vendredi 5 décembre 2008

Il est né le bébé bio

http://www.letemps.ch/template/societe.asp?page=8&article=244840



ECOLOGIE. Pour préserver leur enfant des nuisances environnementales, de plus en plus de couples virent au vert. Une démarche qui transforme le lien parental.

Marie-Christine Petit-Pierre
Jeudi 27 novembre 2008


Mélamine dans le lait, huile de palme dans les petits pots de légumes, conservateurs cancérigènes dans les crèmes de soin pour bébés distribuées gracieusement dans les maternités, biberons en polycarbonate qui relâchent dans le lait une substance (BPA) imitant les œstrogènes. Les produits pour les tout-petits ne cessent d'être remis en cause. Les parents deviennent méfiants et optent de plus en plus pour la bio attitude. Une démarche qui commence avec une lecture attentive des étiquettes, se poursuit par la recherche de couches bio, voire lavables, le portage, et pourquoi pas le langage des signes. Et les emmènent beaucoup plus loin dans la remise en question de leur mode de vie qu'ils ne le pensaient. Finalement, témoignent ces couples, le lien avec leur enfant s'en retrouve changé.



Si la recherche d'une alimentation saine pour le bébé ou de produits de toilette sans conservateurs n'étonne personne, certaines options des parents de bébés bio provoquent les sarcasmes des non-initiés.

«Mes collègues de travail me prennent pour une extraterrestre quand je leur dis que j'utilise des couches lavables», rigole Valérie Mehmetaj, 34 ans, infirmière aux soins intensifs pédiatriques du CHUV, mère de quatre enfants. Pourquoi ce choix? Parce que c'est plus sain pour l'enfant - il y a des produits chimiques, dans les couches industrielles, notamment dans les gels absorbants - et parce que c'est meilleur marché, répondent les adeptes du système. Elles disent aussi avoir le sentiment de se libérer de l'obligation d'acheter un produit fini, de courir les actions pour obtenir les meilleurs prix.

«Je sais bien que je ne vais pas sauver la planète à moi toute seule avec mes couches lavables, mais c'est un pas et j'essaie d'opter pour les solutions les plus saines possible. Je vérifie la composition des produits que j'achète et j'utilise des noix de lavage pour mes lessives. Cela fait partie d'un tout», résume Valérie. Un monde qu'elle découvre au gré des discussions avec d'autres mamans et de ses lectures. «Je me suis également mise au portage de bébé (dans de grandes écharpes, ndlr). Je remarque que j'ai développé une sacrée proximité avec mes deux cadets que j'ai beaucoup portés.»

Valérie a également essayé l'hygiène naturelle: la mère s'entraîne à repérer les signes indiquant que le bébé va faire ses besoins, histoire de le mettre sur les toilettes au bon moment. L'idée peut inquiéter lorsque l'on sait les aberrations auxquelles a pu conduire l'obsession de la propreté chez certains parents.

Rien à voir, s'amuse Valérie, il ne s'agit pas de vouloir que le bébé devienne propre, mais d'être à son écoute pour augmenter son confort. «J'ai commencé avec mon nourrisson, lorsqu'il était nu, après la tétée. Il faut juste lui proposer; s'il ne fait pas ses besoins tout de suite, c'est que ce n'est pas le bon moment. Je lui propose aussi quand je le change. Il faut que ce soit simple. J'étais sceptique, mais à mon grand étonnement, cela marche très bien. Cela crée aussi un autre contact. Je trouve sympa de pouvoir respecter ses besoins. Dans le même esprit, je me suis également mise au langage des signes.»

Le langage des signes destiné aux sourds et détourné à l'intention des bébés vient en effet de faire son apparition. Et les cours à l'intention des parents sont pris d'assaut. Ce langage permet de savoir si un tout-petit a faim, sommeil, besoin d'être changé, etc. Comment? En associant un mot avec un geste convenu, tout simplement. Efficace, disent les adeptes de cette forme de communication.

La bio attitude commence, pour les plus convaincues, par l'accouchement à domicile ou dans les maisons de naissance (il y en a 21 en Suisse). Evelyne Moreillon, qui exerce la profession de sage-femme depuis plus de 20 ans, travaille notamment à la maison de naissance La Grange Rouge à Grens, près de Nyon: «Nous avons plus de 50 accouchements par années. Lorsque j'ai commencé à travailler, environ 1% des accouchements se passaient à l'extérieur de l'hôpital, maintenant la proportion est montée à 5%. L'évolution est très lente car les femmes doivent retrouver confiance en elles-mêmes pour oser franchir le pas. Nous essayons d'humaniser la relation mère-enfant, d'aider les mamans à ne pas avoir honte de se sentir vraiment femme, afin qu'elles puissent profiter de leur maternité. Un accouchement debout, dans les bras de son mari, n'a rien à voir avec un accouchement à l'hôpital. Cette expérience a une grande influence sur le lien parents-enfant. J'observe aussi que les pères commencent à s'intéresser à devenir homme au foyer et qu'ils le font très bien. Peut-être que, grâce à eux, ce travail sera enfin rémunéré!» Véronik Leblay, 31 ans, en France voisine, a choisi d'accoucher au domicile de ses beaux-parents de son deuxième enfant. «J'ai eu envie de me réapproprier ce moment de ma vie, explique-t-elle. Je travaille dans le maréchage biologique et j'ai été journaliste pour un magazine bio. Nous avons construit une maison en paille avec mon mari et j'ai choisi de travailler à temps partiel pour cultiver mes légumes. L'accouchement à domicile fait partie d'un tout, je voulais que nous puissions vivre quelque chose de simple, à notre mesure, d'intime et de spontané. Ce qui n'est pas possible à l'hôpital. Et je dois dire que cette naissance à domicile m'a beaucoup plus nourrie. Une confiance s'est installée entre le bébé et nous. C'est une façon de commencer une relation d'amour.»

www.Mere-et-terre.ch

www.Ecofamille.com

www.Signeavecmoi.com

www.massagebebe.ch

www.nicefuture.com

«100 réflexes bébé bio», 2008 LEDUC. S Editions

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