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Pour son deuxième enfant, Sandra a choisi d’accoucher à domicile. Comme elle, de nombreuses femmes préfèrent le cocon de la maison aux maternités hyperéquipées des hôpitaux. Un choix dangereux, avertissent les gynécologues.
Emeline Cazi | 04.12.2008, 07h00
L'ACCOUCHEMENT à l'hôpital ou en clinique garantit davantage de sécurité qu'une naissance à la maison. C'est le message du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) , trois mois après le décès d'un bébé suite à un accouchement à domicile pratiqué illégalement par une fausse sage-femme en Ariège.
Réuni aujourd'hui, il rappelle que si la mortalité des femmes en couches et des nourrissons a baissé dans les pays riches, c'est grâce à la médicalisation et au suivi en milieu hospitalier. Pourtant, selon le Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane), la demande des femmes pour accoucher à domicile est en forte augmentation. Cela représenterait désormais 1 à 2 % des 820 000 naissances annuelles.
ABIGAËL a vu le jour dans une grande maternité parisienne, une nuit de juillet. « Je suis rentrée à l’hôpital le dimanche soir, elle est née le mardi matin. » Sandra raconte les trente-six heures qui ont précédé la naissance de sa fille pour que l’on comprenne pourquoi Samuel, le petit frère, a vu le jour trois ans plus tard, à la maison cette fois.
Sandra, 28 ans, travaille dans les ressources humaines. Gaël est biologiste. Ils habitent dans le XII e arrondissement, n’ont aucun a priori contre la médecine. Seulement Sandra a souffert de ne pas vivre le moment qu’elle imaginait à la naissance de sa fille, d’être « un numéro dans une usine à bébés ». Elle revoit la salle au sous-sol, le lit avec dossier relevé, les étriers, les deux monitorings connectés, « un autre appareil sur le doigt pour la tension ». Et puis cet enchaînement de gestes médicaux : « La poche des eaux percée, la perfusion d’ocytocine parce que ça ne va pas assez vite. » La pesée à peine le bébé sorti du ventre, la toilette, le biberon « alors que je voulais allaiter, c’était ma seule certitude ». Quand elle apprend qu’elle est enceinte de Samuel, Sandra se tourne vers les cliniques mais, faute de place, elle se réinscrit à l’hôpital. C’est à sept mois de grossesse qu’elle découvre « en se baladant sur le Net que des mamans accouchent à domicile ». Elle prend contact, se plonge dans les mémoires de sage-femme qui disent qu’il n’y a pas plus de risque à la maison si la grossesse n’est pas pathologique. Gaël, lui, n’en est pas convaincu, mais Sandra persiste et Françoise, une sage-femme libérale, accepte de la suivre.
« Je me faisais une joie, on préparait une fête »
« Nous n’avons pas eu beaucoup de rendez-vous, mais ils duraient une heure, c’est plus que tout le temps qu’on m’avait accordé jusqu’à présent. » Gaël aussi s’est entretenu avec Françoise. « Elle m’a vite rassuré, et puis on était à cinq minutes de l’hôpital… » Côté pratique, la sage-femme explique qu’il suffit d’une alèse jetable posée sur le lit, d’une bâche sur le sol et d’un désinfectant tandis qu’elle se charge du matériel de réanimation. « J’ai aussi acheté de l’eau de fleur d’oranger pour nettoyer le visage de mon enfant, une couverture bleue pour le poser contre moi. Gaël a choisi des lumières douces et récupéré une petite piscine d’accouchement. Je me faisais une joie, on préparait une fête. »
Samuel est arrivé huit jours après la date prévue. « Après le terme, Françoise a appelé tous les jours. On a fait trois échographies supplémentaires. » Et puis la nuit du 5 juillet, à 3 heures, Sandra a été réveillée « par des contractions tellement fortes qu’(elle) n’arrivait plus à bouger ». La sage-femme est arrivée un quart d’heure plus tard. « Elle a regardé le monitoring et m’a dit d’aller dans la piscine car le bébé arrivait. L’eau chaude m’a soulagée. Je me suis assise sur les talons, Gaël me tenait les mains, Françoise n’était pas loin. J’ai mis ma main et j’ai senti la tête de Samuel. A la troisième poussée, le corps est sorti. Je l’ai pris contre moi, il dormait. Il a ouvert les yeux au bout de dix minutes. » Cette fois, Sandra et Gaël se sont glissés sous la couette, leur nouveau-né dans les bras. Françoise s’est installée dans un coin de la chambre pour s’assurer que tout allait bien. Elle s’est éclipsée au petit matin, laissant Abigaël faire la connaissance de son petit frère devant un copieux petit déjeuner.
Le Parisien
vendredi 5 décembre 2008
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