Le manifeste en faveur de l'accouchement à domicile, lancé depuis trois mois, a récolté plus de 2600 signatures. Toutes les femmes qui ont signé déclarent préférer accoucher chez elles sans assistance si aucune sage-femme libérale ne peut les accompagner dans leur projet de naissance à domicile.
On estime qu'environ 6000 femmes accouchent aujourd'hui chez elles en France, accompagnées d'une sage-femme libérale, dans un projet défini et réfléchi et en toute sécurité*.
Le nombre de signatures de ce manifeste montre à quel point ces femmes ont besoin d'avoir ce choix, et illustre de manière critique le faible nombre de sage-femmes qui peuvent les accompagner, induisant de fortes disparités géographiques inacceptables pour elles.
Pour rappel, le faible nombre de sage-femmes accompagnant les accouchements à domicile en France est dû en grande partie au problème d'assurance que rencontrent ces sage-femmes, qui ne leur permet pas d'être assurée pour cette pratique particulière. Il est aussi dû dans certaines régions de France aux pressions exercées par les obstétriciens hospitaliers et cliniciens sur les sages-femmes pratiquant les accouchement à domicile.
Ce manifeste a été envoyé à la presse, aux responsables politiques de la santé, aux responsable médicaux. Or hormis sur le web et dans une certaine presse très spécialisée, il est fait silence sur cette revendication de milliers de femmes à disposer de leur corps et à choisir le lieu de naissance de leur enfant. Un silence criminel est fait sur ces femmes qui préfèreront donner naissance sans assistance, dans notre pays développé et industrialisé, si elles ne peuvent pas bénéficier d'un accompagnement sécuritaire à domicile par une sage-femme.
J'accuse les pouvoirs publics d'être responsable de la mort de femmes et de bébés, en ne tenant pas compte de la situation désespérée de ces femmes.
Je les accuse de ne pas se donner les moyens de faire rentrer l'accouchement à domicile comme un droit fondamental en France, en laissant une situation intenable pour les sages-femmes perdurer.
Je les accuse d'ignorer les droits de la femme à disposer de son corps lorsqu'elle fait des choix pour la naissance de ses enfants.
J'accuse la presse de son silence aveuglant et aveuglé, préférant se faire l'écho des catastrophes et stigmatiser l'accouchement non ou mal assisté, que de relayer les revendications de milliers de femmes souhaitant ne pas avoir à en arriver là.
J'accuse le collège des gynécologues obstétriciens de France de camper sur des positions intenables concernant la dangerosité de l'accouchement à domicile, et de faire régner une suspicion inexplicable sur les femmes qui ont fait ce choix.
J'accuse le personnel hospitalier de réserver trop souvent un accueil hostile aux femmes transférées en cours de travail suite à un projet d'accouchement à domicile, alors que la meilleure sécurité reste une cohabitation sereine entre les deux.
J'accuse une grande majorité de gynécologues-obstétriciens de culpabiliser, ridiculiser ou stigmatiser leur patientes qui parlent d'accouchement à domicile, de les infantiliser en ne leur fournissant pas les informations nécessaires pour faire leur choix, en ne respectant pas "leur autonomie et leur volonté", à l'encontre du serment d'Hippocrate.
J'accuse enfin la politique paternaliste de notre système de santé et en particulier au niveau obstétrical, ne laissant aucun choix majeur aux femmes enceintes concernant la disposition de leur corps, les enfermant dans un rôle passif lors de l'expression maximale de leur féminité, et niant leur rôle fondamental au cours de la naissance, et bafouant leurs droits fondamentaux ç disposer d'elles-mêmes dès le moment où elles portent la vie.
Karine L.
* Mémoires de sage-femme : " Accouchement à domicile : risque ou modèle", de Cathy-Anne Piette et " Accompagnement global avec accouchement a domicile en France de 1997 a 2001 ", de Mathilde Munier
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