles ne seraient qu'une soixantaine de sages-femmes libérales à pratiquer l'accouchement. Et si Krista Guilliams est la seule à l'exercer à plein temps, elles sont trois collègues en mesure de le faire dans le département.
Scénario de secours
Etablie en Lot-et-Garonne depuis trois ans et demi, la sage-femme belge a vu bondir le nombre de femmes enceintes frappant à sa porte, de tous âges et de toutes conditions. Krista Guilliams n'avait pratiqué qu'une douzaine d'accouchements à domicile la première année.
En 2009, elle en est à cinq par mois et veille à ne pas chevaucher les fins de grossesse. Elle refuse du monde : « J'ai deux demandes par semaine, je dis stop. » Et si la sage-femme se refuse à faire de l'accouchement à domicile une fin en soi, c'est qu'elle plaide pour des maisons de naissance, « comme en Angleterre ». « Il ne faut jamais pousser les femmes à accoucher à la maison. Il faut qu'elles aillent là où elles se sentent en sécurité ».
« OEuvrer dans le milieu alternatif ne veut pas dire marginal du tout », défend-elle. Les futures mères sont priées de préparer « un deuxième scénario vers une maternité » en cas de difficulté. Ainsi donc Véronique Deparpe ne se dispense pas d'échographies, a rencontré l'anesthésiste de l'hôpital de Villeneuve et pris rendez-vous avec une sage-femme de l'établissement. Au cas où.
Auteur : daniel bozec
d.bozec@sudouest.com
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